#ChallengeAZ │ K… Le King et les religieuses

Monastère de La Puye (86)

La congrégation des Filles de la Croix de Saint-André est fondée en France au début du XIXe siècle à la suite de la Révolution Française. Saint-André-Hubert FOURNET (1752-1834), curé de Saint-Pierre-de-Maillé, et Sainte-Jeanne-Élisabeth BICHIER des ÂGES (1773-1838), jeune fille du Poitou, fondèrent la congrégation en 1807 pour œuvrer auprès des pauvres.

Près de 100 ans plus tard, suite aux lois françaises sur les congrégations scolaires, c’est par l’intermédiaire de l’abbé A. BEAUREGARD, un prêtre d’Angoulême (Charente) qui s’occupait des Sœurs de Sainte-Marthe du diocèse d’Angoulême, que les supérieures des Filles de la Croix sont mises en relation avec S.Exc. Mgr Adélard LANGEVIN (1855-1915), archevêque de Saint-Boniface au Manitoba. C’est ainsi que les sœurs traversent l’Océan pour se rendre au Manitoba.

Les sœurs Agnès-Émilie, Flavia, Agnès-Saint Raphaël, Marie-Édithe, Émilie et Jeanne-Thérèse partent de la France le 26 septembre 1904 et arrivent à Winnipeg (MB) le 16 octobre 1904.

Du groupe des six pionnières arrivées au Canada en 1904, Sœur Flavia SLATTERY, irlandaise, était la seule à parler anglais. Avec son accent irlandais il lui fut confié la bonne marche du voyage. La bourse commune ne devait pas peser lourd… Aussi, en gare de Londres, les religieuses cherchaient un wagon de 2e classe « ou si possible de 3e classe » (aux dires de l’une d’entre elles), afin de se rendre à Liverpool, d’où elles s’embarqueraient pour le Canada.

Un Monsieur distingué, tout en se promenant et en feignant de lire son journal les entendit discuter et comprit vite que les voyageuses quittaient la France à cause des lois néfastes aux écoles de congrégations religieuses… Elles lui parurent plutôt pauvres avec leurs balluchons bleus, semblables à ceux des soldats et qui, à elles aussi, tenaient lieu de valises. S’approchant d’elles, il les conduisit vers un wagon de 1ère classe. La Sœur Économe prit peur et lui montra, en l’agitant, son porte-monnaie… Leur conducteur la rassura de son bienveillant sourire… Un autre voyageur leur souffla que leur protecteur n’était autre que le Roi d’Angleterre lui-même… Elles n’étaient pas au bout de leurs surprises car à Liverpool un goûter les attendait… Elles y furent accueillies gracieusement car Edward VII avait royalement payé leur dû, ce dont elles lui furent reconnaissantes en priant pour Sa Majesté pendant de très longues années…

Edouard VII (1941-1910) en 1902 © Wikimedia commons

Bref historique de la congrégation

Entre 1904 et 1905, 26 autres sœurs viennent les rejoindre. Au cours des trois prochaines années, les paroisses de Saint-Malo (Manitoba), Saint-Maurice de Bellegarde (Saskatchewan) et Saint-Adolphe (Manitoba) leur confièrent leurs écoles et couvent. Elles œuvrent aussi quelques années à l’Archevêché de Saint-Boniface et aux écoles industrielles de Fort-Alexandre (Manitoba), Sandy-Bay (Manitoba), Fort-Pelly (Saskatchewan) et Makinak (Manitoba). L’école de Saint-Adolphe est fondée en 1906 et comporte bientôt un pensionnat. Le couvent de Saint-Adolphe, devenu la maison centrale des Filles de la Croix au Canada, est agrandi en 1909 et en 1928.

En 1951, puisqu’une maison provinciale est construite à Saint-Boniface, le noviciat des sœurs est transféré à Saint-Adolphe. La congrégation est incorporée le 16 mars 1910 et s’étend à d’autres communautés des prairies : Willow-Bunch (Saskatchewan) en 1914, Lafleche (Saskatchewan) en 1915, La Salle (Manitoba) en 1927, Aubigny (Manitoba) en 1932, Saint-Claude (Manitoba) en 1934 et Montmartre (Saskatchewan) en 1952. En 1972, le premier numéro du périodique Ut sint unum (Qu’elles soient Un) est publié. Un comité avait été formé à Sainte-Croix dont le but était de diffuser des informations et nouvelles dans la communauté religieuse au Manitoba et en Saskatchewan. Le comité était formé des Sœurs Lucille MORIN, Madeleine BRUNET et Gabrielle-Marie. En 1993, la revue est renommée Reflets canadiens.

