#ChallengeAZ │ E… L’école à Monts-sur-Guesnes

Si l’on ne doit évidemment pas « l’invention de l’école » à Charlemagne, puisque l’on estime qu’elle existait dès 3 000 av. JC, c’est au député Louis Joseph CHARLIER que l’on doit pour la première fois, en 1793, l’idée d’un enseignement primaire obligatoire, laïc et gratuit. L’éducation apparaît alors comme le plus sûr moyen d’enterrer définitivement la royauté.

L’école de Monts-sur-Guesnes

Dans la Vienne, c’est le 9 pluviôse an IV que les administrateurs du département organisent les écoles primaires. Les communes logent les enseignants qui sont autorisés à se faire payer par leurs élèves. La municipalité désigne les enfants qui sont instruits « gratis » pour cause d’indigence. Chaque école est divisée en deux sections, une pour les garçons avec un instituteur et une pour les filles avec une institutrice. Ces écoles sont sous la responsabilité des municipalités.

Le premier instituteur de Monts-sur-Guesnes est Thomas Joseph BLANGENOIS. Il est né en 1720 à Tournai en Belgique où il a commencé par exercer la profession de brasseur. Il était fils de Antoine BLANGENOIS et de Marie Joseph BLEUX. Il s’est marié le 12 mai 1750 à Fresnes-sur-Escaut dans le département du Nord, avec Marie Catherine WATTELET. Il vient en Poitou pour exercer la fonction d’agent des gabelles et comme il sait lire, écrire et compter il est vite accepté comme instituteur. Il est logé par la municipalité de Monts-sur-Guesnes dans le presbytère devenu Bien National. Il a 77 ans lors de l’inspection du 19 thermidor an V (6 juillet 1797) et son aptitude est reconnue. Il est aussi félicité par les administrateurs du canton.

Il n’exercera qu’un an car il décède le 13 floréal an VI à 7 heures du matin « d’une mort subite à son domicile maison de la ci-devant cure ». Il est remplacé par ROBINEAU qui se plaint le 19 brumaire an VII (9 novembre 1798), qu’il n’y ait que 8 élèves payants dans la classe.

Les administrateurs du canton expliquent que :
« Les besoins de l’agriculture retardent encore l’organisation. Il faut observer que depuis le 1er germinal jusqu’à la fin de brumaire, tous les jeunes gens depuis l’âge de 8 ans jusqu’à 20 ans sont occupés ou à labourer et bêcher la terre, ou à la garde des bestiaux dans les 6 communes du canton qui n’ont pas d’instituteurs … La majeure partie des habitants de ces communes, s’ils sont dans l’aisance, mettent leurs enfants dans les grandes communes pour les y faire instruire. Ceux qui sont pauvres suivant l’ancien usage, c’est que n’ayant pas les ressources pour payer un instituteur, ils sont très indifférents sur la science ou l’ignorance de leurs enfants. Pourvu qu’ils sachent un art mécanique, leur ambition est satisfaite.
Pour détruire cette funeste insouciance, il faut payer des instituteurs, les loger, et alors on verra les écoles primaires s’organiser et fleurir dans le canton car dès l’instant qu’on saura qu’il y aura une rétribution pour l’indemnité pour cause d’indigence et qu’il y aura un logement ou une indemnité équivalente, on verra des personnes vraiment républicaines se livrer à l’honorable fonction d’instruire la jeunesse »

A la Restauration, Louis XVIII promulgue l’ordonnance de 1816 qui prescrit que toute commune sera tenue de « pourvoir à ce que les enfants qui l’habitent reçoivent l’instruction primaire, et à ce que les indigents la reçoivent gratuitement ». Dans chaque canton un comité comprenant le curé, le juge de paix et, si possible, le principal du collège, est chargé d’œuvrer à l’essor de la scolarisation, tout en veillant au respect de l’ordre, des mœurs et de l’enseignement religieux. Dans les villages, le maire et le curé sont institués « surveillants spéciaux » de l’école.

Pour la première fois, un brevet de capacité, à trois degrés, est exigé des maîtres. Le troisième degré est attribué à ceux qui savent seulement lire, écrire et chiffrer ; le second à ceux qui savent en outre l’orthographe, le calcul et la méthode de l’enseignement simultané. Le troisième, plus savant, ne trouve alors guère preneur.

En 1819, le tableau de la situation de l’instruction primaire rempli par chaque maire indique qu’à Monts, 65 enfants (35 garçons et 30 filles) sont susceptibles d’être scolarisés, mais que seulement 35 enfants (25 garçons et 10 filles) ne le sont qu’effectivement.

BERNIER, le maire de Monts, explique que « La différence qui existe entre le nombre des enfans reçus dans l’école primaire et celui des enfans susceptibles d’y être appelés, provient de ce que deux femmes, sous le prétexte de garder des enfans, en enseignent 30, tant garçons que filles. On observe aussi que pendant 3 mois de l’année, l’école primaire est réduite à environ quinze enfans des deux sexes. »

Monts possède un projet d’école d’enseignement mutuel mais malheureusement la commune n’a aucun fonds disponible, puisqu’elle a été obligée de voter un impôt extraordinaire pour le logement de l’instituteur et l’éducation des pauvres.

