Pour étoffer l’histoire familiale, il faut savoir sortir des sentiers battus. Lorsqu’on débute sa généalogie, il est plaisant voire grisant de collecter les dates et lieux de naissances, mariages et décès de nos ancêtres et de sauter ainsi de branches en branches pour compléter les feuilles de notre arbre généalogique. Mais très vite cela ne suffit plus et nous nous attardons sur des détails qui aiguisent notre curiosité et nous incitent à approfondir nos recherches vers d’autres sources que les seuls actes paroissiaux ou d’état civil.
Nous avons la chance en France de disposer d’énormément de ressources en ligne mais tout n’est pas numérisé et disponible sur internet. C’est pour cela qu’il est important de sortir de chez soi pour visiter les services d’archives et découvrir tous les documents mis à notre disposition.
Nous allons nous interroger sur les conditions de vie et suivre les lieux de vie de nos ancêtres grâce aux recensements, comprendre pourquoi ils ont dû quitter le berceau familial pour d’autres horizons, suivre un parcours militaire, imaginer leurs conditions de vie à travers des actes notariés. Nous voudrons en savoir plus sur leur métier, reconstituer l’histoire de leur maison, resituer leur histoire dans la Grande Histoire.
La participation au Challenge AZ sur le thème de l’école, me donne l’occasion de partager avec vous la découverte de deux documents auxquels nous avons eu accès pour la préparation de l’exposition sur les parcours de vie des instituteurs de la Vienne présentée lors des journées d’échange de Bignoux en 2018. Nos recherches ont portées sur la période 1914-1920.
Les bulletins de l’association amicale des anciens élèves de l’école d’instituteurs de Poitiers
L’association a été créée en 1901 avec pour objectif l’aide et la solidarité entre anciens élèves de l’école normale et publiait des bulletins trimestriels. On peut consulter les bulletins édités à partir de 1907 à la médiathèque François Mitterrand de Poitiers ou aux Archives départementales de la Vienne. Les deux collections se complètent. Pour la période plus récente, il faut s’adresser à l’association qui existe toujours.
L’amicale des anciennes élèves de l’école normale d’institutrice éditait également son propre bulletin. Les deux associations n’en font plus qu’une aujourd’hui qui est devenue « La normalienne« .
Si vous avez des recherches à faire sur cette période sur un membre de l’enseignement (instituteur, inspecteur) qui est passé par l’école normale de Poitiers, il se peut que son nom apparaisse dans ces bulletins.
On y trouve les nominations et mutations mais également les avis de mariages des instituteurs, la naissance de leurs enfants, leur départ en retraite et bien sûr des hommages lors de leurs décès.
La consultation de ces bulletins nous a permis de découvrir des photos des instituteurs Morts pour la France ainsi que leur nécrologie bien souvent émouvante. Pendant toute la période du conflit, l’association des anciens élèves par le biais de son bulletin a fait office de lien avec les familles et les autres camarades en donnant des nouvelles de ceux qui étaient partis au front.
On y trouve aussi des réflexions sur l’évolution de l’enseignement, des prises de position sur les conditions de travail mais aussi des textes plus légers comme des chants ou des poèmes. Aimé SOUCHÉ cité dans un autre article du challenge a régulièrement collaboré en proposant des textes tout comme d’autres instituteurs qui sont à de nombreuses reprises sollicités pour communiquer leurs articles. Peut être votre ancêtre instituteur a-t-il été l’auteur d’une rubrique dans ces bulletins ?
Annuaire des postes de l’enseignement primaire de la Vienne (1938).
Cet annuaire m’a été remis par une adhérente du Cercle généalogique poitevin qui le tenait de son père instituteur.
Cet annuaire était édité par la section syndicale de la Vienne du syndicat national de l’enseignement. Il recense des informations communiquées par les instituteurs et institutrices du département avec le concours de l’inspecteur d’Académie, le secrétaire de l’inspection académique et des inspecteurs primaires. Cet annuaire était donc distribué aux instituteurs et il leur servait à préparer leur mutation. Certes il n’y a pas de photos mais le descriptif était suffisant pour avoir une idée de ce qui les attendait.
