Herage 142

revue Herage, cercle généalogique poitevin, CGP

Le troisième numéro de l’année 2018 est sur les rotatives. Surveillez vos boîtes aux lettres, vous allez le recevoir dans les prochains jours ! Les abonnés peuvent d’ores et déjà le consulter en version numérique (sur le site herage.org, rubrique « Adhérents », puis « Compte », puis « consultation du dernier Herage »).

Ce dernier bulletin a une saveur particulière. D’abord parce qu’il rend hommage à des personnalités originaires de la Vienne qui chacune dans son domaine a particulièrement mis en valeur le patrimoine poitevin. Puis, parce qu’il annonce le programme de nos journées d’échanges qui se tiendront prochainement à Bignoux. Toute l’équipe du CGP est sur le pont depuis des mois pour que ces rencontres soient une réussite.

Au sommaire :

  • Un hommage à Joël ROBUCHON, chef cuisinier le plus étoilé au monde, qui ne manquait jamais une occasion de vanter sa région natale. Il cousinait avec de nombreuses personnalités et beaucoup d’adhérents étaient fiers de pouvoir le compter parmi leurs cousins.
  • Les aventures généalogiques de Pierre DELAMOTTE, un Loudunais extravagant qui s’était auto-proclamé Roi de Navarre.
  • Le portrait de Marie Blanche PAILLÉ alias Francine POITEVIN, institutrice et ethnographe, mais surtout femme passionnée, collectionneuse qui a su si bien raconter la ruralité qu’elle côtoyait de près. 
  • Trois personnalités qui ont marqué de nombreux écoliers : Camille GUÉRIN, co-découvreur du BCG avec Albert CALMETTE, et André et Madeleine ROSSIGNOL, créateurs des cartes du même nom. Ces personnalités seront à l’honneur de nos journées d’échanges par le biais de conférences et d’expositions.

Et toujours des quartiers d’adhérents ou encore des relevés insolites comme la liste des divorcés de la Vienne pendant la Révolution.

Programme des journées d'échanges du cercle généalogique poitevin à Bignoux les 06 et 07 octobre 2018

Demandez le programme ! clic sur l’image pour l’agrandir

Voir sur le site herage.org pour s’abonner ou pour consulter tous les sommaires des revues déjà parues.

Herage 141

revue Herage, Cercle Généalogique Poitevin, 2e trimestre 2018

Herage, bulletin n° 141

Le deuxième numéro de l’année 2018 arrive bientôt dans les boîtes aux lettres mais il est d’ores et déjà consultable en version numérique (sur le site herage.org, rubrique « Adhérents », puis « Compte », puis « consultation du dernier Herage »).

Tous les adhérents, qu’ils soient abonnés ou non, vont pouvoir consulter ce numéro afin que tous puissent prendre connaissance du compte rendu de notre dernière assemblée générale qui s’est déroulée à Civaux.

Ce dernier bulletin vous offre une balade aux quatre coins de notre département :

  • du côté de Loudun avec l’évocation de Jules GOUIN, ferblantier, et de Jean-Charles CORNAY, martyr au Tonkin, tous deux originaires de cette commune,
  • du côté de Charroux où un curé se permet certaines libertés qui s’apparentent à un délit de concussion,
  • du côté de Persac où la justice de la châtellenie de la Brûlonnière va instruire un procès criminel pour avoir laissé mourir un enfant sans baptême,
  • du côté de Poitiers où l’on apprend qu’il est parfois utile de marcher les yeux rivés sur ses chaussures plutôt que le nez en l’air.

Et toujours des quartiers d’adhérents ou encore le coin lecture qui vous donnera des idées pour occuper vos après-midis d’été…

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Le chapelain, ma femme… et moi

Mars et Venus surpris par Vulcain par Louis-Jean-François LAGRENEE (1725-1805) Musée du Louvre

Mars et Venus surpris par Vulcain par Louis-Jean-François LAGRENEE (1725-1805) Musée du Louvre

Parmi les documents relatifs à l’histoire du Poitou qui sont consultables sur Gallica, nous trouvons 12 volumes qui regroupent les actes royaux du Poitou entre 1302 et 1483. Il s’agit du « Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France » qui avait été publié au XIXe siècle par Paul GUERIN (1845-1911), archiviste-paléographe aux Archives nationales.

Ces textes révèlent des renseignements sur les institutions et l’histoire des villes ou des communautés religieuses mais également sur les mœurs de la population.

Au détour des textes qui sont au demeurant très sérieux, nous avons déniché cette lettre de rémission dont l’histoire est digne d’un vaudeville qui aurait pu inspirer quelques bons auteurs de comédies de boulevard. (parution dans le Herage n° 45)

Rémission accordée à André GAUVAIN, de Senillé, pour le meurtre de frère Jean TRANCHÉE, religieux de Saint-Hilaire de la Celle et chapelain de Senillé, qui avait séduit sa femme.

Charles, par la grâce de Dieu roy de France, nous faisons savoir à tous, présents et avenir, que nous a été exposé la cause d’André GAUVAIN, pauvre laboureur de la paroisse de Senillé près Châtellerault.