En 1822, l’école est tenue par René GALLOIS. Il est né le 13 décembre 1758 à Châtellerault. Il est le fils de Jacques GALLOIS, tailleur d’habits, et de Anne BOBIN. Il épouse le 3 mars 1794 à Curzay-sur-Vonne, Marie Jeanne DUCAROY, originaire de Ménigoute. Leur fille, Joséphine Hortense sera aussi institutrice de l’école de filles de Monts à cette même date.

Lors de sa tournée de 1822, l’inspecteur DESCHATELLIER note :
« Le peuple du canton ne paraît pas très désireux de donner de l’éducation à ses enfants, Le comité s’assemble peu, il surveille les écoles. Le curé est très bien disposé. Le nombre moyen des élèves de chaque école est de 30 à 15. Le prix le plus ordinaire des leçons est d’un franc à 1 f 50. Les garçons et les filles sont séparés. L’instituteur Gallois se conduit régulièrement. Il fait réciter les prières et le catéchisme. La commune de Monts donne 150 francs à son instituteur, cette somme est pour l’indemnité de logement. Les livres dont se servent l’instituteur sont des livres de piété »

 En observations est noté :
« Le Sieur Gallois a cette année des droits par sa bonne conduite et les succès de son école au secours pécuniaire. C’est un bon maître qui sans avoir de grands talents tient fort bien ses élèves ; il est chargé de famille et dans une grande indigence. 
M. le Curé enseigne le latin à 5 à 6 élèves de sa paroisse. Il m’a dit qu’il n’en retirait aucune rétribution. En effet, j’ai cru m’apercevoir que tous les enfants appartenaient à des familles pauvres »

René GALLOIS décède le 15 novembre 1832 à Monts-sur-Guesnes.

L’achat d’une école.

Le 27 mars 1841, lors d’une séance extraordinaire, le maire fait observer au conseil que « la commune de Monts a intérêt, si elle veut profiter des secours accordés par le gouvernement, en faire l’achat avant 1844, époque fixée par l’ordonnance royale. Le maire propose à M. le Préfet l’autorisation d’acheter le local nécessaire. Après consultation avec M. l’inspecteur primaire le conseil décide l’achat d’un local. Dépense approximative : 4000 F.
Le 17 juillet 1841, le maire, à propos de l’école, fait savoir aux membres présents que l’achat du bâtiment se monte à 4100 F et que le devis des réparations est évalué à 5584,48 F.
La maison d’école aura 3 chambres et 1 grenier. La chambre au premier et le grenier sont destinés pour le logement de l’instituteur et les deux du rez-de-chaussée à la classe. »

La maison d’école en 1980 photo © Alain BOURREAU

Cette maison d’école sera utilisée jusqu’en 1884, date de construction d’une nouvelle classe dans la cour. A partir de cette date, ce bâtiment deviendra entièrement dédié au logement de l’instituteur.

 

Références :

  • GENEANET Arbres en ligne : Daniel MASQUELIER – https://gw.geneanet.org/281054 et Bernard POGE – https://gw.geneanet.org/bponge
  • AD 86 NMD Monts-sur-Guesnes 1796-1801 pages 53 et 54.
  • Archives communales de Monts-sur-Guesnes

#ChallengeAZ │ D… Le don du recteur Pineau

Recteur Léon Pineau

Avez-vous pensé à consulter les délibérés des conseils municipaux pour étoffer l’histoire de votre famille ? Certes vous y trouverez tout ce qui constitue les affaires de la commune : le budget communal, l’approbation des projets, la validation des taux d’imposition, la gestion des agents communaux, la rétribution des instituteurs ou du garde champêtre, mais pas que…

En consultant les délibérations du conseil municipal de Lussac-les-Châteaux (ma commune d’adoption et berceau des ancêtres de nos enfants) fin XIXe – début XXe, j’ai découvert des informations qui touchent la vie des familles. En effet, le conseil municipal était par exemple sollicité pour l’attribution des aides sociales (assistance aux familles nombreuses, aux vieillards, infirmes ou incurables) ou des dispenses de service militaire pour cause de soutien de famille. Mes yeux se sont arrêtés sur des patronymes familiers et j’ai ainsi constaté la misère humaine qui pousse les familles à mettre leur fierté de côté pour pouvoir survivre.

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Délibération du Conseil municipal de Lussac-les-Châteaux du 09 juin 1901, dispense pour soutien de famille ▲ clic pour agrandir l’image

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Délibération du conseil municipal de Lussac-les-Châteaux du 19 août 1919, demandes d’allocation aux familles nombreuses et aux vieillards ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Puis au détour d’une page, je suis attirée par la mention « donation de M. Léon Pineau approuvée le 20 janvier 1921 ». Léon Pineau est alors le recteur de l’Académie de Poitiers et je sais qu’il a une affection profonde avec commune puisqu’il y a passé une grande partie de son enfance. La suite de ma lecture va profondément m’émouvoir.

