Enfants trouvés à Poitiers

Dans la revue Herage n° 17 page 19, Simone DUPRÉ évoque ses recherches sur les enfants trouvés dans la Vienne.

C’est lors de recherches généalogiques à Persac que fut découvert dans un registre d’état-civil un dossier d’enfant « trouvé dans un panier » en 1811. On lui donne le nom de Julie Elisabeth DUPAGNIER. La lecture des registres matricules des enfants trouvés n’a pas permis de connaître son destin, mais en feuilletant ces registres on ne peut qu’être ému par le nombre de décès de ces pauvres enfants dans les premiers jours de leur vie. Un tragique bilan qui motive les recherches qui vont suivre.

Dans les registres matricules on peut se documenter sur le nombre de naissances et décès, des « remis aux parents », des rares adoptions, sur les lieux d’abandon, les prénoms et surnoms et leurs vêtements lors de cet abandon.

Dans le dictionnaire, depuis 1694 jusqu’aux plus récents, la définition ne varie guère :
1694 dictionnaire Furetière : « enfants trouvez sont des enfants exposés dont les père et mère sont inconnus« . (lien vers Gallica)
1975 dictionnaire Quillet : « enfant trouvé : enfant abandonné par ses parents et recueilli par d’autres ou par l’assistance publique« .

Dans une étude historique les concernant (liasse J.11 71 AD86), on s’aperçoit qu’au fil des siècles les abandons furent très nombreux. On a toujours cherché à améliorer leur sort, en vain d’ailleurs par manque de ressources.

Dans un livret remis aux malades à leur entrée à l’Hôtel-Dieu, il y a quelques années, l’historique des hôpitaux de Poitiers y figurait. Ces hôpitaux furent nombreux au moyen-âge mais disparurent peu à peu. Cependant l’un d’entre eux est à l’origine de l’Hôtel-Dieu actuel (ex. Grand Séminaire). C’était l’aumônerie Notre-Dame ou Hôtel-Dieu, située face à la collégiale Notre-Dame-La-Grande qui recevait malades et enfants trouvés. Il faudra attendre 1793 et la vente des biens nationaux pour voir le transfert de l’Hôtel-Dieu au Grand Séminaire. Le deuxième établissement à recevoir ces enfants était l’Hôpital Général (Jean-Macé) où les enfants travaillaient dans les ateliers dés 7 ans.

Les lieux d’abandon

On les lève près des boutiques dans les rues commerçantes du centre ville, près des églises, beaucoup rue de Cordeliers. Ces enfants sont exposés à « mille accidents » au moment des abandons. Les autorités s’en préoccupent et on parle dés le XVIIIe siècle de l’ouverture d’un tour. Celui-ci fonctionnera de 1792 à 1796 puis de 1811 à 1860 à l’Hôtel-Dieu. « On ferait mettre un berceau tournant dans le mur de clôture de la cour de l’hôpital qui communiquerait au dehors où chacun pourrait y apporter les enfants nuitamment qu’on lèverait dés l’instant en avertissant par une sonnette qui serait posée à cette fin. » (AD86 H Dépôt 115 Hôtel-Dieu, liasse 3 E 6)

Un enfant est trouvé ou « levé », que devient-il ?

Les autorités requièrent le lieutenant de police, un greffier, une « servante » de l’Hôtel-Dieu. Un procès verbal de levée est fait. Puis l’enfant est mené à l’église où on le baptise. Puis il est admis à l’Hôtel-Dieu. Il y restera un jour ou plus, selon son état de santé, puis partira chez une nourrice.

Les causes principales de ces abandons sont la misère, la honte, les guerres, la débauche. Il y a une mortalité constante chez ces nourrissons. Le pourcentage des décès de moins de 2 ans est effrayant. On meurt en nourrice ou à l’hôpital mais les décès en nourrice sont très nombreux. Celles-ci sont de pauvres femmes des petits villages autour de Poitiers, d’une « extrême indigence », incompétentes, vivant dans des maisons sans hygiène. Elles ne sont pas contrôlées. Elles ne le seront qu’en 1856.

Quelques enfants seront adoptés par les nourrices, ce sera une « main-d’œuvre facile ». D’autres seront remis à leurs parents, leur mère le plus souvent (10%). Les professions des mères étaient celles de domestiques, servantes, couturières, lingères.

Certaines mères pensaient reprendre leur enfant lorsque leur situation se serait améliorée d’où des petits objets attachés à leurs vêtements afin de les reconnaître. Ces vêtements étaient modestes. Mais on accumule les vêtements en mauvais état le plus souvent. On a peur du froid, on fait tout ce qui est possible avec de modestes moyens. Sur les vêtements (dont la description est minutieuse sur les registres), souvent un billet porte leur prénom. On y ajoutera un surnom rappelant le lieu de l’abandon ou des particularités variées : La Fleur, L’Eveillé, Pelage, Boulanger, Acadie. Au XIXe siècle afin que les mères ne puisent reprendre leurs enfants en tant que nourrices payées, l’administration donne un nom et un prénom sans tenir compte des prénoms donnés par la mère.