La nuit suivant le dimanche après la dernière Toussaint, le dit exposant et sa femme étaient couchés en leur lit bien tard et lui endormi, lorsque feu frère Jehan TRANCHÉE, religieux de Saint Hilaire de la Celle et chapelain de la dite paroisse, est venu dans sa maison et s’introduisit dans le lit où lui et sa femme étaient couchés et se prit à la dite femme pour avoir sa compagnie charnelle.

Alors que le dit exposant s’éveilla et entendit que le dit religieux se couchait au côté de sa femme et voulait avoir sa compagnie, il en fut très courroucé. Le dit exposant se prit au dit religieux et pensa le frapper d’un bâton, mais le dit religieux s’échappa et s’en alla de la maison. Le dit exposant irrité par les faits, frappa un peu sa femme, et lors, ainsi comme il la battait, le dit religieux l’entendit et vint à la porte du dit exposant, en lui disant : « villain matin, tu as battu et bas ta femme pour et en despit de moy. Ys hors de ton hostel, car il n’est plus riens de toy », et plusieurs autres menaces et paroles injurieuses.

Alors le dit exposant prit en son poing une petite hache et sortit. Et sitôt dehors, le dit religieux lui couru après et voulut le frapper violemment d’une grande barre de bois qu’il tenait en sa main ; et ainsi comme le dit exposant vit venir le coup, se recula un peu et pour peur que le dit religieux ne le tua et pour parer à son malice, le frappa à la tête d’un seul coup de la dite hache. Après ce coup, le religieux s’en alla chez lui et se coucha en son lit. Parce que le dit religieux ne se fit point visiter ou autrement, mort s’ensuivit en sa personne. Le dit exposant, redoutant la rigueur de la justice, s’est absenté du pays, où il n’oserait jamais retourner, si notre grâce ne lui était accordée.

En nous requérant humblement, vu que le dit exposant a toujours été de bonne réputation, renommée et conversation honnête, sans avoir été accusé d’aucun autre vilain blâme et qu’il est chargé de femme et de 4 petits enfants, lesquels sont en aventure d’être à tout jamais pauvres et mendiants, sur ce nous voulons lui accorder notre grâce.

Pour quoi nous, ces choses considérées, etc., à André GAUVAIN, au cas dessus dit, avons acquitté, remis et pardonné, etc. Donnons en mandement au bailli des ressors et Exemptions de Touraine, d’Anjou, du Maine et de Poitou, etc. Donné à Tours, au mois de novembre l’an de grâce mil trois cent quatre vingt et onze, et de notre règne le 12e.

Source : Les Archives historiques du Poitou volume 6 (lien Gallica)

Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire :  » Adieu prudence! »
(Le loup amoureux, Jean de La FONTAINE)

 

 

 

Herage 140

Herage 140

Le premier numéro de l’année 2018 est bouclé ! Vous êtes abonnés ? Vous devriez le voir arriver dans vos boîtes aux lettres début mars. Vous pouvez d’ores et déjà le consulter en version numérique (sur le site herage.org, rubrique « Adhérents », puis « Compte », puis « consultation du dernier Herage »).

Au sommaire :

  • Sauvegarde du patrimoine ou comment cinq membres du CGP ont procédé à une opération de restauration d’un cimetière protestant à Rouillé.
  • Gilbert LANDRY, le premier aviateur de la Vienne.
  • Du champ d’honneur…au champ de « patates » : si vous voulez savoir ce qu’a pu devenir votre ancêtre au cours d’une bataille napoléonienne.
  • Un bien curieux bouton ou comment un simple bouton devient le prétexte à une enquête qui vous mènera jusqu’au château de Touffou à Bonnes.
  • Jazeneuil, d’un mariage à un procès : une autre enquête à travers les actes notariés.
  • Les poitevins guinchent au bord de l’eau avec l’évocation des anciennes guinguettes de Poitiers.
  • Et toujours des quartiers d’adhérents et des cousinages entre adhérents ou avec des célébrités…

Pour s’abonner, voir sur le site herage.org, rubrique « Accueil », puis « L’adhésion au cercle » ou contact cgp@herage.org

Enfants trouvés à Poitiers

Dans la revue Herage n° 17 page 19, Simone DUPRÉ évoque ses recherches sur les enfants trouvés dans la Vienne.

C’est lors de recherches généalogiques à Persac que fut découvert dans un registre d’état-civil un dossier d’enfant « trouvé dans un panier » en 1811. On lui donne le nom de Julie Elisabeth DUPAGNIER. La lecture des registres matricules des enfants trouvés n’a pas permis de connaître son destin, mais en feuilletant ces registres on ne peut qu’être ému par le nombre de décès de ces pauvres enfants dans les premiers jours de leur vie. Un tragique bilan qui motive les recherches qui vont suivre.

Dans les registres matricules on peut se documenter sur le nombre de naissances et décès, des « remis aux parents », des rares adoptions, sur les lieux d’abandon, les prénoms et surnoms et leurs vêtements lors de cet abandon.

