#ChallengeAZ │ W… Le Wood-block au conservatoire de musique ?

Qu’est-ce qu’un wood-block ?

Le wood-block est un instrument de musique de percussion composé d’un morceau de bois creux sur lequel on tape avec un morceau de bois plein. Il en existe de toutes tailles.

 Le wood-block est à l’origine un instrument chinois appelé aussi ban. Il a été adopté par les premières formations de jazz et il est devenu par la suite très prisé des batteurs.

Où apprendre à jouer du wood-block ?

La meilleure façon de jouer du wood-block, c’est d’intégrer une école de musique ou un conservatoire de musique.

A Châtellerault, vous pouvez aller au conservatoire de musique Clément JANEQUIN.  Un petit historique des lieux s’impose ?

Le 17 août 1912, le conseil municipal propose d’organiser une école de musique municipale à l’usage de filles et de garçons[1]. L’année suivante, la décision est prise de faire une étude pour la création d’une école de musique municipale[2]. Mais la guerre survient et tout est arrêté.

Finalement, la création de cette école est décidée le 24 octobre 1919, avec le regroupement des deux ensembles existants  alors à Châtellerault « l’Harmonie » et « la Fanfare »[3]. Deux professeurs de solfège et de musique instrumentale sont nommés pour cette occasion.

Dans les années 1929/1930, les cours sont donnés à la mairie dans deux grandes salles de l’ancienne école désaffectée et les cours du soir ont lieu dans la salle d’audience de la justice de paix.

En 1936, Joseph-Raphaël MASSON réorganise l’école de musique sous le nom d’ « école gratuite de musique de l’Harmonie municipale ». Il en devient le premier directeur. L’école compte alors une trentaine d’élèves.

En 1962, l’école de l’harmonie devient « l’école municipale de musique » et s’installe progressivement dans l’ancien collège désaffecté, en plein centre ville, 8 rue de la Taupanne. A partir d’octobre  1964, les lieux sont aménagés et neuf salles sont occupées.

En 1968, l’école prend le nom de « Conservatoire municipal de musique » et est agréé par le ministre sous l’impulsion de Pierre-Yves Level en 1979. Son directeur est Emile LELOUCH, il y a 28 disciplines enseignées, 30 professeurs et 724 élèves.

En 1982, la danse vient rejoindre la musique, l’école devient « conservatoire municipal de musique et de danse ». Charles Kaiser vulgarisateur et pionner de la danse dans le châtelleraudais, devient le premier enseignant.

En 1984, Françoise MATRINGE devient directrice du conservatoire. L’école devient « école nationale de musique et de danse ».

En 1985, c’est l’année européenne de la musique[4].  La  directrice de l’école, aussi présidente du centre musical Clément JANEQUIN organise du 1 au 7 septembre, le 500éme anniversaire de la naissance de Clément JANEQUIN. Des expositions et des récitals sont organisés. Les chansons  « Pavane la bataille » et « Martin Menoit » de cet auteur sont interprétées.

Programme du concert du jeudi 5 septembre 1985, ACGC : 4PR17

Les lieux sont exigus et de plus en trop vétustes. Aussi de nombreux travaux sont effectués entre 1986 et 1988. Après les travaux, 19 salles sont utilisées ainsi qu’un auditorium, un studio de danse, une bibliothèque, un foyer ainsi que des locaux administratifs.

En 2002, l’école Nationale de musique et de danse devient un équipement culturel à vocation communautaire, géré par la communauté d’agglomération du Pays Châtelleraudais.

En 2007, l’école Nationale de musique et de danse (ENMD) devient conservatoire à rayonnement départemental (CRD).

En 2010, le CRD arbore un nouveau nom et devient « le conservatoire de musique et de danse à rayonnement départemental Clément JANEQUIN ».

Conservatoire de musique et de danse, Clément Janequin © C. Bourreau, novembre 2019

Pourquoi le nom de Clément JANEQUIN ?

Clément JANEQUIN est né vers 1485, à Châtellerault, fils d’Etienne et de Louise LIACHÈRE. C’est un compositeur de la Renaissance française. Il laisse une oeuvre très importante : plus de deux cent cinquante chansons françaises dont le chant des oiseaux, la guerre ou la bataille de Marignan, de cent cinquante psaumes et chansons spirituelles, des motets, deux messes et un madrigal italien.

En 2011, Le CRD déménage 1 rue Jean Monnet, dans le bâtiment de l’horloge, sur le site de la manu. Il est inauguré le 14 avril 2011.