Pour en savoir plus :
En cliquant sur le lien ci-dessous vous accéderez au détail des contingents franco-canadiens de religieuses de la congrégation et leurs biographies :
Biographie des religieuses

#ChallengeAZ │ H… Haut Messemé : Messemé 1906, un village loudunais se révolte !

Messemé, Vienne 86

Eglise Saint-Césaire de Messémé, théâtre de cette histoire

Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir la mention de notre arrière-arrière-grand-père Alexandre MAINAGE, vivant au HAUT-MESSEMÉ, et de sa participation à cet événement historique qu’est la Querelle des inventaires à la fin du registre paroissial de la paroisse Saint-Césaire Messemé de l’an 1906 dont nous vous avons retranscrit ici l’extrait et développé l’histoire.

Avant tout propos il est bon de rappeler l’origine du nom Messemé. Messemé constitue l’héritière de l’ancienne Maximiacum ou Villa Maximii. Le village s’est donc développé à partir du domaine de Maximius, un riche propriétaire terrien de l’époque gallo-romaine. Le village apparaît sous l’appellation Maximiaco dans un écrit du IXe siècle. Il deviendra Mayxime au XIIe siècle (Source : CASSAGNE Jean-Marie, KORSAK Mariola. Origine des noms de villes et villages de la Vienne. Édition Jean-Michel Bordessoules).

Dans la Gazette du Loudunais de juin 1970 (n°56) il est précisé que les moines de Saint-Philibert possédaient Messemé, que Charles le Chauve leur avait donné, et qui d’ailleurs tomba aux mains des Normands. 

L’église romane fut victime de la campagne de reconstruction qui a marqué la fin du XIXe siècle, elle fut complètement rasée ; la nouvelle église fut bénie le 2e dimanche de l’Avent, 13 décembre 1903. Elle fut consacrée avec son autel principal par Mgr Henri PELGÉ, évêque de Poitiers, avec séparation des reliques de saint Jucandin et de sainte Honorée le 7 avril 1904.

Deux ans après la consécration de l’église paroissiale de Messemé, ses paroissiens se révoltent contre le gouvernement de la République pour protéger l’édifice.

Transcription du texte présent aux Archives de Catholicité de l’Archidiocèse de Poitiers, et non l’exemplaire du registre paroissial de Messemé, conservé à Ceaux-en-Loudun, dont la rédaction du texte diffère très légèrement ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le receveur de l’enregistrement, Monsieur FAULCON, a annexé à la minute de l’inventaire le contenu de la protestation du curé de Messemé. On peut retrouver ce document dans les archives paroissiales de Messemé, conservées à Ceaux-en-Loudun.

D’après Les Inventaires de 1906 dans le diocèse de Poitiers de Jérôme GRÉVY, publié en 2006 au Tome V de la Revue Historique du Centre-Ouest, nous savons que l’évêque de Poitiers reçut une lettre du curé de Messemé datée du 27 février 1906 dans lequel celui-ci précise que l’initiative de fermer les portes de l’église venait des paroissiens et qu’il les avait laissé agir : « Je pense, Monseigneur, que vous ne m’en voudrez pas d’avoir laissé faire les catholiques de Messemé qui voulaient résister ». Dans cette même lettre, on constate que le curé de Messemé subit l’inventaire comme un abus de pouvoir, une violation de propriété privée, utilisant un terme de droit commun pour le qualifier : « cambriolage ».

Nous avons retrouvé cette lettre adressée par l’abbé MOULIN à Mgr PELGÉ aux Archives Historiques de l’Archidiocèse de Poitiers, dont voici ici la transcription complète.

Un autre document a été annexé par FAULCON à la minute de l’inventaire… et il semble évident que ce soit le discours de protestation lu par notre trisaïeul Alexandre MAINAGE.

