#ChallengeAZ │ I… L’Institut Régional du Travail Social de Poitiers : lieu de mémoire

Maison de santé de Pont-Achard à Poitiers, aile ouest vers 1900, coll particulière © Inventaire Poitou-Charentes

Evolution architecturale

Aujourd’hui, centre de formation pour les carrières sociales, l’Institut Régional du Travail Social de Poitou-Charentes situé dans le quartier de Pont Achard à Poitiers, n’a pas toujours eu cette vocation. Depuis 1900 (photo ci-dessus), le bâtiment n’a pas beaucoup changé mis à part la construction d’un étage supplémentaire sur l’une des ailes.

L’histoire de ce lieu et de ces bâtiments est longue, puisqu’elle débute au début du 19ème siècle.  C’est l’architecte Zacharie GALLAND qui, associé à Louis Jacques GUIGNARD, un autre entrepreneur de travaux publics, va acquérir le site en 1804 qu’ils vont se partager en 1808. L’architecte va agrémenter sa propriété (champs cultivés, jardins à la française et à l’anglaise). Après 1817, il va construire un ensemble de bâtiments destinés à fonder un hospice pour recevoir les ouvriers pauvres de passage à Poitiers qui tomberaient malades pendant leur séjour. Il décède en 1821 alors que le projet n’a pas abouti. Sa veuve, Madeleine BRUNET, décide alors de faire don de la propriété à la congrégation des Filles de la Sagesse qui en prend possession le 23 décembre 1823.

Tombeaux de Zacharie GALLAND (décédé en 1821) et Madeleine BRUNET (décédée en 1843). A leurs côtés, se trouvent les 2 urnes funéraires de leurs enfants morts en bas âge : Jeanne (1784-1792) et François (1791-1801).
Ces tombeaux se trouvent maintenant dans le centre de documentation de l’IRTS.

L’institution de Pont-Achart est fondée et placée sous le vocable de saint Zacharie et sainte Magdeleine. Le site abritera une institution pour jeunes filles sourdes-muettes (1833 à 1847), une école dans un bâtiment annexe (1855 à 1902) et une maison de santé (à partir de 1898). Progressivement, les bâtiments sont agrandis par l’ajout de nouvelles ailes et va devenir une clinique chirurgicale (vers 1905). C’est d’ailleurs dans cette clinique que travaillait Paul FOUCAULT le père du célèbre philosophe et sociologue Michel FOUCAULT professeur au Collège de France, qui a suivi une brillante carrière, même si elle était contraire aux aspirations de son père, qui aurait souhaité qu’il soit chirurgien comme lui.

Dès 1963, l’orientation des bâtiments change : une école d’éducatrices spécialisées sera créée. Elle se transformera vers 1970 en Institut Régional du travail Social (IRTS) où toutes les formations en lien avec le travail social seront réunies. Aujourd’hui l’IRTS propose aux 3000 personnes inscrites des formations du secteur social et médico-social.

Lien avec mon histoire de vie

Après ce très rapide mais néanmoins nécessaire historique des lieux, il est important de préciser pourquoi j’ai souhaité relater cette histoire.

Tout d’abord, c’est dans cette clinique, que ma grand-mère paternelle, Ernestine BONNEAU est décédée des suites de son opération, le 23 décembre 1954, elle avait 56 ans. Je n’avais que 6 mois, je n’ai donc pas connu ma grand-mère, mais très longtemps, elle prendra une place importante dans ma vie, car cet événement a beaucoup marqué mon père. Est-ce le père du célèbre Michel FOUCAULT qui a opéré ma grand-mère ? Je ne le sais pas et est-il important de le savoir ?

40 années plus tard, en 1994, après 3 années d’études à l’IRTS, je passais mon diplôme d’état pour être assistante de service social, mais je ne savais pas à ce moment-là, que ma grand-mère était décédée dans ces lieux.

Puis, 10 années après, en 2004, je devenais formatrice, dans la filière assistants de service social. Je travaillais donc tous les jours dans des lieux qui étaient probablement proches de l’endroit où ma grand-mère était décédée.

Décidément, ces lieux, hormis d’être familiers, puisque je les ai fréquentés plusieurs années, sont très chargés émotionnellement compte tenu des événements qui s’y sont déroulés, en lien avec mon histoire de vie.

Pour en savoir plus :
voir le dossier de l’inventaire Poitou-Charentes « De la porte de Pont-Achard à l’IRTS » auquel a contribué le regretté Jean MAGNANT (1949-2013), un de mes collègues formateur.