Nous sommes le 17 mai 1920. C’est Charles GIRARD qui est alors le maire de Lussac-les-Châteaux. Ce jour là Monsieur le Maire porte à la connaissance du conseil un courrier qu’il a reçu de M. Pineau :

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Délibération du conseil municipal de Lussac-les-Châteaux du 17 mai 1920, lettre adressée à l a commune par Léon Pineau. ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

A la suite, le recteur Pineau déclare qu’il souhaite faire « don à la commune de Lussac-les-Châteaux d’une rente annuelle de 50 francs 3% perpétuel. La dite rente sera affectée à l’achat d’un prix autant que possible un ou plusieurs volumes rappelant la Grande Guerre (1914-1918) et ses héroïsmes – qui sera décernée chaque année, à l’élève sortant de l’école communale après un séjour de trois ans au moins et qui s’y sera distingué par sa tenue, son application, son bon esprit. […]
J’émets seulement le désir que les enfants de l’école, en allant tous les ans, au cimetière, rendre aux Morts pour la Patrie, l’hommage de reconnaissance qui leur est dû, s’arrêtant un instant devant la pierre qui portera le nom de mes enfants et y déposeront quelques fleurs. »

Lussac-les-Châteaux, monument aux morts

Lussac-les-Châteaux -Monument aux morts – Photo © Maria Faugère ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Ce prix devra porter une mention spéciale en hommage à ses deux fils Maurice et André :

Je prends connaissance de ce texte alors qu’avec le Cercle généalogique Poitevin nous préparons une exposition pour nos journées d’échanges qui vont avoir lieu fin septembre 2018 à Bignoux, près de Poitiers. Nous avions décidé de parler du parcours de vie de quelques instituteurs Mort pour la France que nous avions sélectionné parmi ceux qui figurent sur le monument commémoratif de l’Ecole Normale de Poitiers. Nous étions encore dans la commémoration du centenaire de la Grande Guerre. Ce témoignage vient subitement rappeler combien de familles ont été durement touchées durant cette période par la perte d’un être cher et aucun niveau social n’est épargné.

Ainsi, le couple Pineau va être douloureusement affecté par la perte de leurs trois fils :

  • René décède de maladie à Poitiers le 12 décembre 1914 à l’âge de 25 ans alors qu’il avait été mobilisé.
  • Maurice disparait en mer fin mars 1917 à l’âge de 27 ans. Il avait intégré l’école navale en 1906, puis l’Ecole des officiers torpilleurs à Toulon en 1913. En mars 1917, il était enseigne de vaisseau de première classe à bord du chalutier l’Amérique avec 26 hommes d’équipage. Le 24 mars le patrouilleur quittait Belle-Isle et ne donnera plus signe de vie, disparaissant corps et biens probablement après avoir sauté sur une mine ou torpillé par un sous-marin allemand (Source : « Poitiers 1918 » par Jean-Marie Augustin et Gérard Simmat, La Nouvelle République).
  • André est tué à l’ennemi le 25 août 1918 dans un ravin près de la cote 166 (Aisne) à l’âge de 21 ans. Etudiant à la faculté de droit de Poitiers, il s’était mis à la disposition du Préfet de la Vienne. Engagé à l’âge de 18 ans, il a été affecté au 20e régiment d’artillerie, décoré de la Croix de guerre et promu au grade de maréchal des logis au 220e régiment d’artillerie.

Le 31 août 1919, le Préfet de la Vienne accueille le retour des régiments poitevins. Le recteur Pineau déclinera l’invitation qui lui sera adressée : « le courage me manque pour assister à cette cérémonie de retour de nos troupes : aucun de mes fils, à moi, ne revient, et il y a juste un an à cette époque que mon dernier a été tué. »

Pourtant, le dimanche 12 octobre 1919, il préside la cérémonie d’hommage aux instituteurs Morts pour Patrie qui a lieu à l’Ecole normale d’instituteurs de Poitiers, en présence du préfet de la Vienne, du général commandant des armées, de l’Inspecteur d’Académie, des inspecteurs primaires du département, du doyen de la Faculté des lettres, d’un professeur d’histoire de la Sorbonne, et autres sénateurs et directeurs de l’Ecole Normale.

Durant cette cérémonie, probablement très éprouvante pour lui, il interviendra après le discours de M. Chadeyras, directeur de l’école normale primaire de garçon, puis celui de M. Bouglé, professeur d’histoire de la Sorbonne et surtout après la liste funèbre des noms égrenés durant de longues minutes.