Inauguration du conservatoire de musique et de danse, Clément Janequin © C. Bourreau, novembre 2019

Maintenant fort de ces renseignements vous pouvez vous rendre au conservatoire « Clément Janequin » pour apprendre à jouer de cet instrument particulier le « wood-block pour ensuite incorporer une formation de jazz.

[1] ACGC : 1D47. Délibération du conseil municipal, page 50.

[2] ACGC : 1D48. Délibération du conseil municipal, page 62.

[3] ACGC : 1D50. Délibération du conseil municipal, page 176.

[4] ACGC : 4PR17.

#ChallengeAZ │ B… Ecole de filles « Paul Bert » à Châtellerault

Création d’une école laïque de filles à Châtellerault.

Le 16 juin 1881, le ministre de l’Instruction publique Jules FERRY, rend l’enseignement primaire public et gratuit, et la loi du 28 mars 1882 impose également l’instruction primaire obligatoire de 6 à 13 ans un enseignement laïque.

Le conseil vote le 12 avril 1882, la création d’une école laïque de filles pour la ville [1]. Ce vote s’accompagne de certaines réserves. Ils veulent avoir la certitude que la subvention de l’état prendrait en charge les traitements des maîtres et adjoints pas seulement pour l’année 1883 mais aussi pour les années suivantes. Les ressources laissées libres seraient affectées à la construction de l’école. La copie de la délibération fut transmise par le préfet au ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts : Jules FERRY.

Après avoir reçu une réponse rassurante, le 7 août 1882 le conseil donne suite en indiquant : « nous nous trouvons en ce moment dans des circonstances tout à fait favorables au point de vue économique pour la réalisation de nos projets. » [2]

Le 12 septembre 1882, une maison d’école devra être construite pour recevoir 340  élèves dont 280 pourraient s’asseoir sur les bancs de l’école primaire et 60 sur ceux de l’école supérieure [3]. Les élèves de l’école primaire seraient répartis en quatre classes, une cinquième serait destinée à l’école supérieure. En outre conformément aux règlements, une salle serait aménagée pour les travaux d’aiguille. Enfin, cour et préaux couverts compléteraient l’école. L’instruction serait donnée par une directrice et 4 adjoints, qui, toutes devraient trouver leur logement dans cette même école et en dehors des bâtiments affectés aux classes. Le logement de la directrice se composerait d’un cabinet ou parloir et quatre chambres. Chaque adjointe n’aurait qu’une chambre.

Maintenant il faut trouver une maison ou un terrain central, bien aéré d’un accès facile et sûr, éloigné de tout établissement bruyant, malsain ou dangereux, d’une superficie de 16 à 1800 m2 environ.

Quatre propositions furent faites

  • LABBÉ et PROUTEAU vendent pour 115 000 francs une belle maison avec jardin donnant sur le boulevard Blossac et cour sur la rue Bourbon. La superficie est insuffisante, importances de dépenses à engager pour adapter les pièces à usage d’école (baies trop étroites, hauteurs inférieures à 4 m)
  • BORREAU offre de vendre pour 110 000 francs, la maison qu’il habite et où il exerce son commerce de tissus en gros, située rue du château à proximité du marché. Trop de travaux, problème de sécurité par voisinage du marché cœur du commerce de la ville.
  • FARGUES vend un terrain (8 francs le m2) rue Villevert et boulevard St Jacques, terrain trop éloigné de la ville
  • DUCELLIER propose de vendre 1800 m2 de son jardin à 8,50 francs le m2. L’école aurait au nord et à midi les jardins des maisons voisines, à l’ouest la rue Rasseteau et à l’est l’impasse de la Paix. La façade serait élevée dans la rue Rasseteau à 8 m en arrière de l’alignement afin d’isoler l’école des bruits de la rue. Coût du projet 108 033, 61 francs sans compter les frais d’enregistrement et actes.

La proposition de M. DUCELLIER est retenue.

Le 28 mars 1884, M. le ministre de l’instruction publique et des Beaux-Arts approuve, la création d’une école de filles  avec cours complémentaires à Châtellerault. Des modifications sont demandées par le ministre. Le 16 mai 1885, il est adopté de faire l’acquisition  de la maison Rabotteau et de 220 m2 de terrain à prendre en plus sur la propriété de DUCELLIER pour un total de 5370 francs [4].

