#ChallengeAZ │ B… Ecole de filles « Paul Bert » à Châtellerault

Création d’une école laïque de filles à Châtellerault.

Le 16 juin 1881, le ministre de l’Instruction publique Jules FERRY, rend l’enseignement primaire public et gratuit, et la loi du 28 mars 1882 impose également l’instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans un enseignement laïque.

Le conseil vote le 12 avril 1882, la création d’une école laïque de filles pour la ville [1]. Ce vote s’accompagne de certaines réserves. Ils veulent avoir la certitude que la subvention de l’état prendrait en charge les traitements des maîtres et adjoints pas seulement pour l’année 1883 mais aussi pour les années suivantes. Les ressources laissées libres seraient affectées à la construction de l’école. La copie de la délibération fut transmise par le préfet au ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts : Jules FERRY.

Après avoir reçu une réponse rassurante, le 7 août 1882 le conseil donne suite en indiquant : « nous nous trouvons en ce moment dans des circonstances tout à fait favorables au point de vue économique pour la réalisation de nos projets. » [2]

Le 12 septembre 1882, une maison d’école devra être construite pour recevoir 340  élèves dont 280 pourraient s’asseoir sur les bancs de l’école primaire et 60 sur ceux de l’école supérieure [3]. Les élèves de l’école primaire seraient répartis en quatre classes, une cinquième serait destinée à l’école supérieure. En outre conformément aux règlements, une salle serait aménagée pour les travaux d’aiguille. Enfin, cour et préaux couverts compléteraient l’école. L’instruction serait donnée par une directrice et 4 adjoints, qui, toutes devraient trouver leur logement dans cette même école et en dehors des bâtiments affectés aux classes. Le logement de la directrice se composerait d’un cabinet ou parloir et quatre chambres. Chaque adjointe n’aurait qu’une chambre.

Maintenant il faut trouver une maison ou un terrain central, bien aéré d’un accès facile et sûr, éloigné de tout établissement bruyant, malsain ou dangereux, d’une superficie de 16 à 1800 m2 environ.

Quatre propositions furent faites

  • LABBÉ et PROUTEAU vendent pour 115 000 francs une belle maison avec jardin donnant sur le boulevard Blossac et cour sur la rue Bourbon. La superficie est insuffisante, importances de dépenses à engager pour adapter les pièces à usage d’école (baies trop étroites, hauteurs inférieures à 4 m)
  • BORREAU offre de vendre pour 110 000 francs, la maison qu’il habite et où il exerce son commerce de tissus en gros, située rue du château à proximité du marché. Trop de travaux, problème de sécurité par voisinage du marché cœur du commerce de la ville.
  • FARGUES vend un terrain (8 francs le m2) rue Villevert et boulevard St Jacques, terrain trop éloigné de la ville
  • DUCELLIER propose de vendre 1800 m2 de son jardin à 8,50 francs le m2. L’école aurait au nord et à midi les jardins des maisons voisines, à l’ouest la rue Rasseteau et à l’est l’impasse de la Paix. La façade serait élevée dans la rue Rasseteau à 8 m en arrière de l’alignement afin d’isoler l’école des bruits de la rue. Coût du projet 108 033, 61 francs sans compter les frais d’enregistrement et actes.

La proposition de M. DUCELLIER est retenue.

Le 28 mars 1884, M. le ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts approuve, la création d’une école de filles  avec cours complémentaires à Châtellerault. Des modifications sont demandées par le ministre. Le 16 mai 1885, il est adopté de faire l’acquisition  de la maison Rabotteau et de 220 m2 de terrain à prendre en plus sur la propriété de DUCELLIER pour un total de 5370 francs [4].

L’école communale laïque de filles sera construite conformément au nouveau plan dressé par l’architecte de la ville M. COUTY comportant 7 classes au lieu de 5 pour un devis de 122 018,04 francs. Le maire est M. GODARD.

L’école est complètement finie en 1885. Il est nécessaire de prendre des dispositions pour qu’elle puisse être utilisée à la rentrée. L’école de filles est située rue Rasseteau.

Plan du quartier pour situer l’école de filles, extrait plan Châtellerault 1902

En août 1886, l’inspecteur d’académie et le conseil municipal décident la destination des huit classes :

  • école communales proprement dite avec 4 classes
  • cours supérieur : 1 classe
  • atelier de travail manuel dit de coupe et d’assemblage pour les enfants au dessus de 10 ans : 1 classe
  • salle de dessin : 1 classe
  • classe enfantine intermédiaire entre l’école communale et l’école maternelle pour les enfants de 4 à 7 ans : 1 classe

« Il est bien entendu qu’ainsi que vous l’avez décidé précédemment nous commencerons par ouvrir cette année l’école communale seulement et que les autres classes ne s’ouvriraient que lorsque nos moyens nous permettraient de pouvoir au traitement du personnel. Mais le mobilier scolaire serait prêt ».