Voici comment l’Avenir de la Vienne du 16 octobre 1919 évoque cet instant :
« La parole est maintenant donnée à M. Ligier pour l’appel des instituteurs victimes de la guerre. C’est un instant de poignante émotion ; d’un même élan l’assistance entière se lève et écoute dans un religieux silence les noms qui tombent un à un comme les tintements d’un glas douloureux ; chaque nom évoque un visage connu, parfois pour certains, une image chère ; et de bien des yeux coulent doucement des larmes de pitié que personne ne cherche à retenir. »

Puis M. Ligier entame ainsi son discours : « Notre grande famille a perdu quatre-vingt-dix-huit de ses meilleurs fils. Vous comprenez et vous partagez l’émotion qui m’étreint à la pensée de les évoquer devant vous, dans cette cour d’école ou 60 d’entre eux ont passé trois ans de leur studieuse jeunesse. […] Puissent-ils entendre et agréer l’hommage plein de tendresse et de reconnaissance que nous avons expressément tenu à leurs rendre ici aujourd’hui. »

Liste des instituteurs de la Vienne tombés pour la France cités lors de la cérémonie d’hommage du 12 octobre 1919, à consulter ICI.

Dans cette liste seront nommés les élèves-maîtres, instituteurs ou professeurs passés par l’Ecole normale mais également les enfants d’instituteurs. A ce titre, les fils du recteur Pineau seront également cités.

A son tour, le recteur Léon Pineau va exprimer toute son admiration au corps professoral en ces termes : « […] je veux adresser ici l’expression réfléchie de mon admiration. Admiration pour ceux qui avec tant de vaillance ont lutté sur les champs de bataille ; admiration pour vous aussi qui, retenus à l’arrière par votre âge, n’avez cessé un instant, durant ces cinq années, de prêter votre concours aux œuvres les plus variées, ne ménageant ni votre temps, ni votre peine, donnant l’exemple de la générosité, apportant partout et à tous l’efficace appui de votre sérénité confiante et de votre espoir dans les destinées du pays. Je n’ai garde d’oublier ces mères, ces jeunes femmes, que j’ai vues accepter avec une résignation simplement sublime le dur sacrifice de ce qu’elles avaient de plus cher, de leurs maris, de leurs fils dont elle étaient si fières et à si juste titre et qui refoulant leur douleur au plus profond de leur être, ont continué calmes et dignes, leur dévouement quotidien. »

Je ne vous cache pas que je donnerai cher pour trouver un prix qui aurait été remis à l’un des élèves de l’école primaire de Lussac et qui porterait la mention demandée par le recteur Pineau.

Biographie du recteur Léon Pineau par Elisabeth GUILHEM

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#ChallengeAZ │ C… Le certificat d’études de mon père

Dans notre entourage familial, nous avons tous des cousins, ceux que nous connaissons et que nous fréquentons et ceux dont nous ignorons complètement l’existence. C’est souvent lors d’événements particuliers comme des mariages, des enterrements…que nous retrouvons des personnes faisant partie de notre famille, mais que nous ne fréquentons jamais, parce qu’éloignées géographiquement, par manque d’affinité, ou toute autre raison. Il faut, dans ce cas de figure, prendre le terme famille au sens large, c’est-à-dire, au-delà des parents, grands-parents, enfants, frères et sœurs, oncles et tantes, que nous côtoyons au quotidien ou presque. Nous nous retrouvons donc dans une sphère qui inclue plusieurs générations (au-moins 3) et des descendants de ces générations qui se situent en dehors de notre environnement personnel proche. Par exemple : la petite fille ou le fils du frère de notre arrière grand-père.

C’est ce vécu qui m’a toujours interpelé, dérangé parfois, surtout lorsqu’on me présentait ces personnes, parfaitement inconnues pour moi, alors que j’étais sensée les connaître ! 
– « mais tu sais bien, c’est la cousine Suzanne, la fille du grand oncle Pierre qui habite à Saint Maixent…. ».
J’avoue qu’à 10 ans, tout cela me dépassait, mais très curieuse, j’avais envie de resituer cette fameuse Suzanne, qui avait l’air très sympathique, au demeurant, dans mon histoire de vie, autrement dit, dans mon arbre généalogique. Ce qui explique probablement ma passion pour la généalogie aujourd’hui. Maintenant, même si je n’ai pas la prétention de connaître tous mes cousins, je pense en connaître tout de même un certain nombre. C’est sans doute mon besoin de repères, mon intérêt pour l’histoire familiale et l’Histoire en général.

Après ce préambule un peu long mais nécessaire, il devrait être plus facile de comprendre la suite de mon récit.

Les 2 protagonistes se nomment  :
– Aimé  SOUCHÉ  instituteur, inspecteur de l’Enseignement primaire et grammairien célèbre, puisqu’il a édité de nombreux ouvrages destinés à l’enseignement primaire,
– et son cousin, non moins célèbre, en tout cas pour moi, puisque c’est grâce à lui si j’existe : mon père, André ALLARD.