Dans le dictionnaire, depuis 1694 jusqu’aux plus récents, la définition ne varie guère :
1694 dictionnaire Furetière : « enfants trouvez sont des enfants exposés dont les père et mère sont inconnus« . (lien vers Gallica)
1975 dictionnaire Quillet : « enfant trouvé : enfant abandonné par ses parents et recueilli par d’autres ou par l’assistance publique« .

Dans une étude historique les concernant (liasse J.11 71 AD86), on s’aperçoit qu’au fil des siècles les abandons furent très nombreux. On a toujours cherché à améliorer leur sort, en vain d’ailleurs par manque de ressources.

Dans un livret remis aux malades à leur entrée à l’Hôtel-Dieu, il y a quelques années, l’historique des hôpitaux de Poitiers y figurait. Ces hôpitaux furent nombreux au moyen-âge mais disparurent peu à peu. Cependant l’un d’entre eux est à l’origine de l’Hôtel-Dieu actuel (ex. Grand Séminaire). C’était l’aumônerie Notre-Dame ou Hôtel-Dieu, située face à la collégiale Notre-Dame-La-Grande qui recevait malades et enfants trouvés. Il faudra attendre 1793 et la vente des biens nationaux pour voir le transfert de l’Hôtel-Dieu au Grand Séminaire. Le deuxième établissement à recevoir ces enfants était l’Hôpital Général (Jean-Macé) où les enfants travaillaient dans les ateliers dés 7 ans.

Les lieux d’abandon

On les lève près des boutiques dans les rues commerçantes du centre ville, près des églises, beaucoup rue de Cordeliers. Ces enfants sont exposés à « mille accidents » au moment des abandons. Les autorités s’en préoccupent et on parle dés le XVIIIe siècle de l’ouverture d’un tour. Celui-ci fonctionnera de 1792 à 1796 puis de 1811 à 1860 à l’Hôtel-Dieu. « On ferait mettre un berceau tournant dans le mur de clôture de la cour de l’hôpital qui communiquerait au dehors où chacun pourrait y apporter les enfants nuitamment qu’on lèverait dés l’instant en avertissant par une sonnette qui serait posée à cette fin. » (AD86 H Dépôt 115 Hôtel-Dieu, liasse 3 E 6)

Un enfant est trouvé ou « levé », que devient-il ?

Les autorités requièrent le lieutenant de police, un greffier, une « servante » de l’Hôtel-Dieu. Un procès verbal de levée est fait. Puis l’enfant est mené à l’église où on le baptise. Puis il est admis à l’Hôtel-Dieu. Il y restera un jour ou plus, selon son état de santé, puis partira chez une nourrice.

Les causes principales de ces abandons sont la misère, la honte, les guerres, la débauche. Il y a une mortalité constante chez ces nourrissons. Le pourcentage des décès de moins de 2 ans est effrayant. On meurt en nourrice ou à l’hôpital mais les décès en nourrice sont très nombreux. Celles-ci sont de pauvres femmes des petits villages autour de Poitiers, d’une « extrême indigence », incompétentes, vivant dans des maisons sans hygiène. Elles ne sont pas contrôlées. Elles ne le seront qu’en 1856.

Quelques enfants seront adoptés par les nourrices, ce sera une « main-d’œuvre facile ». D’autres seront remis à leurs parents, leur mère le plus souvent (10%). Les professions des mères étaient celles de domestiques, servantes, couturières, lingères.

Certaines mères pensaient reprendre leur enfant lorsque leur situation se serait améliorée d’où des petits objets attachés à leurs vêtements afin de les reconnaître. Ces vêtements étaient modestes. Mais on accumule les vêtements en mauvais état le plus souvent. On a peur du froid, on fait tout ce qui est possible avec de modestes moyens. Sur les vêtements (dont la description est minutieuse sur les registres), souvent un billet porte leur prénom. On y ajoutera un surnom rappelant le lieu de l’abandon ou des particularités variées : La Fleur, L’Eveillé, Pelage, Boulanger, Acadie. Au XIXe siècle afin que les mères ne puisent reprendre leurs enfants en tant que nourrices payées, l’administration donne un nom et un prénom sans tenir compte des prénoms donnés par la mère.

Au fil des siècles, nombreuses furent les tentatives pour diminuer les abandons et améliorer le triste sort de ces enfants. Mais c’est seulement à partir de 1806 puis 1811 et 1856 que des lois en leur faveur commencèrent à améliorer leur sort et celui des mères. Mais il faudra attendre le XXe siècle pour voir apparaître un changement de mentalité qui ne les rejette plus mais les difficultés subsistent encore.


Sources : AD86 Registres matricules des enfants trouvés et abandonnés 3 X 101 à 109, mémoire de maîtrise n°73 de Christian PINET, mémoire de maîtrise n° 82 de Monique ROBIN, bulletin des antiquaires de l’ouest 1913 « assistance publique à Poitiers » par A. RAMBAUD.

Pour en savoir plus :
Regards sur l’enfance : les enfants abandonnés et exposés à Poitiers au XVIIIe siècle (université de Poitiers)
La vêture des enfants trouvés