#ChallengeAZ │ C… Le certificat d’études de mon père

Dans notre entourage familial, nous avons tous des cousins, ceux que nous connaissons et que nous fréquentons et ceux dont nous ignorons complètement l’existence. C’est souvent lors d’événements particuliers comme des mariages, des enterrements…que nous retrouvons des personnes faisant partie de notre famille, mais que nous ne fréquentons jamais, parce qu’éloignées géographiquement, par manque d’affinité, ou toute autre raison. Il faut, dans ce cas de figure, prendre le terme famille au sens large, c’est-à-dire, au-delà des parents, grands-parents, enfants, frères et sœurs, oncles et tantes, que nous côtoyons au quotidien ou presque. Nous nous retrouvons donc dans une sphère qui inclue plusieurs générations (au-moins 3) et des descendants de ces générations qui se situent en dehors de notre environnement personnel proche. Par exemple : la petite fille ou le fils du frère de notre arrière grand-père.

C’est ce vécu qui m’a toujours interpelé, dérangé parfois, surtout lorsqu’on me présentait ces personnes, parfaitement inconnues pour moi, alors que j’étais sensée les connaître ! 
– « mais tu sais bien, c’est la cousine Suzanne, la fille du grand oncle Pierre qui habite à Saint Maixent…. ».
J’avoue qu’à 10 ans, tout cela me dépassait, mais très curieuse, j’avais envie de resituer cette fameuse Suzanne, qui avait l’air très sympathique, au demeurant, dans mon histoire de vie, autrement dit, dans mon arbre généalogique. Ce qui explique probablement ma passion pour la généalogie aujourd’hui. Maintenant, même si je n’ai pas la prétention de connaître tous mes cousins, je pense en connaître tout de même un certain nombre. C’est sans doute mon besoin de repères, mon intérêt pour l’histoire familiale et l’Histoire en général.

Après ce préambule un peu long mais nécessaire, il devrait être plus facile de comprendre la suite de mon récit.

Les 2 protagonistes se nomment  :
– Aimé  SOUCHÉ  instituteur, inspecteur de l’Enseignement primaire et grammairien célèbre, puisqu’il a édité de nombreux ouvrages destinés à l’enseignement primaire,
– et son cousin, non moins célèbre, en tout cas pour moi, puisque c’est grâce à lui si j’existe : mon père, André ALLARD.

L’histoire commence donc au moment où je préparais une exposition généalogique sur le thème de l’école et j’avais choisi d’exposer sur l’histoire du certificat d’études primaires. Je savais que mon père avait été reçu à cet examen en 1938 , à l’âge de 12 ans, et qu’il avait été « 1er du Canton de Lusignan », d’où mon intérêt pour le sujet. Il faut préciser toutefois qu’il ne m’avait jamais relaté son exploit, car il était très discret et modeste et ce n’est qu’après son décès que j’ai appris sa performance.

Quant à Aimé SOUCHÉ, je me suis servie de certains de ses ouvrages de grammaire, pour construire mon exposition et par curiosité, j’ai recherché ses origines personnelles, et c’est ainsi que j’ai découvert qu’il était originaire de Pamproux, petite commune à la limite des Deux-Sèvres et de la Vienne, distante de 6 km environ de la commune d’origine de mon père : Rouillé.

Du fait de cette proximité géographique, j’ai fait des recherches généalogiques sur Aimé SOUCHÉ et c’est ainsi que j’ai découvert un lien de parenté entre lui et mon père :

Arbre de parenté avec Aimé Souché

Mes recherches sur la vie d’Aimé SOUCHE m’ont également appris, qu’il avait été, lui aussi, comme mon père : 1er du canton au certificat d’études primaires (canton de Celle sur Belle) en 1900.

Ci-dessous, l’article du journal local « La Semaine » du 26 juin 1938, dans lequel le journaliste vante les mérites de Monsieur Poupard, l’instituteur de l’école de garçons de Rouillé, où était scolarisé mon père :

Rouillé, certificat d'études

Extrait « La semaine » du 26 juin 1938, p.51 © AD86

Être 1er du canton à l’époque, était un honneur et l’instituteur était toujours très fier lorsqu’un de ses élèves décrochait le titre de « 1er du Canton » ce qui laissait sous  entendre  que l’instituteur avait fait un travail de qualité, même si l’élève y était un peu pour quelque chose… (voir carte postale ci-dessous).

Je n’ai jamais su si mon père connaissait son lien de parenté avec ce cousin célèbre, mais en l’apprenant, il aurait sans doute été fier de cela. En tout cas, moi, je le suis… Ils n’avaient pas le même âge, puisqu’ils avaient 38 ans d’écart, soit une génération, mais ils auraient pu se rencontrer puisqu’Aimé SOUCHÉ est décédé en 1975 et que mon père est né en 1926 et est décédé en 2008.

Après cet « épisode familial », il est intéressant, je pense, de préciser les origines du Certificat d’Etudes Primaires :

Le Certificat d’Etudes Primaires a été officiellement supprimé en 1989, après un peu plus de 100 ans d’existence. Au regard des autres diplômes scolaires, le CEP n’avait plus de grande valeur, si ce n’est une valeur sentimentale et c’est sans doute la raison pour laquelle mon père a absolument tenu à ce que je passe cet examen en 1968.  J’étais la seule de ma classe à passer les épreuves et j’ai été reçue ! J’étais un peu honteuse à l’époque, vis-à-vis de mes camarades de classe, mais maintenant, connaissant l’histoire de mon père, et celle de son cousin célèbre, Aimé SOUCHÉ, je suis fière de l’avoir fait, et j’aime montrer mon diplôme !

 

Certificat d'études primaires, Poitiers, département de la Vienne

Certificat d’études primaires délivré à Poitiers en 1968