L’histoire commence donc au moment où je préparais une exposition généalogique sur le thème de l’école et j’avais choisi d’exposer sur l’histoire du certificat d’études primaires. Je savais que mon père avait été reçu à cet examen en 1938 , à l’âge de 12 ans, et qu’il avait été « 1er du Canton de Lusignan », d’où mon intérêt pour le sujet. Il faut préciser toutefois qu’il ne m’avait jamais relaté son exploit, car il était très discret et modeste et ce n’est qu’après son décès que j’ai appris sa performance.

Quant à Aimé SOUCHÉ, je me suis servie de certains de ses ouvrages de grammaire, pour construire mon exposition et par curiosité, j’ai recherché ses origines personnelles, et c’est ainsi que j’ai découvert qu’il était originaire de Pamproux, petite commune à la limite des Deux-Sèvres et de la Vienne, distante de 6 km environ de la commune d’origine de mon père : Rouillé.

Du fait de cette proximité géographique, j’ai fait des recherches généalogiques sur Aimé SOUCHÉ et c’est ainsi que j’ai découvert un lien de parenté entre lui et mon père :

Arbre de parenté avec Aimé Souché

Mes recherches sur la vie d’Aimé SOUCHE m’ont également appris, qu’il avait été, lui aussi, comme mon père : 1er du canton au certificat d’études primaires (canton de Celle sur Belle) en 1900.

Ci-dessous, l’article du journal local « La Semaine » du 26 juin 1938, dans lequel le journaliste vante les mérites de Monsieur Poupard, l’instituteur de l’école de garçons de Rouillé, où était scolarisé mon père :

Rouillé, certificat d'études

Extrait « La semaine » du 26 juin 1938, p.51 © AD86

Être 1er du canton à l’époque, était un honneur et l’instituteur était toujours très fier lorsqu’un de ses élèves décrochait le titre de « 1er du Canton » ce qui laissait sous  entendre  que l’instituteur avait fait un travail de qualité, même si l’élève y était un peu pour quelque chose… (voir carte postale ci-dessous).

Je n’ai jamais su si mon père connaissait son lien de parenté avec ce cousin célèbre, mais en l’apprenant, il aurait sans doute été fier de cela. En tout cas, moi, je le suis… Ils n’avaient pas le même âge, puisqu’ils avaient 38 ans d’écart, soit une génération, mais ils auraient pu se rencontrer puisqu’Aimé SOUCHÉ est décédé en 1975 et que mon père est né en 1926 et est décédé en 2008.

Après cet « épisode familial », il est intéressant, je pense, de préciser les origines du Certificat d’Etudes Primaires :

Le Certificat d’Etudes Primaires a été officiellement supprimé en 1989, après un peu plus de 100 ans d’existence. Au regard des autres diplômes scolaires, le CEP n’avait plus de grande valeur, si ce n’est une valeur sentimentale et c’est sans doute la raison pour laquelle mon père a absolument tenu à ce que je passe cet examen en 1968.  J’étais la seule de ma classe à passer les épreuves et j’ai été reçue ! J’étais un peu honteuse à l’époque, vis-à-vis de mes camarades de classe, mais maintenant, connaissant l’histoire de mon père, et celle de son cousin célèbre, Aimé SOUCHÉ, je suis fière de l’avoir fait, et j’aime montrer mon diplôme !

 

Certificat d'études primaires, Poitiers, département de la Vienne

Certificat d’études primaires délivré à Poitiers en 1968

 

#ChallengeAZ │ B… Ecole de filles « Paul Bert » à Châtellerault

Création d’une école laïque de filles à Châtellerault.

Le 16 juin 1881, le ministre de l’Instruction publique Jules FERRY, rend l’enseignement primaire public et gratuit, et la loi du 28 mars 1882 impose également l’instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans un enseignement laïque.

Le conseil vote le 12 avril 1882, la création d’une école laïque de filles pour la ville [1]. Ce vote s’accompagne de certaines réserves. Ils veulent avoir la certitude que la subvention de l’état prendrait en charge les traitements des maîtres et adjoints pas seulement pour l’année 1883 mais aussi pour les années suivantes. Les ressources laissées libres seraient affectées à la construction de l’école. La copie de la délibération fut transmise par le préfet au ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts : Jules FERRY.

Après avoir reçu une réponse rassurante, le 7 août 1882 le conseil donne suite en indiquant : « nous nous trouvons en ce moment dans des circonstances tout à fait favorables au point de vue économique pour la réalisation de nos projets. » [2]

Le 12 septembre 1882, une maison d’école devra être construite pour recevoir 340  élèves dont 280 pourraient s’asseoir sur les bancs de l’école primaire et 60 sur ceux de l’école supérieure [3]. Les élèves de l’école primaire seraient répartis en quatre classes, une cinquième serait destinée à l’école supérieure. En outre conformément aux règlements, une salle serait aménagée pour les travaux d’aiguille. Enfin, cour et préaux couverts compléteraient l’école. L’instruction serait donnée par une directrice et 4 adjoints, qui, toutes devraient trouver leur logement dans cette même école et en dehors des bâtiments affectés aux classes. Le logement de la directrice se composerait d’un cabinet ou parloir et quatre chambres. Chaque adjointe n’aurait qu’une chambre.