Au fil des siècles, nombreuses furent les tentatives pour diminuer les abandons et améliorer le triste sort de ces enfants. Mais c’est seulement à partir de 1806 puis 1811 et 1856 que des lois en leur faveur commencèrent à améliorer leur sort et celui des mères. Mais il faudra attendre le XXe siècle pour voir apparaître un changement de mentalité qui ne les rejette plus mais les difficultés subsistent encore.


Sources : AD86 Registres matricules des enfants trouvés et abandonnés 3 X 101 à 109, mémoire de maîtrise n°73 de Christian PINET, mémoire de maîtrise n° 82 de Monique ROBIN, bulletin des antiquaires de l’ouest 1913 « assistance publique à Poitiers » par A. RAMBAUD.

Pour en savoir plus :
Regards sur l’enfance : les enfants abandonnés et exposés à Poitiers au XVIIIe siècle (université de Poitiers)
La vêture des enfants trouvés

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Nouvelles fonctionnalitées sur le site des AD pour les listes de recensement

Les Archives Départementales de la Vienne nous ont fait part d’une nouveauté concernant les listes de recensement de population en ligne sur le site internet des Archives départementales.

Jusqu’à présent, ces listes, numérisées et en ligne de 1836 à 1901 inclus, étaient accessibles uniquement à partir du nom de la commune et de l’année de recensement concernées. Désormais, pour les listes de recensement entre 1836 et 1891 inclus, il sera possible de les interroger aussi sur le nom, le prénom ou la profession des personnes recensées.

Chacun est invité à participer à l’enrichissement de cette indexation, qui comporte pour le moment déjà près de 6 000 entrées. Plus le nombre d’entrées d’index sera élevé, plus les résultats des interrogations sur le site seront précis. Les adhérents du CGP qui souhaiteraient participer à ce chantier sont donc les bienvenus : ils trouveront sur le site des AD toutes les indications nécessaires pour contribuer à l’indexation.

Chacun est invité à relayer cette information.

La numérotation sosa

La numérotation utilisée dans la généalogie ascendante se nomme SOSA.

Elle est extrêmement utilisée car elle permet, une fois le point de départ fixé, d’identifier sans ambigüité tout ascendant d’une personne.

Cette numérotation provient (source wikipedia) de Jérôme de Sosa qui présenta en 1676 une méthode de numérotation des ancêtres pour les généalogies ascendantes. Il reprend en cela la méthode d’un autre auteur : Michel Eyzinger qui, en 1590, avait déjà utilisé un système de numérotation similaire.

Cette méthode fut reprise en 1898 par Stephan Kekulé von Stradonitz (1863-1933). Ce généalogue, fils du chimiste renommé Friedrich Kekulé von Stradonitz, popularisa la méthode dans son Ahnentafel-Atlas. Ahnentafeln zu 32 Ahnen der Regenten Europas und ihrer Gemahlinnen (Berlin : J. A. Stargardt, 1898-1904), contenant 79 tableaux d’ascendance de souverains européens ou de leurs conjoints.

Elle attribue le numéro 1 à l’individu étudié (le sujet, appelé « de cujus » par certains, « probant » par d’autres) puis le numéro deux à son père et trois à sa mère. Chaque homme a un numéro double de celui de son enfant (2n) et chaque femme un numéro double de celui de son enfant, plus un (2n + 1).

Elle s’appuie donc sur les multiples de 2.

En conséquence, l’enfant d’une personne porte le numéro correspondant à la moitié de la numérotation de son père ou de sa mère et, à l’exception du numéro 1 qui est le point de départ de la numérotation (aussi nommé « de cujus »), une personne portant un numéro pair est un homme, et une personne portant un numéro impair est une femme sauf, bien sur, le numéro 1.

Un couple est toujours représenté par deux numéros consécutif dont le premier est paire. Ce numéro paire indique l’homme, et le numéro suivant, nécessairement impaire, indiquant la femme.

Autre conséquence, un enfant porte le numéro de la moitié de celui de ses parents et un petit enfant, le numéro correspondant au quart de ses grands-parents. Cette numérotation est infinie et permet de classer les générations même si certains ascendants ne sont pas connus.

Quelques exemples concrets :

  • Les parents de la personne de numéro 7 portent les numéro 14, pour le père, et 15 pour le mère.
  • Le père de la personne de numéro 13 a le numéro 26.(2*13)
  • La mère de la personne de numéro 13 a le numéro 27 (2*13+1)
  • L’enfant de la personne de numéro 28, a le numéro 14. (28 divisé par 2)
  • La personne de numéro 28 est un homme (numéro paire)
  • La personne de numéro 37 est une femme. Son enfant a le numéro 18, son père a le numéro 74 et sa mère le numéro 75.