Au début de l’été, j’ai accompagné mon père à une réunion du groupe d’écriture du Cercle Généalogique Poitevin, à propos du « Challenge AZ ». Le sujet étant « l’école », je me suis dit que je pourrais éventuellement écrire quelques lignes, sur l’établissement que je viens de quitter, cette année. J’ai effectué mes quatre années de collège à l’Institution Catholique Saint-Martial à Montmorillon. J’avais vaguement entendu parler de la création de cet établissement. J’avais retenu que les bâtiments de l’école étaient issus d’une donation d’une personne importante. C’est pourquoi poussée par ma curiosité, j’ai cherché à en savoir davantage sur ce mystère.
1 – L’origine des bâtiments
Au cours de la dernière journée du patrimoine, une ballade commentée dans Montmorillon, m’a permis de découvrir l’hôtel particulier du Chastenet, situé dans l’ancien quartier et faubourg de la Cueille, actuelle rue d’Ypres. Cela a été l’occasion d’être reçue par le propriétaire des lieux, monsieur Guillaume de RUSSÉ, ancien maire de Montmorillon et actuel président délégué au conseil départemental de la Vienne (cousin généalogique selon mon père aux 10e et 14e degrés par le couple François DEMAILLASSON et Marie RICHARD). Cet élu nous a expliqué l’histoire de sa maison édifiée vers 1640, par le 5e sénéchal de Montmorillon Jean du CHASTENET, dont cet hôtel particulier porte le nom.
Mais ce qui nous intéresse, ce sont les bâtiments attenants d’un autre hôtel particulier, côté ouest, qui sont construits un siècle plus tard, par le 8e sénéchal de Montmorillon Claude Louis MICHEAU du MESLIER. Ce nouveau bâtiment présente lui aussi une cour à l’avant à laquelle on accède par un porche. Un vaste parc sur l’arrière existait autrefois, aujourd’hui remplacé par une cour goudronnée. De conception et d’architecture plus évoluées que l’hôtel voisin, il prend le nom de « logis neuf » et par conséquent celui du Chastenet devient le « vieux logis », l’ensemble des bâtiments étant tombé dans une même famille, au fil des unions et successions.
2 – L’histoire de l’Institution Saint-Martial de Montmorillon
A l’initiative de la famille AUGIER de MOUSSAC, un accord fut conclu le 11 octobre 1851 avec la communauté de Saint-Charles d’Angers, permettant la création d’un ouvrier (travaux manuels), d’un dispensaire (soins des malades) et d’une école de filles. Dès décembre 1851, les trois sœurs de la Congrégation de Saint-Charles arrivent et s’installent Place du Champ de Foire. En 1853, un asile (classe maternelle) est ouvert.
En 1861, devant le succès de cette entreprise, et pour lui donner une plus grande stabilité, la famille AUGIER de MOUSSAC céda à la congrégation les salles du « logis neuf ». En 1863, les locaux sont occupés par l’école de filles et l’aide aux pauvres.
En juillet 1902, l’école primaire et l’Asile sont fermés, mais les sœurs continuent de donner des leçons particulières pendant toute l’année. Cinq sœurs sur dix restent dans la dite ville, hébergées par la population.
En 1942, les Sœurs reprennent officiellement l’habit religieux et leur nom de communauté. On compte à cette époque 350 élèves dont 75 pensionnaires.
En 1951, M. CHESSERON, archiprêtre de Montmorillon, achète au nom de la société immobilière du Poitou, la maison contiguë à l’école technique pour agrandir les locaux et y installer un cours de comptabilité. Le 26 avril 1952 est célébré le centenaire de l’école, en présence de monseigneur VION, évêque de Poitiers.
En septembre 1972, l’école de filles fusionne avec l’école de garçons Saint-Joseph pour permettre d’assurer la mixité dans les classes du primaire.
En 1978, le cours complémentaire privé mixte devient collège privé mixte Saint-Martial, du nom de la dite paroisse locale. La section technique entame un processus de fermeture sur trois ans. La Congrégation de Saint-Charles se retire et cède la direction de l’établissement aux laïcs.
Aujourd’hui, l’établissement privé catholique est sous la tutelle du comité diocésain de l’enseignement catholique, responsable des archives de l’établissement. L’institution Saint-Martial est formée d’une école maternelle, d’une école primaire et d’un collège. L’école a fêté ses 168 ans.
3 – La famille AUGIER de MOUSSAC à l’origine de cette école
Les AUGIER ont toujours occupé en Poitou et particulièrement à Montmorillon une place importante. Cette famille a su accéder aux plus importantes charges en la dite sénéchaussée, au fil des siècles et s’est faite remarquée aussi par ses nombreux religieux, notamment par Félix Paul Laurent (1753-1827), abbé de Moussac, prévôt du chapitre de Notre-Dame de Montmorillon et vicaire général du diocèse de Poitiers, inhumé dans le chœur de la chapelle Saint-Laurent. Félix AUGIER ajouta à son nom patronymique celui de MOUSSAC, nom d’une terre située à 3 km de Montmorillon, où cette famille aisée possédait des biens dès le XVIe siècle, en raison d’une charge de sénéchal à la Trimouille et Bélâbre (86) détenue par un autre Félix AUGIER (1560-1614). Je descends, selon les recherches de mon père, de l’un des frères de ce dernier, Jean marchand à Montmorillon.
Sources : Montmorillon, histoire civile, Léopold Liège ; Journal de M. Demaillasson avocat du Roi ; Site Internet du collège Saint Martial ; Site Internet Wikipédia.
Nota : Camille est la plus jeune de nos contributeurs (15 ans). C’est à la fois plaisant et rassurant de voir une jeune fille se son âge s’intéresser à l’histoire locale d’autant plus qu’elle a une jolie plume. Son papa est un passionné de généalogie (ceci explique peut être cela) et la relève est assurée !
Bon sang ne saurait mentir ! Bravo Camille !
Merci pour elle Thierry !