Maintenant il faut trouver une maison ou un terrain central, bien aéré d’un accès facile et sûr, éloigné de tout établissement bruyant, malsain ou dangereux, d’une superficie de 16 à 1800 m2 environ.

Quatre propositions furent faites

  • LABBÉ et PROUTEAU vendent pour 115 000 francs une belle maison avec jardin donnant sur le boulevard Blossac et cour sur la rue Bourbon. La superficie est insuffisante, importances de dépenses à engager pour adapter les pièces à usage d’école (baies trop étroites, hauteurs inférieures à 4 m)
  • BORREAU offre de vendre pour 110 000 francs, la maison qu’il habite et où il exerce son commerce de tissus en gros, située rue du château à proximité du marché. Trop de travaux, problème de sécurité par voisinage du marché cœur du commerce de la ville.
  • FARGUES vend un terrain (8 francs le m2) rue Villevert et boulevard St Jacques, terrain trop éloigné de la ville
  • DUCELLIER propose de vendre 1800 m2 de son jardin à 8,50 francs le m2. L’école aurait au nord et à midi les jardins des maisons voisines, à l’ouest la rue Rasseteau et à l’est l’impasse de la Paix. La façade serait élevée dans la rue Rasseteau à 8 m en arrière de l’alignement afin d’isoler l’école des bruits de la rue. Coût du projet 108 033, 61 francs sans compter les frais d’enregistrement et actes.

La proposition de M. DUCELLIER est retenue.

Le 28 mars 1884, M. le ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts approuve, la création d’une école de filles  avec cours complémentaires à Châtellerault. Des modifications sont demandées par le ministre. Le 16 mai 1885, il est adopté de faire l’acquisition  de la maison Rabotteau et de 220 m2 de terrain à prendre en plus sur la propriété de DUCELLIER pour un total de 5370 francs [4].

L’école communale laïque de filles sera construite conformément au nouveau plan dressé par l’architecte de la ville M. COUTY comportant 7 classes au lieu de 5 pour un devis de 122 018,04 francs. Le maire est M. GODARD.

L’école est complètement finie en 1885. Il est nécessaire de prendre des dispositions pour qu’elle puisse être utilisée à la rentrée. L’école de filles est située rue Rasseteau.

Plan du quartier pour situer l’école de filles, extrait plan Châtellerault 1902

En août 1886, l’inspecteur d’académie et le conseil municipal décident la destination des huit classes :

  • école communales proprement dite avec 4 classes
  • cours supérieur : 1 classe
  • atelier de travail manuel dit de coupe et d’assemblage pour les enfants au dessus de 10 ans : 1 classe
  • salle de dessin : 1 classe
  • classe enfantine intermédiaire entre l’école communale et l’école maternelle pour les enfants de 4 à 7 ans : 1 classe

« Il est bien entendu qu’ainsi que vous l’avez décidé précédemment nous commencerons par ouvrir cette année l’école communale seulement et que les autres classes ne s’ouvriraient que lorsque nos moyens nous permettraient de pouvoir au traitement du personnel. Mais le mobilier scolaire serait prêt ».

En 1886, l’école de filles, rue Rasseteau est ouverte avec seulement les 4 classes de l’école communale. 
En 1897-1898, il y a 6 classes pour le primaire avec 333 filles et un cours complémentaire avec 20 filles avec une directrice, deux titulaires et 4 stagiaires.
Á la rentrée de 1900, il y a 439 élèves. Il y a 7 classes avec des enseignants titulaires et  la directrice qui est déchargée de classe.
En 1903, la distribution des prix du cours complémentaire et de l’école de fille de la rue Rasseteau a lieu le mardi 28 juillet, c’est M. MÉTAYER, inspecteur primaire de l’arrondissement qui occupe le fauteuil de président. Lors de la distribution des prix, Mme BOBIN, directrice de l’école, est félicitée car M. le ministre lui a décerné une médaille de bronze comme directrice[5].

Ecole de filles, rue Rasseteau, coll. C. Bourreau

La distribution des prix de l’école se déroule le 2 août 1911 au théâtre de Châtellerault sous la présidence de M. le commandant TOCHON, major du 32e d’infanterie. Il évoque la disparition de Mme GROLLIER qui était estimée et qui avait l’affection de tous et qui avait exercé pendant 15 ans[6].

Le 10 avril 1913, le conseil municipal délibère au sujet de l’affectation d’un logement à un instituteur  suite à un local disponible dans l’école.

En 1932, l’école est encore appelée « école de filles, rue Rasseteau », la directrice est Mme BERNUCHON et il y a sept adjointes[7]. L’inspecteur d’Académie est M. ONETO à Poitiers et l’inspecteur primaire est M. SOUCHÉ.

En 1933, l’école devient école « Paul-Bert ».

En 1936, l’âge minimum de l’instruction obligatoire passe à 14 ans par la loi du 9 août.

