#ChallengeAZ │ P… François Le Poitevin, compagnon

compagnons du devoir

Emblème des compagnons du devoir

Alors qu’il apprenait le décès de son père, survenu le 27 janvier 1848 à Curzay-sur-Vonne, François ARDOUIN, dit le Poitevin, compagnon du tour de France ou compagnon du devoir, était témoin de faits historiques majeurs : la Révolution Française de 1848, appelée aussi « Révolution de février», 3ème Révolution après celle de 1789 et de 1830. En effet, nous étions le 22 février 1848, François se trouvait à Paris où son tour de France en tant que compagnon du Devoir, l’avait conduit. 

Curzay-sur-Vonne, église, Vienne 86

L’église de Curzay-sur-Vonne (86)

Au début de l’année 1840, François était alors âgé de 25 ans lorsqu’il partit de son village natal, Curzay-sur-Vonne, petite commune de 900 habitants dans l’ouest du département de la Vienne à 30 Km de Poitiers, pour réaliser son tour de France. Engagé comme apprenti chez Monsieur DELÉCHELLE, charpentier à Curzay-sur-Vonne, selon le recensement de 1836, François fait le choix de devenir menuisier ébéniste, alors que son père et son frère aîné exerçaient la profession de chaulier (ou chaufournier) et ceci, depuis plusieurs générations. François avait donc fait un autre choix professionnel, mais pour quelles raisons ?

Sa formation chez son patron de Curzay-sur-Vonne, le conduisit chez un autre artisan menuisier installé, lui, à Lusignan, chez lequel il fit des rencontres qui orienteront son avenir professionnel. Sa route croisera en effet, celle de Compagnons du devoir, dits « Dévorants » ouvriers faisant partie de cette société, les ouvriers de l’autre société étant appelés « les Gavots ».

François Le Poitevin, compagnon du tour de France, Curzay*sur-Vonne, Vienne 86

Extrait du carnet de route de François Le Poitevin en 1840

Voici donc l’histoire insolite de François dit Le Poitevin et de son périple à travers la France.

Pour rappel, les Compagnons menuisiers ne se donnent pas de surnoms, ils s’appellent par leur nom de baptême et de pays comme « François le Poitevin », alias François ARDOUIN.

La rencontre avec ces compagnons à Lusignan suscite probablement beaucoup d’admiration chez François qui, face aux témoignages et récits de ces derniers, ne tarde pas à l’inciter à se lancer lui-même dans l’aventure sur les routes de France. Et le voilà parti encouragé par son patron, et avec le soutien familial, vers son destin, avec sa malle et son baluchon, à pied, sur la route qui le mène à la Rochelle, animé par le désir d’apprendre un métier et de découvrir son pays.

De rencontres en cours, de pratique en échanges, il acquiert un savoir professionnel, mais aussi personnel. Il devient Aspirant, grade qui constitue la première étape dans la voie du compagnonnage. L’Aspirant n’est adopté qu’après une période d’épreuves. Si son courage physique et moral et sa conduite ne sont pas jugés suffisants, l’Aspirant ne pourra jamais être reçu Compagnon.

Sa route se poursuit donc à Rochefort, puis à Bordeaux, vers le sud et il ne manque pas de faire part à sa famille de son périple et ses exploits, mais aussi de ses difficultés en leur écrivant de longues lettres, témoignage de son expérience et de son vécu. Ce partage épistolaire lui permet également d’avoir des nouvelles des siens, restés au pays, ce qui, probablement doit l’aider dans ses moments de solitude ou face aux difficultés qu’il doit probablement rencontrer dans une telle aventure.

Montpellier, Agen, Toulouse, Carcassonne, Marseille qu’il compte atteindre dans l’hiver 1844, toutes ses grandes villes qu’il va découvrir représentent pour lui, un véritablement enchantement. En chemin, il sera régulièrement confronté à des événements heureux, mais aussi à des catastrophes, qui lui font acquérir une certaine maturité. Il apprend la Vie. Finalement, il restera plus longtemps que prévu à Montpellier puisque le 21 septembre 1845 on retrouve sa trace par le biais du courrier envoyé à sa famille dans lequel il explique qu’il travaille à la cathédrale. Il en repartira par le train, nouvelle ligne, qui va de Nîmes à Marseille, le 24 mai 1847 où il ne restera pas très longtemps, à cause du choléra.