Notons un point essentiel qu’il est possible de relever à la lecture des documents : Monsieur FAULCON est qualifié d’honorable, il est reçu avec beaucoup de respect et de considération, peu critiqué par le curé qui pense même que sa charge de receveur lui pèse moralement en ce jour à Messemé et, dans son inventaire, FAULCON parle de « Sainte-Vierge » et non de « Vierge Marie », ce qui laisse déduire que le receveur FAULCON était un catholique pratiquant, n’approuvant pas les Inventaires, mais contraints d’exécuter les devoirs de sa charge à contrecœur.

D’après Un épisode de la Séparation de l’Église et de l’État : les inventaires dans l’ancien arrondissement de Loudun (1906) d’Annie MAILLET (octobre 1971), Messemé était une commune de Droite, les élections de 1904 voient le succès de la liste réactionnaire et les législatives de 1906 donnent la majorité à HIGNETTE, candidat de droite avec 40% des voix.

La vie politique de Messemé était dominée par la personnalité du maire de la commune, le comte François ROULLET de La BOUILLERIE, grand notable, domicilié au château de La Motte de Messemé, grand propriétaire (302 ha, 95 ares, soit près d’un tiers de la commune) ; président du syndicat agricole de Messemé, possédant cinq fermes et une métairie.

La commune de Messemé en cette année 1906 était composée par une majorité d’agriculteurs, dont 102 propriétaires vivant exclusivement de leurs biens, 21 fermiers, métayers ou colons, deux industriels, deux commerçants, un fonctionnaire et deux habitants exerçant une profession libérale.

Il est certain que Messemé était connue comme étant la paroisse la plus pratiquante du Loudunais, dans un discours prononcé le 25 mars 1943 par le curé de la paroisse lors de la visite de Mgr Édouard MESGUEN, évêque de Poitiers, venu pour célébrer les Confirmations (ce qui n’était pas arrivé depuis le Cardinal PIE !), discours que l’on peut retrouver aux Archives Historiques de l’Archidiocèse de Poitiers, montre que près de 40 ans après les événements de 1906, la Foi Chrétienne des Messeméens était toujours bien encrée !

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Suite à la suppression des Conseils de fabrique par la Loi de 1905 et la constitution des Associations cultuelles de fidèles, l’évêque de Poitiers, contraint par la nécessité, fit contre mauvaise fortune bon cœur, nommer des conseils, dévoués et respectables paroissiens, afin de gérer l’administration paroissiale de Messemé. C’est ainsi que, sur proposition du curé de la paroisse, notre aïeul Alexandre MAINAGE se voit nommé par Mgr PELGÉ le 07/10/1907, avec le comte de La BOUILLERIE et Jean PINSARD, à cette fonction, comme en témoigne le registre de fabrique ci-contre.

Armoiries de la famille de MESSEME : « De gueules, à six feuilles de palmier d’Or appointées en Cœur » ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

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Notons que dans son discours de 1943, le curé de Messemé précise que, bien que malgré l’absence de prêtre résident dans le village, grâce à l’engagement « d’un certain nombre de familles vraiment chrétiennes toujours prêtes à rendre service » (tels les ROULLET de La BOUILLERIE), le christianisme est demeuré vivace dans la paroisse, la présence dans la paroisse de mouvements tels que de La Ligue, la Jeunesse Agricole Catholique (J.A.C.), la Confrérie des Enfants de Marie devenue Jeunesse Agricole Catholique Féminine (J.A.C.F.), diverses Œuvres d’enfants, la Confrérie des Mères Chrétiennes et la Confrérie du Très-Saint-Rosaire-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie… parmi lesquels nous retrouvons des membres des familles MAINAGE et ROULLET de La BOUILLERIE. On trouve ainsi la mère, la grand-mère maternelle, l’épouse, la belle-mère, la belle-fille et la petite-fille d’Alexandre MAINAGE parmi les membres de la Confrérie du Saint-Rosaire, et son épouse Clémentine (née BLONDEAU) en tant qu’assistance trésorière de la Confrérie des Mères Chrétiennes en 1910.