L’école communale laïque de filles sera construite conformément au nouveau plan dressé par l’architecte de la ville M. COUTY comportant 7 classes au lieu de 5 pour un devis de 122 018,04 francs. Le maire est M. GODARD.

L’école est complètement finie en 1885. Il est nécessaire de prendre des dispositions pour qu’elle puisse être utilisée à la rentrée. L’école de filles est située rue Rasseteau.

Plan du quartier pour situer l’école de filles, extrait plan Châtellerault 1902

En août 1886, l’inspecteur d’académie et le conseil municipal décident la destination des huit classes :

  • école communales proprement dite avec 4 classes
  • cours supérieur : 1 classe
  • atelier de travail manuel dit de coupe et d’assemblage pour les enfants au dessus de 10 ans : 1 classe
  • salle de dessin : 1 classe
  • classe enfantine intermédiaire entre l’école communale et l’école maternelle pour les enfants de 4 à 7 ans : 1 classe

« Il est bien entendu qu’ainsi que vous l’avez décidé précédemment nous commencerons par ouvrir cette année l’école communale seulement et que les autres classes ne s’ouvriraient que lorsque nos moyens nous permettraient de pouvoir au traitement du personnel. Mais le mobilier scolaire serait prêt ».

En 1886, l’école de filles, rue Rasseteau est ouverte avec seulement les 4 classes de l’école communale. 
En 1897-1898, il y a 6 classes pour le primaire avec 333 filles et un cours complémentaire avec 20 filles avec une directrice, deux titulaires et 4 stagiaires.
Á la rentrée de 1900, il y a 439 élèves. Il y a 7 classes avec des enseignants titulaires et  la directrice qui est déchargée de classe.
En 1903, la distribution des prix du cours complémentaire et de l’école de fille de la rue Rasseteau a lieu le mardi 28 juillet, c’est M. MÉTAYER, inspecteur primaire de l’arrondissement qui occupe le fauteuil de président. Lors de la distribution des prix, Mme BOBIN, directrice de l’école, est félicitée car M. le ministre lui a décerné une médaille de bronze comme directrice[5].

Ecole de filles, rue Rasseteau, coll. C. Bourreau

La distribution des prix de l’école se déroule le 2 août 1911 au théâtre de Châtellerault sous la présidence de M. le commandant TOCHON, major du 32e d’infanterie. Il évoque la disparition de Mme GROLLIER qui était estimée et qui avait l’affection de tous et qui avait exercé pendant 15 ans[6].

Le 10 avril 1913, le conseil municipal délibère au sujet de l’affectation d’un logement à un instituteur  suite à un local disponible dans l’école.

En 1932, l’école est encore appelée « école de filles, rue Rasseteau », la directrice est Mme BERNUCHON et il y a sept adjointes[7]. L’inspecteur d’Académie est M. ONETO à Poitiers et l’inspecteur primaire est M. SOUCHÉ.

En 1933, l’école devient école « Paul-Bert ».

En 1936, l’âge minimum de l’instruction obligatoire passe à 14 ans par la loi du 9 août.

L’école Paul Bert Rue Rasseteau compte 400 inscriptions pour 8 maîtresses et l’effectif prévu jusqu’à 14 ans est de 385 élèves dès le 1er octobre prochain suite à l’allongement de la scolarité. Il faudrait à Châtellerault, la création de 4 emplois, deux en cours préparatoires de l’EPS de jeunes filles et deux postes l’un à l’école Henri Denard et l’autre à Paul Bert.

Afin d’éviter des constructions dans les deux écoles (Henri Denard et de Paul Bert), M. l’instruction soumet l’organisation suivante telle qu’elle a été étudiée par la municipalité : créer une école de quartier de quartier à Ozon comprenant une classe de filles et une classe de garçons. Les écoles de la ville seraient décongestionnées, elles garderaient un effectif de 40 à 45 élèves par classe et aucune construction nouvelle ne serait envisagée pour le moment. C’est ce qui a été fait.

En juillet 1941, les autorités allemandes décidèrent que le ramassage des doryphores se ferait par les élèves des écoles. Une lettre du 14 mai 1944 de la ville de Châtellerault est adressée à  Madame la Directrice école Paul Bert, rue Rasseteau concernant le ramassage des doryphores. En autre, le samedi 17 juillet est organisé pour ce ramassage. Les maîtresses sont Mme BOUTIN et RIVEAUD. Les champs sont ceux de M. VIAUD, les chaumeaux et de M. TOUZALIN, les trois cheminées. Trente enfants ont été convoqués pour le samedi 17 juillet, 16 étaient présents. Ils ont ramassé 410 insectes et larves.

