#ChallengeAZ │ V… Valdivienne, une dynastie d’instituteurs

A l’occasion de mes recherches généalogiques j’ai été attiré par la présence sur l’acte de décès d’une arrière-grand-mère, Louise ROBUCHON, le 21 janvier 1916 à Salles-en-Toulon, d’un certain Georges ARNAULT, instituteur, ami de la défunte.

Acte de décès de Louise ROBUCHON © AD86

Par curiosité, j’ai voulu en savoir plus sur cet instituteur. Il est né en 1863 d’un père instituteur communal.  Il se marie à Marceline PINARD, institutrice, le 26 novembre 1890 à Verrières. Ils auront trois enfants, Denise, qui sera également institutrice, Renée et un fils Charles.

L’école communale de Salles-en-Toulon concernait à la fin du 19e siècle les filles et les garçons. Cette école accueillera en 1915 20 lits de convalescence gérés par l’association OAC, Œuvre de l’Assistance aux Convalescents. Georges sera dispensé de service militaire contre un engagement de servir 10 ans dans l’enseignement. Il prendra sa retraite en 1923. Les deux recevront les palmes académiques.

Cette dynastie d’instituteurs commence avec René ARNAULT, fils d’un menuisier, né en 1827 à Chenevelles. Il est déjà instituteur à Morthemer lors de son premier mariage en 1851 avec Françoise BOURGNON, lingère. Il aura deux enfants de cette première union, un fils, décédé rapidement et une fille mariée à Morthemer avec un menuisier. De son deuxième mariage avec Fanie BAROIS, aussi lingère, il aura deux enfants, François Charles René, né en 1858 et Joseph Marie Georges, né en 1863. Ces deux derniers enfants seront tous les deux instituteurs comme leur père.

Charles se marie en 1883 avec Ernestine PIJAUD, à Liglet. Tous les deux seront instituteurs à Saint Martin la Rivière dès 1883, comme l’indique le recensement de cette année-là. Ils resteront à ces postes jusqu’à leur retraite à partir de 1913. Ils seront donc les instituteurs en poste au moment de la création de la nouvelle école du bourg. Les deux recevront les palmes académiques.

En 1895 l’école communale de Saint-Martin-la-Rivière ne concernait que les garçons qui sont seuls présents sur la photo. Les filles devaient aller à l’école libre gérée par la congrégation de la Salle de Vihiers. Charles sera dispensé de service militaire contre un engagement de servir 10 ans dans l’enseignement.

La 3e génération d’instituteurs concerne la fille de Georges ARNAULT, Denise ARNAULT qui, déjà institutrice, se marie en 1912 à Salles-en-Toulon avec Benjamin BAULT, aussi instituteur. Ce couple va succéder au couple Charles ARNAULT et Marceline PIJAUD à l’école communale de Saint-Martin-la-Rivière. Cette école va s’ouvrir aux filles grâce à la construction de nouveaux locaux. Contrairement à George et Charles, Benjamin BAULT ne pourra être dispensé de service militaire. Il sera nommé sergent lors de la guerre 1914-1918, et il sera blessé à Zillebecke lors de la première bataille d’Ypres, ou des Flandres, dès 1914. Il va contracter la tuberculose au cours de cette guerre, ce dont il décède en 1921. Il a été reconnu Mort pour la France (on trouve sa fiche sur le site de mémoire des hommes).  Denise ARNAULT restera institutrice à Saint-Martin-la-Rivière jusqu’à sa retraite et elle obtiendra également les palmes académiques. Après 1921, elle sera d’abord aidée par une autre institutrice, puis par un couple d’instituteurs.

 

La 4e génération est représentée par Benjamin BAULT, né en 1917 à Saint-Martin-la-Rivière.  Il aura une vie très riche, il étudiera au conservatoire et aux beaux-arts avant de s’engager dans l’armée. Il obtiendra une licence de mathématique. Il restera au Maroc après son engagement où il passera son diplôme d’instituteur après son mariage avec une institutrice. Il exercera au Maroc puis à Chaunay, comme directeur d’école. Il décidera de passer sa retraite à Saint-Martin-la-Rivière ou il décède en 2010.