Toutes les écoles sont regroupées par canton puis par communes et on y distingue les écoles de garçons et de filles.
Pour chaque commune, en préambule, on y précise le nombre d’habitant, l’éloignement par rapport aux communes limitrophes, l’existence d’une gare, des commerces et médecin à proximité, le passage des marchants ambulants et jusqu’à l’existence du lavoir ou d’une fontaine. On y indique également la présence des hôtels, des pharmacies et parfois même le prix de la visite du médecin.
Pour chaque école, outre la situation géographique, on y décrit le nombre et la dimension des salles de classe et du préau ainsi que leur état, le nombre d’élèves et le niveau de fréquentation. On mentionne également la présence du poêle à bois, des sanitaires pour les élèves. On précise s’il existe une bibliothèque avec le nombre de volumes à disposition, une salle de jeu, une cantine avec cuisine ou réfectoire.
Enfin, on détaille le logement de l’instituteur en précisant le nombre de pièces et leur dimension, l’exposition du logement (ensoleillé ou pas), l’état du logement et parfois de sa toiture, l’existence d’une cheminée, de placards ou du cabinet de toilette. On mentionne la présence d’un puits, d’un jardin avec le type de plantation d’arbres existants, d’un garage et du bûcher.
En interrogeant des familles d’instituteurs, peut être auront-elles conservées ce type de document dans votre département. Peut-être en trouverez-vous dans des brocantes parmi des vieux papiers.
En conclusion, quand on fait de la généalogie il faut savoir être curieux, collecter, répertorier et sécuriser toutes les données qui tombent sous nos yeux. Tout peut servir à un moment donné pour soi-même et pour les autres car faire de la généalogie c’est aussi partager et transmettre.
Vous trouverez ci-dessous les panneaux qui ont été exposés à Bignoux. Nous avons ainsi illustrer, à travers différentes sources, des parcours de vie de quelques instituteurs de la Vienne Morts pour la France.
Parcours de vie d’Arthur BACHE, né en 1887 à St Savin, décédé en 1917 à Courcy (Marne), instituteur de 1907 à 1917 à Brigueil-le-Chantre, Saint-Pierre-les-Eglises, Rouillé et Benassay.
Parcours de vie de Georges GENDREAU, né en 1884 à Civray, décédé en 1918 à Ressons-sur-Matz (Oise), instituteur de 1903 à 1918 à Savigné et La Puye.
Parcours de vie de Ferdinand PLAUD, né en 1881 à Paizay-le-Sec, décédé en 1916 dans les combats de la cote 304 à Esnes (Meuse), instituteur de 1901 à 1916 à Journet, Persac, Queaux, Saint-Georges-les-Baillargeaux et Migné-Auxances
Ce travail de recherches et de présentation a été réalisé par l’équipe chargée des expositions du Cercle généalogique Poitevin. Je remercie Claudie BOURREAU, Maryse BOBIN, Sandrine POURRAGEAU et Michèle POUSSARD qui m’accompagnent dans cette aventure et qui contribuent chacune à la réussite de ces expositions. Je profite de cet article pour remercier également tous les adhérents qui nous ont soutenu et qui nous ont fourni énormément de documents dont une belle galerie de cartes postales des écoles et de photos de classes de la Vienne. Tous ces documents sont numérisés et peuvent être communiqués sur demande (atelier_ecriture@herage.org).
Bonsoir
Je suis très intéressé par ses sources notamment les notices nécrologiques des instituteurs morts pour la France et plus particulièrement sur le travail que vous avez effectué sur ces derniers.
J’anime un blog sur les instituteurs de 14/18 et j’essaye de mutualiser les travaux recherche et documents sur ce sujet avec un intérêt particulier pour les Livres d’Or consacrés aux instituteurs morts à la guerre.