En 1884 le Préfet de la Vienne, représentant de l’État, demande à la commune de Dissay la création d’une école publique de filles.
La municipalité traîne des pieds… Le 26 septembre 1884 le Conseil municipal a protesté (1) « … le besoin ne s’est pas fait sentir, la commune étant déjà largement dotée sous ce rapport » . [il y a une école tenue par les sœurs des Filles de la croix de St-André à La Puye]
Néanmoins, le 6 février 1885 le Maire répond au Préfet qu’il a cherché un local et propose « une vaste salle dépendant de la mairie et située au centre même de la commune, elle a servi de salle de classe pour les garçons jusqu’en 1880 ». Cette salle, plus une chambre pour l’institutrice, est mise gratuitement à disposition.
Mais de son côté l’Inspecteur a trouvé un autre local, plus grand : une maison à louer (500 francs par an), au Pont, en dehors du village, de l’autre côté de la rivière.
[Cette maison appartient à M. BUGEANT, qui se trouve être le père de l’instituteur;]
S’ensuit alors un échange de courriers avec le Préfet :
Le 26 février 1885 le Maire défend son projet « offert gratuitement » et « situé au centre du chef-lieu de la commune, et non entre deux auberges et un débit de vin dans un endroit isolé ».
Le 3 mars 1885 c’est l’Inspecteur d’Académie qui conteste le choix du Maire « il est impossible d’y loger convenablement une institutrice et l’école communale de filles ».
Et il défend la proposition de l’Inspecteur primaire : « Monsieur le Maire parle de deux auberges, je n’ai vu qu’une maisonnette sans enseigne où un habitant vend du vin de sa récolte dans une petite pièce où quelques voyageurs s’arrêtent de temps en temps, surtout les dimanches » (!)
Mais il demande quand même au-dit Inspecteur primaire d’aller visiter sérieusement le local proposé par le Maire, puisque celui-ci lui transmet dès le 14 mars son compte-rendu de visite.
Donc : 14 mars 1885, compte-rendu très détaillé, suivi de la liste des inconvénients (page 3 de la lettre sus-dite).
1- l’instituteur devrait traverser la cour des filles pour arriver à son école, « ce qui n’est pas admissible »
2- la cour des garçons, amputée d’une partie, serait alors trop petite,
3- mais l’inconvénient le plus grave concerne le logement prévu pour l’institutrice, situé au 2ème étage :
« Pour y arriver il faudrait monter par l’unique escalier qui, du rez-de-chaussée, conduit aux appartements de l’instituteur et de son adjoint. Quelle est la maîtresse soucieuse de sa réputation qui voudrait accepter une telle situation ! Ce serait déconsidérer et l’instituteur et l’institutrice. » …
Il conclut en reconnaissant que ce serait une formule économique, « mais il est, ce me semble, une chose qu’on ne saurait payer trop cher : c’est la bonne réputation des maîtres de l’enfance, de ceux qui, à tous égards, doivent inspirer confiance aux familles et donner à leurs élèves l’exemple d’une conduite irréprochable et d’une moralité non suspecte. »
Comment cela s’est-il terminé ?
L’Inspection a obtenu gain de cause auprès du Préfet, la moralité de l’institutrice a été sauvegardée !
Le Maire a demandé à être déchargé de toute responsabilité concernant ce choix, et la maison près du pont a été louée 500 francs par an, pour une durée de 9 ans.
Au recensement de 1886 on y trouve l’institutrice, Marie LIÈGE et ses 3 enfants.
Mais, le 29 mars 1887 le Préfet a envoyé une lettre au Maire de Dissay : l’État ne peut plus payer… il faut acheter ou construire une école !
La mairie achètera donc une maison avec l’accord du Préfet, et ils obtiendront une subvention pour les travaux.