Parmi mes nombreuses archives, j’ai retrouvé un document signé «F.J. Jallais, instituteur à Migné » qui est en quelque sorte une publicité pour une méthode de lecture.
« La méthode permet d’apprendre à lire aux enfants et d’attirer leur attention tout en les amusant. Elle se compose d’une machine qui peut former toutes les syllabes et de 12 cartons contenant chacun une leçon »
Curieuse par nature et passionnée d’histoire locale, la signature m’interpelle. Migné étant ma commune d’adoption j’ai envie de faire connaissance avec ce personnage emblématique et découvrir cette invention qu’il recommande à ses collègues : « une machine à apprendre à lire ».
Le dossier d’instituteur de Jean Jallais trouvé aux Archives départementales, m’apprend qu’il est né le 17 Mars 1853 à la Chapelle-Moulière et décédé le 10 Mai 1936 à Chauvigny après avoir enseigné à Migné d’Avril 1879 à fin décembre 1909. Les rapports de l’inspecteur primaire le concernant sont élogieux et son invention y est mentionnée, de même que plusieurs distinctions.
Mais où trouver un spécimen de cette machine ?
Une recherche sur internet me permet d’apprendre que le Musée national de l’éducation de Rouen en possède une (Je remercie particulièrement ce service qui m’a adressé des photos et un descriptif). Cette machine, ressemblant à une caisse enregistreuse, possède des touches et des tirets portant voyelles et consonnes qui permettent de composer des syllabes.
La notice de cette machine aussi appelée « syllabaire », précise : « tout en s’amusant, dix minutes par jour, l’enfant saura lire au bout d’un mois »
C’est un bon début de recherche, mais ma passion première étant la généalogie, je recherche celle de Jean Jallais. Les recensements de la commune de Migné, m’apprennent qu’il est époux de Clémence Orillard et a une fille, Hélène. Ses ancêtres étant du département de la Vienne, c’est assez facile, mais je souhaite surtout trouver d’éventuels descendants, susceptibles de m’apporter des renseignements. J’ai de la chance car je trouve sur internet l’arbre d’une personne ayant les mêmes patronymes et qui s’avère être l’arrière-petit-fils de Jean Jallais.
Nous échangeons de nombreux documents, intéressés et passionnés par nos découvertes respectives. Je reçois des superbes photos de Jean Jallais et de ses nombreux diplômes obtenus grâce à cette ingénieuse invention.
Peu à peu mon dossier s’enrichit, et je décide d’exposer quelques panneaux sur le sujet aux rencontres du Cercle Généalogique Poitevin à Bignoux, avec le regret de ne pas avoir de « machine » à présenter. Mais j’ai à nouveau de la chance car j’apprends qu’un collectionneur en possède une et accepte de me la prêter pour l’exposition. Je suis ravie de même que le public présent à la manifestation, de découvrir cet objet atypique ainsi que la méthode qui permet de comprendre son fonctionnement.
Pour compléter ces informations, je me dois d’évoquer « le cousinage »
Le patronyme Jallais est très répandu dans la région, et une adhérente du C.G.P a réalisé un grand arbre des descendants « Jallais ». Mes recherches intégrées à sa base, ont permis de voir que l’inventeur de la machine à lire y avait sa place, et coïncidence amusante , le propriétaire de la machine aussi.
Ne dit-on pas que nous sommes tous cousins !!