La fin de l’école.

En septembre 2013, Les élèves sont accueillis pour la dernière fois à l’école Paul-Bert par Catherine BOUCHERON, qui assure l’intérim de direction avant de prendre celle de l’école Haigneré où les élèves déménageront à la Toussaint. Sylvie DECOURT-MESA arrivée en 1990 est la plus ancienne de l’école et Céline GUIMARD y est depuis six ans. Une nouvelle aventure attend ces élèves ainsi que les maîtresses dans des locaux neufs et agréables.

Le 18 octobre 2013, l’école ferme définitivement ses portes.

Deux ans après, la ville met en vente les bâtiments. Cet ensemble immobilier de la fin du XIXe siècle est composé de deux bâtiments et d’annexes (1.726 mde surface totale de plancher), ainsi que d’une grande cour. Ce site hautement symbolique – des milliers de Châtelleraudais y ont été scolarisés – a de beaux atouts. Mais il a aussi quelques inconvénients : il abrite de très vieux bâtiments qui n’ont pas été rénovés depuis plus de 30 ans. La façade en tuffeau est à l’image de l’ensemble, c’est-à-dire en mauvais état. «(Elle) nécessite d’importants travaux de restauration et le crépi est à refaire», précise d’ailleurs l’annonce.

En juin 2017, les bâtiments sont déclassés pour entrer dans le domaine public[8].

En 2019, les bâtiments sont en cours de reconversion avec la création de 9 logements locatifs.

 

[1] ACGC : 1D24. Délibération du conseil municipal du 12 avril 1882.
[2] Ibid. du 7 août 1882.
[3] Ibid. du 12 septembre 1882.
[4] AD 86 : 2 O 79 23.
[5] AD86 : http:/www.archives.departement86.fr. Le Mémorial du Poitou du 3 octobre 1903.
[6] Ibid. du 5 août 1911.

[7] Annuaire de Châtellerault 1932.
[8] ACGC : Délibération du 22 juin 2017.

#ChallengeAZ │ U… Usson, casse-tête pour le facteur

Usson-du-Poitou, Vienne 86, place de l'église

En France, sur la carte de Cassini, quatre villages portent le nom d’Usson :

  • un en Auvergne,
  • un autre dans le Forez,
  • un troisième dans le Poitou,
  • un quatrième en Charente.

Celui qui nous intéresse aujourd’hui est celui qui est dans la province du Poitou, au sud de Poitiers, maintenant dans le département de la Vienne, canton de Gençay. Au XIXe siècle, Usson devient Usson-du-Poitou.

Carte de Cassini issue de l’exemplaire dit « de Marie Antoinette » du 18éme siècle, Géoportail.fr ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Nous allons examiner comment et pourquoi Usson a changé de nom.

Si nous nous reportons au dictionnaire topographique du département de la Vienne, le village d’Usson se prénommait Victaria Icioninsis en 913. Le nom d’Usson est apparu début XVe siécle, avec Husson en 1408, Usson en 1479.

L’église du village est placée sous le vocable de Saint-Pierre. Les baptêmes, mariages, décès sont notés par les prêtres de la paroisse dans les registres paroissiaux de 1611 à 1792 où le nom d’Usson est indiqué. Les registres de 1611 à 1632 sont très dégradés, le nom d’Usson est par contre clairement indiqué de 1632 à 1792. 

Papier baptismal – Première page du registre de 1632 © Archives départementales de la Vienne

A partir de 1793, les  actes de naissances, mariages, décès sont notés dans les registres d’état civil qui sont tenus par les mairies. La commune est toujours nommée Usson.

Un bureau de poste est ouvert à Usson en 1830.  C’est un bureau de distribution. (source : « Marques postales de la Vienne » de Christian Bernard, édition 2016)

La cursive 80/Usson est utilisée par ce bureau (80 indique le département de la Vienne).

 

C’est en 1846, qu’apparaît sur les lettres, le nom de Usson-du-Poitou.

 

En 1857, le cachet confirme « Usson-du-Poitou »

 

 

En 1895, les registres d’état-civil indiquent par contre toujours le nom de la commune d’Usson.

Première page du registre des naissances d’Usson en 1895 © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Ce n’est que le 21 février 1895 qu’un décret est publié modifiant le nom d’Usson en Usson-du-Poitou.