La Médaille de Saint-Hilaire ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le curé de la paroisse mentionne même dans son discours de 1943 que depuis trois ans, le Denier du Culte a plus que doublé dans la paroisse. Notons – et ce n’est pas un détail négligeable – qu’il évoque « les excellentes dispositions qui animent les autorités communales ci-présentes qui se soignent [à lui curé pour offrir à l’évêque] l’hommage de leur profond respect », et notamment que le maire de la commune, Léon PINSARD, est également le sacristain de la paroisse, mais aussi son organiste et son chantre, et que ce dernier a été décoré en 1942 de la Médaille de Saint-Hilaire ! Le curé utilise même cette expression : « Ainsi, il ne saurait y avoir de plus complète union entre l’autorité civile et religieuse » !

Le comte Henri ROULLET de La BOUILLERIE (fils du comte François et de la comtesse, née Camille de MESSEMÉ) précise dans son exposé historique de 1943 sur l’Histoire Messemé lors de la venue de Mgr MESGUEN – document que l’on retrouve aux Archives Historiques de l’Archevêché de Poitiers cote Q1 boîte 15-2 – que l’église de Messemé, consacrée en 1904 par Mgr PELGÉ avait été « édifiée grâce à la générosité et à la ténacité du conseil municipal d’alors, contre l’opposition administrative (…) ». Il y précise en outre que Mgr PIE, évêque de Poitiers, est venu à Messemé afin de donner le Sacrement de Confirmation aux paroissiens et ce alors que le futur cardinal avait été « déféré [par le] Conseil d’État, pour avoir critiqué, dans un mandement, la politique de Napoléon III à l’égard du St Siège ; aussi était-il interdit aux maires de l’accueillir. Le Sous-Préfet de Loudun notifie cette défense au maire de Messemé [ndlr : Victor marquis de MESSEMÉ (1818-1885)] qui, loin de se soumettre accueillit et même reçut chez lui le futur cardinal. Pour cette désobéissance civile mon grand-père [ndlr : le marquis Victor de MESSEMÉ étant le grand-père maternel d’Henri ROULLET comte de La BOUILLERIE] fut révoqué pour une année, au cours de laquelle le conseil municipal de Messemé refusa de le remplacer à la mairie ».

En outre, sous la Révolution française, l’abbé Jacques BLUCHAU, curé de Messemé, devint réfractaire à la Constitution civile du clergé de 1790, constitution condamnée par le St Siège l’année suivante. Il trouva alors refuge pendant tous les troubles révolutionnaires – et ce, jusqu’au Concordat de 1801 –, au Château d’Étrepieds (commune de Sammarçolles) et ce, avec la complicité de la population locale des villages de Sammarçolles et Messemé.

Dans l’Histoire religieuse de la paroisse de Messemé depuis la Révolution jusqu’à la fin du XIXe siècle, rédigé en 1910 par l’abbé DEPOIX, curé de Messemé, Historique que l’on retrouve aux Archives Historiques de l’Archevêché de Poitiers cote Q1 boîte 15-2, on peut lire : « M. BLUCHEAU, curé de Messemé, était obligé de se cacher dans un village actuellement de Sammarçolles, nommé Étrepieds, on m’a même dit qu’un certain père CHAVENEAU, grand-père d’un habitant actuel de Messemé lui servait la Ste Messe lorsqu’il célébrait derrière un tas de paille dans une grange de ce village ».

La révolte de 1906 à Messemé n’était donc pas un épisode aléatoire, car bel et bien on constate que le village était coutumier du fait d’une désobéissance civile pour son allégeance à la Foi Catholique !

À la fin du XIXe, il y avait encore des vignes réputées à Messemé : lors de la visite du Président Sadi CARNOT, en septembre 1892, à Poitiers, au banquet de trois-cent-dix couverts, qui eut lieu ans la salle des pas perdus du Palais de Justice, il y avait au menu… du vin de Messemé !

Enfin, nous ne pouvons terminer cet article traitant du village de Messemé et de l’implication que feu notre arrière-arrière-grand-père montra lors des événements de 1906, sans ajouter la biographie de notre arrière-grand-père, Léandre MAINAGE (1901-1972), qui fut maire de Messemé pendant 27 ans, et conseiller général du canton de Loudun durant l’affaire Marie BESNARD :

Léandre MAINAGE

Né le 24 mai 1901 à La Bottelerie commune de Messemé, Léandre Clément Marie Alexandre MAINAGE – dont nous avons le portrait ci-contre – est le 2e et dernier enfant, et unique fils, d’Alexandre MAINAGE (1864-1952) et Clémentine BLONDEAU (1869-1962). Ondoyé le 27 mai 1901, il est baptisé le 30 juin suivant en l’église St Césaire de Messemé. Son parrain était le vicomte Émery ROULLET de La BOUILLERIE (1890-1958), fils cadet des châtelains de Messemé.