Enfin, il arrivera à Paris le 4 janvier 1848 soit 8 années après son départ de Lusignan, et après être passé par Lyon. Il apprendra peu de temps après, le décès de son père, survenu le 24 janvier 1848 à Curzay, ce qui l’affectera d’autant plus qu’il n’a pu être présent auprès des siens lors de ce moment difficile. Sa famille lui manque. Malgré l’expérience et la maturité acquises lors de tout son périple, la nouvelle est douloureuse et sa famille n’est pas là pour l’aider à supporter l’épreuve.

Et c’est ainsi qu’il sera témoin de la révolution de février 1848 qui secouera la France entière. Les 5 jours qu’a duré cet événement sont relatés dans le long courrier que François enverra à sa famille. 
Vous pouvez visualiser la copie intégrale de ce courrier en cliquant ICI.

Ascendance de la famille ARDOUIN de Curzay-sur-Vonne

▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Je tiens à remercier Bernard ARDOUIN, sans lequel je n’aurai pas pu écrire cet article  et on peut imaginer la fierté d’avoir un ancêtre aussi courageux. N’est-ce pas là la preuve d’une telle quête lorsque l’on se lance dans la longue aventure à la recherche de ses ancêtres ?

Pour en savoir plus :
Si vous rencontrez un ancêtre compagnon du tour de France, vous pouvez consulter le site du « Musée du compagnonnage de Tours« . Vous y trouverez des conseils pour vos recherche et aussi une base de données de compagnons sur une période récente avec parfois des photos  et des informations sur son parcours compagnonnique.

 

#ChallengeAZ │ I… L’Institut Régional du Travail Social de Poitiers : lieu de mémoire

Maison de santé de Pont-Achard à Poitiers, aile ouest vers 1900, coll particulière © Inventaire Poitou-Charentes

Evolution architecturale

Aujourd’hui, centre de formation pour les carrières sociales, l’Institut Régional du Travail Social de Poitou-Charentes situé dans le quartier de Pont Achard à Poitiers, n’a pas toujours eu cette vocation. Depuis 1900 (photo ci-dessus), le bâtiment n’a pas beaucoup changé mis à part la construction d’un étage supplémentaire sur l’une des ailes.

L’histoire de ce lieu et de ces bâtiments est longue, puisqu’elle débute au début du 19ème siècle.  C’est l’architecte Zacharie GALLAND qui, associé à Louis Jacques GUIGNARD, un autre entrepreneur de travaux publics, va acquérir le site en 1804 qu’ils vont se partager en 1808. L’architecte va agrémenter sa propriété (champs cultivés, jardins à la française et à l’anglaise). Après 1817, il va construire un ensemble de bâtiments destinés à fonder un hospice pour recevoir les ouvriers pauvres de passage à Poitiers qui tomberaient malades pendant leur séjour. Il décède en 1821 alors que le projet n’a pas abouti. Sa veuve, Madeleine BRUNET, décide alors de faire don de la propriété à la congrégation des Filles de la Sagesse qui en prend possession le 23 décembre 1823.

Tombeaux de Zacharie GALLAND (décédé en 1821) et Madeleine BRUNET (décédée en 1843). A leurs côtés, se trouvent les 2 urnes funéraires de leurs enfants morts en bas âge : Jeanne (1784-1792) et François (1791-1801).
Ces tombeaux se trouvent maintenant dans le centre de documentation de l’IRTS.

L’institution de Pont-Achart est fondée et placée sous le vocable de saint Zacharie et sainte Magdeleine. Le site abritera une institution pour jeunes filles sourdes-muettes (1833 à 1847), une école dans un bâtiment annexe (1855 à 1902) et une maison de santé (à partir de 1898). Progressivement, les bâtiments sont agrandis par l’ajout de nouvelles ailes et va devenir une clinique chirurgicale (vers 1905). C’est d’ailleurs dans cette clinique que travaillait Paul FOUCAULT le père du célèbre philosophe et sociologue Michel FOUCAULT professeur au Collège de France, qui a suivi une brillante carrière, même si elle était contraire aux aspirations de son père, qui aurait souhaité qu’il soit chirurgien comme lui.

Dès 1963, l’orientation des bâtiments change : une école d’éducatrices spécialisées sera créée. Elle se transformera vers 1970 en Institut Régional du travail Social (IRTS) où toutes les formations en lien avec le travail social seront réunies. Aujourd’hui l’IRTS propose aux 3000 personnes inscrites des formations du secteur social et médico-social.

Lien avec mon histoire de vie

Après ce très rapide mais néanmoins nécessaire historique des lieux, il est important de préciser pourquoi j’ai souhaité relater cette histoire.