L’école Paul Bert Rue Rasseteau compte 400 inscriptions pour 8 maîtresses et l’effectif prévu jusqu’à 14 ans est de 385 élèves dès le 1er octobre prochain suite à l’allongement de la scolarité. Il faudrait à Châtellerault, la création de 4 emplois, deux en cours préparatoires de l’EPS de jeunes filles et deux postes l’un à l’école Henri Denard et l’autre à Paul Bert.

Afin d’éviter des constructions dans les deux écoles (Henri Denard et de Paul Bert), M. l’instruction soumet l’organisation suivante telle qu’elle a été étudiée par la municipalité : créer une école de quartier de quartier à Ozon comprenant une classe de filles et une classe de garçons. Les écoles de la ville seraient décongestionnées, elles garderaient un effectif de 40 à 45 élèves par classe et aucune construction nouvelle ne serait envisagée pour le moment. C’est ce qui a été fait.

En juillet 1941, les autorités allemandes décidèrent que le ramassage des doryphores se ferait par les élèves des écoles. Une lettre du 14 mai 1944 de la ville de Châtellerault est adressée à  Madame la Directrice école Paul Bert, rue Rasseteau concernant le ramassage des doryphores. En autre, le samedi 17 juillet est organisé pour ce ramassage. Les maîtresses sont Mme BOUTIN et RIVEAUD. Les champs sont ceux de M. VIAUD, les chaumeaux et de M. TOUZALIN, les trois cheminées. Trente enfants ont été convoqués pour le samedi 17 juillet, 16 étaient présents. Ils ont ramassé 410 insectes et larves.

La fin de l’école.

En septembre 2013, Les élèves sont accueillis pour la dernière fois à l’école Paul-Bert par Catherine BOUCHERON, qui assure l’intérim de direction avant de prendre celle de l’école Haigneré où les élèves déménageront à la Toussaint. Sylvie DECOURT-MESA arrivée en 1990 est la plus ancienne de l’école et Céline GUIMARD y est depuis six ans. Une nouvelle aventure attend ces élèves ainsi que les maîtresses dans des locaux neufs et agréables.

Le 18 octobre 2013, l’école ferme définitivement ses portes.

Deux ans après, la ville met en vente les bâtiments. Cet ensemble immobilier de la fin du XIXe siècle est composé de deux bâtiments et d’annexes (1.726 mde surface totale de plancher), ainsi que d’une grande cour. Ce site hautement symbolique – des milliers de Châtelleraudais y ont été scolarisés – a de beaux atouts. Mais il a aussi quelques inconvénients : il abrite de très vieux bâtiments qui n’ont pas été rénovés depuis plus de 30 ans. La façade en tuffeau est à l’image de l’ensemble, c’est-à-dire en mauvais état. «(Elle) nécessite d’importants travaux de restauration et le crépi est à refaire», précise d’ailleurs l’annonce.

En juin 2017, les bâtiments sont déclassés pour entrer dans le domaine public[8].

En 2019, les bâtiments sont en cours de reconversion avec la création de 9 logements locatifs.

 

[1] ACGC : 1D24. Délibération du conseil municipal du 12 avril 1882.
[2] Ibid. du 7 août 1882.
[3] Ibid. du 12 septembre 1882.
[4] AD 86 : 2 O 79 23.
[5] AD86 : http:/www.archives.departement86.fr. Le Mémorial du Poitou du 3 octobre 1903.
[6] Ibid. du 5 août 1911.

[7] Annuaire de Châtellerault 1932.
[8] ACGC : Délibération du 22 juin 2017.

#ChallengeAZ │ A… Ascension sans retenue pour l’inspecteur Lacolle

René LACOLLE naît le 16/01/1792 et est baptisé le lendemain à Oiron (79). Il est le fils d’autre René LACOLLE, propriétaire tailleur d’habits, et de Marie Radegonde MARTIN. Il grandit dans sa famille avec son frère Vincent (1802-1871) qui finira sa vie curé à Saint-Laurent-de-Jourdes (86) et sa sœur Rosalie Blanche (1803-1879) sage-femme à Poitiers (86).

 Après son service sous les drapeaux, il choisit, comme l’avait fait auparavant son oncle Jean Louis MARTIN ancien brigadier à Ayron (86), un engagement dans la gendarmerie. Il est gendarme à cheval à Poitiers (1817-1822). Le 26/08/1817, il épouse à Poitiers, Victoire Charlotte FOUCQUETEAU (1789+?), elle-même fille du maréchal des logis de gendarmerie des lieux. Ils ont trois enfants : Louis René Émile (1819-1884) employé de l’octroi tout comme son oncle Louis CHEVALIER ; Rose Ernestine (1822-1889) religieuse en la communauté des dames de l’Union Chrétienne ; et Louis Ernest (1827-1828), ayant tous vécu à Poitiers.