4 générations d’instituteurs

En janvier 1906 est décidé, par une délibération du conseil municipal du 21 janvier 1906, la création d’un nouveau groupe scolaire qui comprendra une classe pour les garçons, une classe pour les filles et une classe enfantine. Auparavant il n’existait qu’une seule classe pour les garçons, les filles allant à l’école privée.

Le plan de la nouvelle école permet de voir que les deux classes sont identiques, ainsi que les logements de l’instituteur et de l’institutrice, même s’ils sont strictement séparés, chacun comporte un escalier pour monter à l’étage. Chaque classe donne sur une cour indépendante de l’autre. Seule, une toute petite porte permet de passer de l’une à l’autre.

Délibération du conseil municipal de Saint-Martin-La-Rivière 21 janvier 1906

Un siècle après la construction de ce groupe, il sera construit un nouveau groupe scolaire regroupant les écoles des anciennes communes constituant la commune de Valdivienne.

 

Sources : Photos de Christophe COUILLAUD de Valdivienne ; Archives de la Vienne ;  Centre presse des 28-08-2008 et 27-10-2010.

LE PLUS DU CGP :
Pour poursuivre la découverte de Valdivienne à travers les photographies, nous vous conseillons de consulter « Valdivienne, un siècle de photographies » par Max AUBRUN et Christophe COUILLAUD (2010). 

#ChallengeAZ │ B…Bonnes, La Ronde, des meuniers

cpa Bonnes (Vienne 86), Moulin de la Ronde

Moulin de la Ronde à Bonnes ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Moulin de la Ronde à Bonnes (Vienne, 86) situation actuelle

Moulin de la Ronde à Bonnes, situation actuelle ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Situation et bref historique

Le moulin de la Ronde assis en la rivière Vienne et situé sur la commune de Bonnes est cité, pour la première fois, en 1417 dans un jugement du sénéchal de l’évêque de Poitiers. Le moulin de la Ronde était alors le moulin banal de la seigneurie de la Tour de Jardres. Cette seigneurie, avec son moulin, est ensuite vendue par les héritiers de Jean de CRAMAUD aux Doyens et Chapitre de l’église cathédrale de Poitiers.

En 1535, on a un arrentement du moulin banal de la Ronde par les députés de messieurs de l’église de Poitiers qui indique que le moulin tourne et vire à deux roues, l’une à blanc et l’autre à méture, bâti à neuf. Le moulin devrait donc produire deux sortes de farine, une formée d’un mélange de froment et de baillarge (orge de printemps à 2 rangs de grains) et l’autre formée d’un mélange de froment et d’autres céréales diverses, comme l’escourgeon (orge d’hiver à 6 rangs de grains, connue depuis la préhistoire) ou l’avoine.

Le 15 mars 1679, il existe une sentence du conservateur des privilèges royaux condamnant messire CHASTEIGNER, chevalier, comte de St Georges et seigneur de Touffou à payer les arrérages et à la continuation de la rente de 100 livres.

Cette famille CHASTEIGNER gardera le moulin de la Ronde jusqu’à la fin du premier quart du XIXe siècle, il fut ensuite vendu au meunier qui l’occupait.

Un moulin, des métiers

Fonctionnement d'un moulin à eau

Schéma de principe du mécanisme d’un moulin à roue verticale avec transmission par engrenage – Source : http://blogpeda.ac-poitiers.fr – www2.ac-toulouse.fr ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le travail au moulin concernait différents métiers. Il y a, bien sûr, le meunier et ses aides chargés du travail effectif au moulin. Mais il existe également le métier de farinier qui, comme son nom ne l’indique pas, était chargé de la vente de la farine surtout aux paysans. Le farinier était souvent de la même famille que le meunier et habitait souvent au même lieu. Les recensements du XIXe siècle parlent du métier de gardien de moulin. Le gardien du moulin devait certainement être chargé de la permanence au moulin pour éviter un vol éventuel de farine.

En amont du travail au moulin, le meunier était très souvent propriétaire de terres qu’il faisait entretenir par des membres de la famille. Il cherchait évidemment à élargir ses terres grâce à des alliances avec d’autres propriétaires de terres.