Tout d’abord, c’est dans cette clinique, que ma grand-mère paternelle, Ernestine BONNEAU est décédée des suites de son opération, le 23 décembre 1954, elle avait 56 ans. Je n’avais que 6 mois, je n’ai donc pas connu ma grand-mère, mais très longtemps, elle prendra une place importante dans ma vie, car cet événement a beaucoup marqué mon père. Est-ce le père du célèbre Michel FOUCAULT qui a opéré ma grand-mère ? Je ne le sais pas et est-il important de le savoir ?

40 années plus tard, en 1994, après 3 années d’études à l’IRTS, je passais mon diplôme d’état pour être assistante de service social, mais je ne savais pas à ce moment-là, que ma grand-mère était décédée dans ces lieux.

Puis, 10 années après, en 2004, je devenais formatrice, dans la filière assistants de service social. Je travaillais donc tous les jours dans des lieux qui étaient probablement proches de l’endroit où ma grand-mère était décédée.

Décidément, ces lieux, hormis d’être familiers, puisque je les ai fréquentés plusieurs années, sont très chargés émotionnellement compte tenu des événements qui s’y sont déroulés, en lien avec mon histoire de vie.

Pour en savoir plus :
voir le dossier de l’inventaire Poitou-Charentes « De la porte de Pont-Achard à l’IRTS » auquel a contribué le regretté Jean MAGNANT (1949-2013), un de mes collègues formateur. 

#ChallengeAZ │ C… Le certificat d’études de mon père

Dans notre entourage familial, nous avons tous des cousins, ceux que nous connaissons et que nous fréquentons et ceux dont nous ignorons complètement l’existence. C’est souvent lors d’événements particuliers comme des mariages, des enterrements…que nous retrouvons des personnes faisant partie de notre famille, mais que nous ne fréquentons jamais, parce qu’éloignées géographiquement, par manque d’affinité, ou toute autre raison. Il faut, dans ce cas de figure, prendre le terme famille au sens large, c’est-à-dire, au-delà des parents, grands-parents, enfants, frères et sœurs, oncles et tantes, que nous côtoyons au quotidien ou presque. Nous nous retrouvons donc dans une sphère qui inclue plusieurs générations (au-moins 3) et des descendants de ces générations qui se situent en dehors de notre environnement personnel proche. Par exemple : la petite fille ou le fils du frère de notre arrière grand-père.

C’est ce vécu qui m’a toujours interpelé, dérangé parfois, surtout lorsqu’on me présentait ces personnes, parfaitement inconnues pour moi, alors que j’étais sensée les connaître ! 
– « mais tu sais bien, c’est la cousine Suzanne, la fille du grand oncle Pierre qui habite à Saint Maixent…. ».
J’avoue qu’à 10 ans, tout cela me dépassait, mais très curieuse, j’avais envie de resituer cette fameuse Suzanne, qui avait l’air très sympathique, au demeurant, dans mon histoire de vie, autrement dit, dans mon arbre généalogique. Ce qui explique probablement ma passion pour la généalogie aujourd’hui. Maintenant, même si je n’ai pas la prétention de connaître tous mes cousins, je pense en connaître tout de même un certain nombre. C’est sans doute mon besoin de repères, mon intérêt pour l’histoire familiale et l’Histoire en général.

Après ce préambule un peu long mais nécessaire, il devrait être plus facile de comprendre la suite de mon récit.

Les 2 protagonistes se nomment  :
– Aimé  SOUCHÉ  instituteur, inspecteur de l’Enseignement primaire et grammairien célèbre, puisqu’il a édité de nombreux ouvrages destinés à l’enseignement primaire,
– et son cousin, non moins célèbre, en tout cas pour moi, puisque c’est grâce à lui si j’existe : mon père, André ALLARD.

L’histoire commence donc au moment où je préparais une exposition généalogique sur le thème de l’école et j’avais choisi d’exposer sur l’histoire du certificat d’études primaires. Je savais que mon père avait été reçu à cet examen en 1938 , à l’âge de 12 ans, et qu’il avait été « 1er du Canton de Lusignan », d’où mon intérêt pour le sujet. Il faut préciser toutefois qu’il ne m’avait jamais relaté son exploit, car il était très discret et modeste et ce n’est qu’après son décès que j’ai appris sa performance.