Bulletin des lois de la République française n°1691 page 751

Dès l’ouverture du registre de 1896, le nom d’Usson-du-Poitou est indiqué sur la première page.

Première page du registre des naissances d’Usson en 1896 © Archives départementales de la Vienne

Depuis l’apparition du décret en 1895 la modification du nom d’Usson en Usson-du-Poitou est appliquée.

Il est à noter que les registres du recensement de la population de la commune, de 1851 à 1911, continuent d’indiquer Usson excepté pour l’année 1906.

En conclusion :

Le changement de nom a été initialisé officiellement par la poste en 1846. Comme il y avait plusieurs « Usson » dans la France, il était difficile de savoir où la lettre devait être acheminée aussi l’administration des postes a modifié le nom d’Usson en ajoutant la province française qui correspondait au village. Ensuite il a été demandé à l’administration française d’entériner cette modification dans les documents officiels ce qui fut fait en 1895 soit près de 50 ans plus tard..

Pour les Ussonnais et les Ussonnaises, il est toujours dit : « Usson ».

Ci-dessous cartographie des lieux cités au cours de ce Challenge AZ.
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#ChallengeAZ │ T… De Thuré en Mauritanie, hommage à un combattant vétérinaire

Léon Olivier AMIET, vétérinaire, né à Thuré, combattant en Mauritanie

Léon Olivier AMIET © photo Cl. BOURREAU

En allant au cimetière de Thuré, sur les tombes de nos ancêtres, je suis intriguée par un monument funéraire qui se trouve à l’entrée près de la grande porte à double battant. Ce monument indique le nom du lieutenant O. AMIET, son lieu et sa date de décès et donc j’ai décidé de faire des recherches sur cette personne.

Sa naissance

Léon Olivier AMIET est né le 11 avril 1882 à Thuré. Il est le fils de Jules, âgé de 26 ans et de Marie JOLLY, âgée de 28 ans, tous deux mariés à Thuré le 6 mai 1878. Ses grands-parents du côté paternel sont François AMIET et Jeanne BRUNEAU et du côté maternel Jean JOLLY et Marie BARBOTTIN. Il a eu quatre frères : Firmin Jules François, Norbert (décédé quelques jours après sa naissance), Emile Romain et Jules.

Acte de naissance de Léon Olivier AMIET à Thuré, Vienne, vétérinaire, généalogie

Acte de naissance de Léon Olivier AMIET – Registres de Thuré NPMD 1878-1882 vue 142 © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Son parcours d’étudiant

Léon Olivier fréquente l’école primaire de Thuré puis fait ses études à Châtellerault. En 1901, il entre à l’école vétérinaire d’Alfort et en sort diplômé en juillet 1905 (il est 48e sur 63 et le seul de la Vienne cette année-là).

Son parcours militaire

Après une année passée comme aide vétérinaire stagiaire à l’école d’application de cavalerie de Saumur, il est affecté au 25e dragon le 29 juillet 1906 avec le grade d’aide vétérinaire. En octobre 1906, il passe au 5e chasseur à Neufchâteau.

Il est un des premiers adhérents de l’association amicale des vétérinaires militaires. Il devient vétérinaire militaire par décision du 26 février 1908 au 5e régiment de chasseur. Placé hors cadre, il doit attendre les instructions du ministre des colonies et est mis à la disposition du gouverneur de l’Afrique Occidentale qui lui confie par la suite « la mission de contribuer à l’organisation des compagnies de méharistes qui devaient opérer sur les confins de l’Adrar (Mauritanie) et d’étudier les diverses maladies qui sévissaient sur les chameaux de cette région ». (La semaine vétérinaire du 27 mai 1911)

Le 10 juin 1908, son chef part à la recherche d’un puits. Pendant ce temps, AMIET resté à Talmest conserve le détachement avec 60 hommes, 1 mitrailleuse, 80 chameaux et les objets de campement.

Le 14 juin 1908, il se heurte à une forte bande de guerriers fanatiques armés de fusils à tir rapide qui vient d’exterminer la colonne du capitaine MANGIN. Il organise la défense, sa mitraillette refuse de fonctionner, les chameaux sèment le désordre dans le camp. Il résiste jusqu’à une heure du matin et une charge de baïonnette déroute complètement l’ennemi. Le détachement perd 12 personnes et on dénombre 11 blessés pendant cette attaque. Le 20 juin, Léon Olivier adresse un rapport relatant les péripéties du combat. Pendant les combats, deux balles ont traversé son casque.