Démissionnaire de la gendarmerie, René LACOLLE devient instituteur dans cette même commune (1827-1829), puis professeur d’écriture (1836). Le 05/11/1850, ancien inspecteur de 3e classe dans le département de la Vienne, il est promu inspecteur de 3e classe pour l’arrondissement de Poitiers (Bulletin administratif (Paris) 1850-1932, p. 388, Gallica).

J’ai procédé à la recherche de l’intéressé dans les fonds de l’inspection académique de la Vienne aux archives départementales, dans la série « 1 T », puis dans les dossiers des personnels de l’enseignement primaire de 1842 à 1940, pour les instituteurs (AD86 – 1 T 2/62-94) et plus précisément la côte 1 T 2/77 correspondant au patronymes compris entre Hen et Lam.

inspection académique, René Lacolle, challengeAZ, Oiron, Poitiers

Dossier de l’inspection academique- cote 1T2-77 © AD86 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le dossier de l’intéressé est particulièrement mince avec ses quatre feuillets. Il permet d’y retrouver ses dernières années d’exercice d’inspecteur.

Dans un état du 07/12/1853, il y est indiqué inspecteur de 3e classe pour l’arrondissement de Poitiers et y demeurant. Il est mentionné marié avec deux enfants à charge. Il est officier d’académie (1er grade dans l’Ordre des Palmes académiques, titre honorifique créé en 1808) avec 13 ans et 7 mois de service et perçoit 1600 francs de traitement et avantages accessoires. Ses qualités sont des plus remarquables : sa conduite très bonne, son zèle actif et intelligent, son instruction suffisante, sa tenue et ses manières convenables, son travail du cabinet suffisant, son aptitude aux fonctions de l’Inspection très satisfaisante. Le recteur d’académie note que « Mr Lacolle a fait une partie de ses classes, et il doit à cette éducation et à ses moyens naturels une assez grande facilité d’intelligence et d’élocution qui le sert heureusement ; il connaît le pays ; il a encore en lui toute l’activité désirable ; et il continue de bien remplir ses fonctions. Je renouvelle la demande que j’ai déjà faite pour lui d’un titre de 2e classe. » Dans le paragraphe des époques des nominations, il est écrit « M. Lacolle chargé provisoirement des fonctions de l’Inspecteur de la Vienne le 13/04/1840, chargé des fonctions d’Inspecteur des écoles de la Vienne le 06/01/1843, Inspecteur de l’Instruction primaire de la Vienne le 23/01/1846 ». Concernant la considération dont jouit ce fonctionnaire, il est précisé qu’il « a dans le clergé et dans la société de bonnes relations qui témoignent de la considération dont il jouit ».

Cabriolet

Sa notation du 28/09/1854, reste semblable et le recteur précise « qu’il a tous le degré de discernement désirable, il a encore en lui tous les éléments de l’activité ; mais manquerait volontiers de précision et de rigueur dans la manière dont il entend et accomplit ses fonctions, s’il n’était dirigé et maintenu : il obéit du juste aisément à cette direction. Tout bien examiné, son âge et ses services lui donnent droit à un avancement de classe que je sollicite pour lui. Il est dit aussi qu’il remplit des fonctions avec intelligence, mais ne peut faire de course à pied, et les fait toujours en cabriolet. Habitant Poitiers depuis 40 ans et Inspecteur en fonction depuis 12 ans, il a eu le temps d’exciter des mécontentement et des inimitiés ; mais en somme, on peut dire qu’il est considéré, et, suivant moi, il mérite de l’être. Il a dans le clergé et dans la société de bonnes relations qui déposent en sa faveur. »

En 1858,  il est indiqué inspecteur de 2e classe à Poitiers et officier d’académie, avec 18 ans de service. La note du  recteur semblable aux précédentes n’est pas finie d’être rédigée.

En 1861, il est indiqué inspecteur de 2e classe à Poitiers, officier de l’instruction publique (2e grade dans l’Ordre des Palmes académiques), 21 ans de service et 2000 francs de traitement et avantages accessoires. Les renseignements sur lui indiquent : sa conduite très bonne, son zèle actif et intelligent, son instruction suffisante, sa tenue et ses manières très bonnes, son aptitude au travail du cabinet et aux fonctions de l’inspection très satisfaisante. Le recteur écrit : « Ce fonctionnaire se recommande toujours par une application constante à remplir tous les devoirs et par le plus vif désir de bien faire. Une indisposition l’a retenu longtemps chez lui, dans le cours de cette année ; mais, pendant ce temps même, il s’est livré aux travaux de cabinet avec un véritable courage, malgré les douleurs qu’il éprouvait. La connaissance qu’il a des personnes et des choses de ce département qu’il inspecte, depuis plus de 20 ans, fait de lui un fonctionnaire précieux. Il y aurait justice à récompenser ses bons et longs services par une promotion à la première classe, depuis longtemps sollicitée pour lui. »

Lors de son décès le 16/08/1865 à Poitiers, il est toujours indiqué inspecteur des écoles primaires du département de la Vienne. Il aura pu porter ses palmes tissées sur un vêtement, mais jamais la décoration métallique créée en 1866.

Palmes académiques