Quant à Aimé SOUCHÉ, je me suis servie de certains de ses ouvrages de grammaire, pour construire mon exposition et par curiosité, j’ai recherché ses origines personnelles, et c’est ainsi que j’ai découvert qu’il était originaire de Pamproux, petite commune à la limite des Deux-Sèvres et de la Vienne, distante de 6 km environ de la commune d’origine de mon père : Rouillé.

Du fait de cette proximité géographique, j’ai fait des recherches généalogiques sur Aimé SOUCHÉ et c’est ainsi que j’ai découvert un lien de parenté entre lui et mon père :

Arbre de parenté avec Aimé Souché

Mes recherches sur la vie d’Aimé SOUCHE m’ont également appris, qu’il avait été, lui aussi, comme mon père : 1er du canton au certificat d’études primaires (canton de Celle sur Belle) en 1900.

Ci-dessous, l’article du journal local « La Semaine » du 26 juin 1938, dans lequel le journaliste vante les mérites de Monsieur Poupard, l’instituteur de l’école de garçons de Rouillé, où était scolarisé mon père :

Rouillé, certificat d'études

Extrait « La semaine » du 26 juin 1938, p.51 © AD86

Être 1er du canton à l’époque, était un honneur et l’instituteur était toujours très fier lorsqu’un de ses élèves décrochait le titre de « 1er du Canton » ce qui laissait sous  entendre  que l’instituteur avait fait un travail de qualité, même si l’élève y était un peu pour quelque chose… (voir carte postale ci-dessous).

Je n’ai jamais su si mon père connaissait son lien de parenté avec ce cousin célèbre, mais en l’apprenant, il aurait sans doute été fier de cela. En tout cas, moi, je le suis… Ils n’avaient pas le même âge, puisqu’ils avaient 38 ans d’écart, soit une génération, mais ils auraient pu se rencontrer puisqu’Aimé SOUCHÉ est décédé en 1975 et que mon père est né en 1926 et est décédé en 2008.

Après cet « épisode familial », il est intéressant, je pense, de préciser les origines du Certificat d’Etudes Primaires :

Le Certificat d’Etudes Primaires a été officiellement supprimé en 1989, après un peu plus de 100 ans d’existence. Au regard des autres diplômes scolaires, le CEP n’avait plus de grande valeur, si ce n’est une valeur sentimentale et c’est sans doute la raison pour laquelle mon père a absolument tenu à ce que je passe cet examen en 1968.  J’étais la seule de ma classe à passer les épreuves et j’ai été reçue ! J’étais un peu honteuse à l’époque, vis-à-vis de mes camarades de classe, mais maintenant, connaissant l’histoire de mon père, et celle de son cousin célèbre, Aimé SOUCHÉ, je suis fière de l’avoir fait, et j’aime montrer mon diplôme !

 

Certificat d'études primaires, Poitiers, département de la Vienne

Certificat d’études primaires délivré à Poitiers en 1968

 

#ChallengeAZ │ X… Xansay, le poilu bleu voit rouge !

Nous commémorons cette année 2018, le centenaire de la fin de la 1ère guerre mondiale.Comme de nombreuses communes françaises, Sanxay situé à 30 km au sud-ouest de Poitiers, dans la Vienne, a payé un lourd tribut lors de ce conflit extrêmement meurtrier : 49 victimes Sanxéenes, sont à déplorer, soit environ 20% des soldats mobilisés sur une population totale de 1345 habitants, selon le recensement de 1911.

Pour rappeler le contexte général, le 1er août 1914, le gouvernement français décide de mobiliser les hommes en âge de combattre, comme le réclamait le chef d’Etat-major, après l’accélération des tensions en Europe. C’est ainsi que d’août 1914 à novembre 1918, la France mobilise 8.700.000 soldats, comprenant 32 classes d’âge, celles des hommes de 48 à 50 ans (classe 1886) à 20 ans (classe 1918). Malgré cette mobilisation de masse et très rapidement, les morts se comptent par milliers. C’est l’hécatombe face aux forces ennemies, et le moral des troupes dès le début du conflit, est au plus bas.

Si l’état -major a pour compétence et objectif d’imaginer les stratégies militaires, afin d’affronter l’ennemi et l’anéantir, il en est une qui surprend :  modifier l’uniforme du soldat pour le rendre moins voyant et ainsi, faire croire qu’il passera presque « inaperçu » sur les lignes de front et les champs de bataille.