Après ce brillant fait d’armes, apprécié par ses camarades comme un des plus beaux sous le drapeau français en Afrique Occidentale, il est proposé à vingt six ans à la légion d’honneur. Le 1er septembre 1908, il est nommé vétérinaire en second.

Son décès

Le 15 décembre 1908, il meurt à Moudjera (ville au centre de la Mauritanie située dans la région du Tagant) des fièvres paludéennes non loin du champ de bataille de Talmest, sans avoir eu le temps d’être décoré.

M. Ansbert LAQUERRIERE (1837-1915), ancien vétérinaire militaire, rend un hommage ému à Olivier AMIET,  « jeune vétérinaire en 2e, pour sa belle conduite en Mauritanie au combat de Talmest qu’il a dirigé quand les chefs ont été tués. Il ramena les débris de la colonne. Il a succombé aux suites d’anémie et de paludisme quelques temps après ce glorieux fait d’armes. C’est un nom de plus à inscrire dans le livre d’or des vétérinaires militaires que j’ai créé à Saumur. » (Le bulletin de la Société des sciences vétérinaires de Lyon du 27 mars 1909)

En août 1909, M. le vétérinaire principal Eugène AUREGGIO (1844-1924) adresse aux députés de la Vienne une supplique en vue d’obtenir la restitution à la famille de la dépouille mortelle. Le gouvernement de l’Afrique Occidentale écrit à la famille dans les termes suivants : « J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’en raison de la belle conduite de votre regretté fils au combat de Talmest et des fatigues qu’il s’est imposé en Mauritanie, j’ai décidé que l’administration de l’Afrique occidentale prendra à sa charge les frais d’exhumation et de transfert des restes mortels à Thuré (Vienne) ». (La revue vétérinaire 1910)

Le 15 décembre 1909, l’acte de décès est retranscrit dans les registres de l’état-civil de Thuré.

Transcription partielle de l’acte de décès de Léon AMIET faite sur les registres de Thuré le 25 octobre 1909 (NPMD 1908-1909 vue 72) © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

En décembre 1910, une circulaire autorise les militaires à participer à la souscription ouverte en vue de l’érection d’un monument au vétérinaire AMIET.

Le 25 avril 1911, les cendres arrivent à Châtellerault et le 26 avril il est inhumé dans le cimetière de Thuré. Sur le char funèbre décoré de faisceaux de drapeaux étaient fixées de splendides couronnes en fleurs naturelles et artificielles. Les cordons du poële (drap funéraire) étaient tenus par M. ESCLAUZE, vétérinaire en 1er du 25e dragons, par M. MOREAU de Sossais, par un lieutenant des services administratifs du génie et par un condisciple du défunt.

Au cimetière, cinq discours furent prononcés par :

  • Le Maire de Thuré,
  • M. ESCLAUZE, vétérinaire de l’armée et représentant de l’association amicale des vétérinaires militaires,
  • M. BOLTZ, vétérinaire au nom de la Société des vétérinaires de la Vienne,
  • M. le Président de l’association des anciens élèves du collège de Châtellerault,
  • M. le Principal du collège de Châtellerault.

Les journaux nationaux comme « Gil Blas », « L’Univers », « La Croix » informent leurs lecteurs du décès d’Olivier AMIET.

Nécrologie dans le périodique « L’Univers » du 04 janvier 1909

Thuré rend hommage à Olivier AMIET

Monument hommage à Léon Olivier AMIET, cimetière de Thuré © photo Cl. BOURREAU ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Un monument est inauguré le 7 juillet 1912 à Thuré.

Le ministre de la Guerre est représenté par le lieutenant colonel JANIN du 32e régiment d’infanterie. Celui-ci est accompagné d’une délégation d’officiers de la garnison de Châtellerault. Des discours sont prononcés par M. CHAMPIGNY, maire de Thuré, le lieutenant-colonel JANIN, le vétérinaire départemental BOTZ, le président de l’Amicale des anciens élèves du collège de Châtellerault. La fanfare de Thuré joue « La Marseillaise » et de nombreuses couronnes sont déposées au pied du monument.  M. le commandant CHAMPIOT, président du souvenir français dépose au nom du siège social de Paris, une couronne au pied du monument. Une palme est déposée au nom de ses camarades sur sa tombe par M. DUVAU.

Je rends hommage à ce combattant vétérinaire en Mauritanie.

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