La famille MÉNAGE (devenue MAINAGE suite à une erreur d’état civil) est installée au Haut-Messemé depuis le Consulat, commune où elle exerça, au fil des générations, les métiers de cultivateur, journalier, domestique et maçon.

Alexandre, le père de Léandre, ayant tiré un mauvais numéro, fut militaire pendant sept ans, et reçut en fin de carrière, le grade d’adjudant. À son retour de l’armée, il épousa une fille de son village natal, Clémentine BLONDEAU, et fut fermier du comte de La BOUILLERIE, à La Bottelerie, où naquirent Aline en 1892 puis Léandre en 1901. Aline, de 9 ans l’aînée de Léandre, fut sa marraine.

Clémentine BLONDEAU, mère de Léandre, surnommée “Titine”, est née à La Bruyère, commune de Messemé, d’un père cultivateur et maçon, et d’une mère couturière. Clémentine perdit son père très jeune, décédé à 41 ans en 1885 de ce qu’on suppose être un cancer de l’œsophage. La mère de Clémentine, Rose MAUBERGER, est décédée dans sa 99e année le 12 juin 1944, soit 6 jours seulement après le Débarquement des Alliés en Normandie, heureuse que (nous la citons) : “les Prussiens so[ie]nt enfin partis”.

Léandre, a certainement été élevé dans une famille profondément chrétienne, où le service à la collectivité publique jouissait d’un grand intérêt, d’où son attrait à devenir un élu local. En effet, son ancêtre François MAUBERGER fut maire de Sammarçolles sous la Révolution, un autre ancêtre François BLUCHEAU fut conseiller municipal de Messemé de 1840 à 1842 et membre du conseil de fabrique de Messemé jusqu’à sa mort en 1864, son oncle maternel, Auguste GUÉRIN, fut maire de Messemé de 1916 à 1919 puis de 1925 à 1935, et son père Alexandre MAINAGE fut également conseiller municipal à Messemé de 1919 à 1925.

Par son mariage avec Anne GUÉRIN le 10 novembre 1923 à Sammarçolles, Léandre MAINAGE devint également le gendre du premier adjoint au maire de Sammarçolles. Anne avait elle aussi plusieurs élus locaux parmi ses parents et alliés, notamment des ancêtres maires de Basses et Bournand, mais aussi des oncles et cousins maires de Basses, Sammarçolles et Morton.

Notons que le cousin germain de Léandre MAINAGE, Jean DUBOIS est « Mort pour la France » au cours de la Première Guerre mondiale. En outre, son beau-frère, Paul DEBIEN (époux d’Aline MAINAGE) fut décoré à titre posthume de la médaille commémorative de la Reconnaissance française pour fait de Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, collaborateur du Réseau de l’abbé Emmanuel LANCRENON, curé de la paroisse Saint-Germain-des-Prés de Paris.

Léandre se lança dans l’exploitation commerciale de bestiaux, activité fleurissante et lucrative en cette France rurale de l’époque, ce qui lui valut ainsi une certaine respectabilité et notoriété locale, mais aussi de vivre confortablement, sans luxe ostentatoire.

Élu conseiller municipal à Messemé de 1935 à 1945, il devint le maire de la commune, de 1945, au lendemain de la Guerre, jusqu’à sa mort en 1972.

Sur le Front en 1939, il revint suite à la débâcle de 1940…

Il organisa le meeting aérien de Loudun du 21/08/1949, dans lequel des pilotes de renom et leurs acrobaties aériennes se succédèrent, tels Marcel DORET, Fernand MALINVAUD, Max GASNIER, René VINCENT, Louis CLÉMENT, René CURY, Adrienne BOLLAND, Maryse BASTIÉ, Paul CODOS, René FONCK, le commandant CANDESSUS, DEVILLIERS, DEZMOULIN, PELLEVOISIN, BUVRY, LUCAS… (Nouvelle République du Centre Ouest du 20/08/1949).