En 1886, l’école de filles, rue Rasseteau est ouverte avec seulement les 4 classes de l’école communale. 
En 1897-1898, il y a 6 classes pour le primaire avec 333 filles et un cours complémentaire avec 20 filles avec une directrice, deux titulaires et 4 stagiaires.
Á la rentrée de 1900, il y a 439 élèves. Il y a 7 classes avec des enseignants titulaires et  la directrice qui est déchargée de classe.
En 1903, la distribution des prix du cours complémentaire et de l’école de fille de la rue Rasseteau a lieu le mardi 28 juillet, c’est M. MÉTAYER, inspecteur primaire de l’arrondissement qui occupe le fauteuil de président. Lors de la distribution des prix, Mme BOBIN, directrice de l’école, est félicitée car M. le ministre lui a décerné une médaille de bronze comme directrice[5].

Ecole de filles, rue Rasseteau, coll. C. Bourreau

La distribution des prix de l’école se déroule le 2 août 1911 au théâtre de Châtellerault sous la présidence de M. le commandant TOCHON, major du 32e d’infanterie. Il évoque la disparition de Mme GROLLIER qui était estimée et qui avait l’affection de tous et qui avait exercé pendant 15 ans[6].

Le 10 avril 1913, le conseil municipal délibère au sujet de l’affectation d’un logement à un instituteur  suite à un local disponible dans l’école.

En 1932, l’école est encore appelée « école de filles, rue Rasseteau », la directrice est Mme BERNUCHON et il y a sept adjointes[7]. L’inspecteur d’Académie est M. ONETO à Poitiers et l’inspecteur primaire est M. SOUCHÉ.

En 1933, l’école devient école « Paul-Bert ».

En 1936, l’âge minimum de l’instruction obligatoire passe à 14 ans par la loi du 9 août.

L’école Paul Bert Rue Rasseteau compte 400 inscriptions pour 8 maîtresses et l’effectif prévu jusqu’à 14 ans est de 385 élèves dès le 1er octobre prochain suite à l’allongement de la scolarité. Il faudrait à Châtellerault, la création de 4 emplois, deux en cours préparatoires de l’EPS de jeunes filles et deux postes l’un à l’école Henri Denard et l’autre à Paul Bert.

Afin d’éviter des constructions dans les deux écoles (Henri Denard et de Paul Bert), M. l’instruction soumet l’organisation suivante telle qu’elle a été étudiée par la municipalité : créer une école de quartier de quartier à Ozon comprenant une classe de filles et une classe de garçons. Les écoles de la ville seraient décongestionnées, elles garderaient un effectif de 40 à 45 élèves par classe et aucune construction nouvelle ne serait envisagée pour le moment. C’est ce qui a été fait.

En juillet 1941, les autorités allemandes décidèrent que le ramassage des doryphores se ferait par les élèves des écoles. Une lettre du 14 mai 1944 de la ville de Châtellerault est adressée à  Madame la Directrice école Paul Bert, rue Rasseteau concernant le ramassage des doryphores. En autre, le samedi 17 juillet est organisé pour ce ramassage. Les maîtresses sont Mme BOUTIN et RIVEAUD. Les champs sont ceux de M. VIAUD, les chaumeaux et de M. TOUZALIN, les trois cheminées. Trente enfants ont été convoqués pour le samedi 17 juillet, 16 étaient présents. Ils ont ramassé 410 insectes et larves.

La fin de l’école.

En septembre 2013, Les élèves sont accueillis pour la dernière fois à l’école Paul-Bert par Catherine BOUCHERON, qui assure l’intérim de direction avant de prendre celle de l’école Haigneré où les élèves déménageront à la Toussaint. Sylvie DECOURT-MESA arrivée en 1990 est la plus ancienne de l’école et Céline GUIMARD y est depuis six ans. Une nouvelle aventure attend ces élèves ainsi que les maîtresses dans des locaux neufs et agréables.

Le 18 octobre 2013, l’école ferme définitivement ses portes.

Deux ans après, la ville met en vente les bâtiments. Cet ensemble immobilier de la fin du XIXe siècle est composé de deux bâtiments et d’annexes (1.726 mde surface totale de plancher), ainsi que d’une grande cour. Ce site hautement symbolique – des milliers de Châtelleraudais y ont été scolarisés – a de beaux atouts. Mais il a aussi quelques inconvénients : il abrite de très vieux bâtiments qui n’ont pas été rénovés depuis plus de 30 ans. La façade en tuffeau est à l’image de l’ensemble, c’est-à-dire en mauvais état. «(Elle) nécessite d’importants travaux de restauration et le crépi est à refaire», précise d’ailleurs l’annonce.

En juin 2017, les bâtiments sont déclassés pour entrer dans le domaine public[8].

En 2019, les bâtiments sont en cours de reconversion avec la création de 9 logements locatifs.

 

[1] ACGC : 1D24. Délibération du conseil municipal du 12 avril 1882.
[2] Ibid. du 7 août 1882.
[3] Ibid. du 12 septembre 1882.
[4] AD 86 : 2 O 79 23.
[5] AD86 : http:/www.archives.departement86.fr. Le Mémorial du Poitou du 3 octobre 1903.
[6] Ibid. du 5 août 1911.

[7] Annuaire de Châtellerault 1932.
[8] ACGC : Délibération du 22 juin 2017.