En aval du moulin, il s’agissait de fabriquer le pain. Dans les campagnes les femmes étaient souvent chargées de faire le pain. L’assouplissement des règles sur la création des boulangeries permit au métier de boulanger de se développer dans les campagnes.

Les banalités furent supprimées après la révolution, ce qui permit aux meuniers de devenir propriétaires de leur moulin.

Les occupants du moulin de la Ronde

Recensements de la commune de Bonnes en 1848, archives départementales de la Vienne 86, famille Laurendeau au moulin de la Ronde

Bonnes – extrait du recensement de 1848 © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Louis LAURENDEAU, né vers 1620 et décédé en 1676 au village de Bourgueil, devait être meunier au moulin de la Ronde. Dans tous les cas, ses descendants seront meuniers de père en fils jusqu’au XXe siècle. Le dernier connu se prénommait également Louis et il décédera en 1947 à Bonneuil, Valdivienne, où il était meunier.

La génération la plus remarquable de ces meuniers est celle de François LAURENDEAU (°1814 †1883) marié à Marie Marguerite ROY.

Le recensement de 1846 ci-dessus permet de voir qu’il était le meunier du moulin de la Ronde. C’est sans doute ce meunier qui a acheté le moulin à son ancien propriétaire.

  • Le recensement cite sa femme et ses enfants, mais aussi 3 domestiques dont 2 LAURENDEAU.
  • Un autre meunier est également présent : Louis DUQUERROUX marié à une Louise ROY qui n’est autre que la sœur de Marie Marguerite ROY et donc un beau-frère de François LAURENDEAU.
  • Le recensement mentionne ensuite un Hilaire LAURENDEAU comme gardien du moulin. Cet Hilaire est sans doute propriétaire de terres au village de Bourgueil, car sa femme et son fils y sont notés comme tels dans le recensement de 1846. Hilaire est né en 1785 et il s’agit d’un oncle de François LAURENDEAU.
  • Toujours en 1846, on retrouve un Jean LAURENDEAU (°1795 †1857), cousin germain de François LAURENDEAU, installé comme meunier au moulin des Vieilles Ecluses, toujours à Bonnes. Ce moulin est situé en aval de celui de la Ronde.
  • A la même période, on recense, un Pierre LAURENDEAU, oncle de François, comme propriétaire de terres au village de Bourgueil.
  • Enfin, on note un autre François LAURENDEAU, frère de Jean, meunier aux Vieilles Ecluses, et donc cousin germain du François meunier au moulin de la Ronde. Ce cousin a commencé comme meunier au côté de son frère Jean avant d’épouser la veuve du boulanger de Bonnes, Françoise BONNEAU. Il deviendra donc le boulanger de Bonnes après son mariage en 1832.

Lors du recensement de 1866, on notera également un Pierre LAURENDEAU, qualifié du métier de farinier, donc de vendeur de la farine produite au moulin. Ce Pierre s’avère être un frère de François.

On voit bien comment une seule famille occupe tous les métiers associés au moulin. En amont, celui de propriétaire de terres, puis celui de meunier et de farinier et en aval celui de boulanger.

Les familles de meuniers LAURENDEAU au moulin de la Ronde, Bonnes, Vienne 86

Les meuniers et autres occupants au moulin de la Ronde de Bonnes évoqués dans cet article (données non exhaustives) ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Sources :


Le PLUS à consulter à lire dans la revue Herage, l’histoire des origines à nos jours par Pascal MILON de deux moulins de Saint-Martin-La-Rivière (actuellement regroupée avec Valdivienne) :

  • numéro 52 (mars 1996) : le moulin Milon, exploité par les ancêtres de Pascal MILON, une saga familiale de plus de 500 ans, une même lignée de meuniers qui a assuré l’existence de ce moulin.
  • numéro 59 (décembre 1997) : le moulin de La Vergne, ses fastes et ses aléas, qui a évolué entre la fin du XVe siècle et milieu du XXe, marqué par des rapports complexes entre meuniers, classes privilégiées et bourgeoisie.

Ci-dessous cartographie des lieux cités au cours de ce Challenge AZ.
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