Au début du conflit, en août 1914, les soldats portaient un uniforme bleu foncé en haut et « rouge garance » pour le pantalon. Bien trop visible par l’ennemi, cet uniforme n’était donc plus adapté. La décision fut alors prise, d’équiper les soldats d’uniformes en toile bleue. Ainsi, sur la ligne d’horizon, nos chers soldats devaient se fondre dans le paysage, au point de devenir « invisibles ». C’est la naissance de la couleur « bleue horizon ».

Ces précisions nous renseignent largement sur tous ces aspects, non seulement matériels, mais psychologiques et politiques qui ont conduit l’Etat-major à adopter le nouvel uniforme en août 1915 et celui-ci fut généralisé en septembre 1916.

Y a-t-il eu pour autant moins de blessés et de tués sur les champs de bataille ? Il est difficile de répondre à cette question, néanmoins, Il faut rappeler que la 1ère guerre mondiale a généré 1,4 millions de victimes militaires chez les français, soit 1/5ème des troupes mobilisées, pendant ces 4 années de combats.

Les hostilités terminées, Sanxay, comme de nombreuses communes françaises, a souhaité rendre hommage au courage de ses citoyens combattants, mais aussi à l’immense peine des familles endeuillées par la perte d’un ou plusieurs de ses enfants. C’est ainsi que le 1er octobre 1922, est inauguré le monument commandé par le conseil municipal et réalisé par le sculpteur Eugène BENET, afin de commémorer les 49 victimes tombées pour la France entre 1914 et 1918.

Le monument en fonte marron/gris, représente un poilu en position dynamique, brandissant une couronne de laurier et palme symbolisant la victoire et portant son fusil dans l’autre main. Ce soldat victorieux trône sur son piédestal tout près de l’église, sur lequel sont inscrits les noms des 49 victimes, celles qui n’auront malheureusement pas échappé à l’ennemi, malgré leur discret uniforme bleu horizon.

Puis, tout récemment, en 2011, notre poilu sanxéen de couleur « fonte », s’est paré d’un bel uniforme bleu horizon, tel qu’il était dans la réalité. Et pourquoi pas ?

Choqués par cette agression visuelle, certains habitants de Sanxay voient rouge ! Mais au-delà de cette réaction, que je qualifierais d’excessive, est-il besoin de rappeler que le monument aux morts est avant tout un lieu de recueillement et de commémoration ? On s’y recueille en écoutant le discours du Maire ou du Président de l’association des anciens combattants, qui relate les faits en lien avec les événements passés, mais aussi, en scrutant l’œuvre de l’artiste qui nous aide à imaginer les moments tragiques vécus par les victimes.

Le poilu bleu victorieux d’Eugène BENET du monument de Sanxay n’a rien d’original. C’est même la statue la plus courante, érigée à plus de 900 exemplaires en France. Suscite-t-il autant d’émoi dans les 900 autres communes ?

Et si le problème n’était pas en lien avec la couleur, mais tout simplement en lien avec l’emplacement du monument ? Il s’avère que les municipalités dites de gauche érigeaient leur monument plutôt sur la place publique, alors que celles de droite choisissaient de préférence le cimetière, le monument portant ainsi des emblèmes religieux. Mais des exceptions existent. 

Couleur, emplacement ou les deux ?

Cette métamorphose picturale qui date de 2011, semble aujourd’hui acceptée, le poilu est toujours là victorieux sur son piédestal, dans son bel uniforme bleu horizon.

Ils s’appelaient…

Camille AIRAULT, Narcisse AIRAULT, Jean ALFRED, Victor ALLARD, Camille BAUCHAMP, Clément BEAUCHAMP, André BENOIST, Ferdinand BERGEON, Jean BERTRAND, Albert BICHON, Paul BICHON, Alexandre BLANCHARD, Auguste CAILLET, Marcel CHABOT, Pierre CHAIGNEAU, Pierre CHANCONIE, André CHARON, Maurice CHARRON, Jules CHAUVINEAU, Marcel CHAVIN, Edouard COLLINEAU, Hilaire COUSSON, Louis DAVID, André DELAVAULT, Firmin DELAVAULT, Jean Baptiste DESPIERRE, Jacques FALGOUX, Pierre FURET, Roger GAILLARD, Alexis GAULT, René GUILLEMOT, Victor GUERIN, Auguste JULIEN, Henri LABONNE, Marcel LEDRU, Marcel MERIJEAU, Alexandre MEUNIER, Gaston METAYER, Fernand NERAULT, Victor NERAULT, Ernest PAPINEAU, Aimé PIN, Victor PORTRON, Auguste QUINTARD, Fernand RAOUL, Gabriel ROULEAU, Aimé TRABLEAU, Clément VADIER, Alexandre VASLET.

… ILS SONT MORTS POUR LA FRANCE.


Le PLUS du CGP :  Biographie succincte des poilus de Sanxay 

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#ChallengeAZ │ R… Rouillé, sauvetage d’un cimetière protestant

Cimetière de Boisgrollier à Rouillé © Sandrine POURRAGEAU

Des cimetières, il y en a partout à Boisgrollier depuis le 18ème siècle, conséquence de l’interdiction d’inhumation dans les cimetières catholiques, du Roi Louis XIV, dans sa lutte contre les protestants pour faire disparaître cette religion. Pour ce faire, il révoqua l’Edit de Nantes en signant l’Edit de Fontainebleau, le 22 octobre 1685. Le protestantisme devenait dès lors, interdit sur le territoire français.

Pendant cette période difficile, les protestants « opiniâtres » étaient enterrés clandestinement dans un coin de jardin, de pré ou de vigne et rien ne signalait leur tombe. Mais à partir de 1736, l’inhumation fut autorisée, à condition « qu’elle se fasse de nuit et sans scandale !  » Ainsi, les protestants n’ont plus eu à dissimuler les lieux de sépultures de leurs défunts et les cimetières de famille se multiplièrent.

A Boisgrollier, village situé sur la commune de Rouillé, à la limite de la Vienne et des Deux-Sèvres, les cimetières familiaux protestants font partie du paysage. Dans ce village d’environ 10 maisons, il n’y a pas moins de 8 cimetières, dont un très grand de plus de 56 tombes (celui-ci ayant fait l’objet d’un « relooking » grâce à la joyeuse et courageuse équipe du Cercle Généalogique Poitevin ). On peut dire, que dans ce coin reculé du Poitou, la mort fait partie de la vie. Certains pourraient en être effrayés surtout à notre époque où on a plutôt tendance à l’ignorer voire même la mépriser.

La « grande faucheuse » selon l’expression populaire, est omniprésente à Boisgrollier, mais faut-il s’en offusquer ? Le rapport à la mort m’est plutôt familier. Est-ce le fait d’avoir depuis toujours, dans ma famille maternelle et paternelle, côtoyé cet environnement très caractéristique qu’est celui des cimetières familiaux protestants ?

Fête des morts au Mexique © Pholo Claude ALLARD

Lors de mon voyage au Mexique, j’ai découvert des pratiques très inhabituelles. Les Mexicains ont un rapport à la mort qui interpelle. C’est pour eux un fait culturel qui remonte aux civilisations précolombiennes. Les rituels de sacrifices humains nous paraissent monstrueux : c’était leur façon d’adorer les dieux. Chaque année, à la Toussaint, le 2 novembre, c’est jour de fête pendant lequel règne la joie. On partage ce moment avec le mort au cimetière, en mangeant et buvant sur la tombe ouverte (si la personne est décédée depuis plus d’un an) et le tout en musique !

La fête des morts dans nos contrées est bien moins festive, mais en pays protestant, on la côtoie au quotidien, puisqu’elle se situe dans notre champ de vision. On vit avec la mort. Consciente que peu de personnes connaissent cette particularité du paysage protestant poitevin, j’ai eu l’occasion d’emmener un groupe d’amis visiter mon petit village de Boisgrollier. A la découverte des cimetières plus ou moins bien entretenus, et notamment un cimetière de 50 tombes, leur réaction a été unanime : « Il faut faire quelque chose ! on ne peut pas le laisser à l’abandon, par respect pour les personnes enterrées dans ce lieu ». Lieu très sinistre, lorsque l’on voit son état. 

Afin de clore ce propos qui peut paraître dérangeant pour certains et pour rassurer ceux que la mort rebute, voici une citation humoristique  de Samuel Langhorne Clemens, dit Mark Twain, (Tom Sawyer) écrivain essayiste et humoriste américain : « Parmi les dépenses inutiles : les murs des cimetières….ceux qui sont dedans ne peuvent pas en sortir et ceux qui sont à l’extérieur, ne veulent pas y entrer »

Sauvegarde du patrimoine

Dans le numéro 140 de la revue Herage, j’ai raconté comment cinq membres du Cercle Généalogique Poitevin ont remis en lumière le cimetière des 50 tombes de protestants inhumés à Boisgrollier.

Récapitulatif des tombes de Boisgrollier
(clic sur les images pour agrandir)

 

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