Fait chevalier (20/02/1957) puis officier (05/08/1966) du Mérite Agricole, Léandre MAINAGE devint le conseiller général de la Vienne pour canton de Loudun de 1955 à 1961.

De tendances gaullistes (non encarté), Léandre MAINAGE fut également candidat remplaçant de Guy PARTHENAY à la députation, sur la liste des Républicains indépendants non-inscrits lors des élections législatives du 23/11/1958 pour la circonscription de Châtellerault.

Parmi les nombreuses activités bénévoles qu’on lui connaît, il fut notamment Président du Bureau d’Aide Sociale de Messemé et Membre d’Honneur de l’Union Départementales des Sapeurs-Pompiers de la Vienne.

Décédé le 30 novembre 1972 d’un cancer de l’œsophage en son domicile du Haut-Messemé dans sa 71e année, ses obsèques le 2 décembre suivant à 15h00 en l’église du village, furent accompagnées d’un cortège impressionnant de personnalités locales, telles que Monsieur le Sous-préfet Jacques MILLORIT, Monsieur le Secrétaire Général de la sous-préfecture Max GUÉRINEAU, Monsieur le Sénateur-Maire de Loudun René MONORY, de nombreux conseillers généraux, maires de communes du Loudunais, Monsieur RAUD, ingénieur de la Régie d’Électricité représentant Monsieur le Président du Syndicat Intercommunal Jacques MASTEAU, Monsieur MARTIN, directeur de la Régie d’Électricité, le Lieutenant CHAMPION, vice-président de l’Union Départementale des Sapeurs-Pompiers, représentant le Président de l’Union, Monsieur Pierre HUGUET, avec une importante délégation des divers corps de sapeurs-pompiers de la région, Messieurs les représentants de divers services et coopératives agricoles, Messieurs les représentants de la Gendarmerie, etc., mais aussi d’une foule considérable d’anonymes et gens du pays venus rendre un dernier hommage au regretté maire de Messemé. En effet, l’annonce du décès de Léandre MAINAGE a peiné un grand nombre de familles du Loudunais, au sein desquelles il comptait beaucoup d’amis, en raison de ses hautes qualités humaines et de son dévouement à la collectivité, dévouement qui a été très efficace, car en tant que maire de sa commune et conseiller général du canton de Loudun, il sut mettre en pratique ses connaissances, notamment pour solutionner divers problèmes communaux et régionaux. L’assistance fut telle qu’à peine le quart des participants, autour de la famille, et des membres du conseil municipal, pu trouver place dans l’église.

Au cimetière communal, devant le cercueil, entouré de délégations d’anciens combattants avec leurs drapeaux, le premier adjoint au maire de Messemé, Camille DÉCHEREUX, rendit hommage, au nom de la municipalité, à celui qui fut pour tous un ami fidèle et dévoué, affirmant que sa vie peut se résumer sous le signe : « labeur et bonté ».

Le futur Président du Sénat, René MONORY, ayant tenu à s’associer à cet hommage, rappela que Léandre MAINAGE fut un véritable promoteur sur divers plans, et notamment pour le remembrement, avait fait de Messemé une commune-pilote.

Dans sa nécrologie, le journal La Nouvelle République du Centre Ouest s’associa également aux nombreux témoignages d’amitié adressés à la famille.

De son mariage avec Anne GUÉRIN, Léandre MAINAGE laisse trois enfants :

  • Christiane MAINAGE, épouse de Marcel JALLAIS, dont un fils fut maire de Tercé (Vienne), une fille maire de Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne), un fils conseiller municipal de Moirax (Lot-et-Garonne), un fils conseiller municipal de Loudun, et un petit-fils maire de La Chapelle-des-Pots (Charente-Maritime),
  • Pierre MAINAGE, qui fut comme son père avant lui, maire de Messemé, de 1989 à 1993, décédé lui aussi d’un cancer de l’œsophage en cours de mandat, et dont l’un des trois fils est toujours conseiller municipal à Messemé,
  • Jeannette MAINAGE (notre grand-mère maternelle), épouse de Pierre HÉRAULT, qui fut lui aussi élu, à Sammarçolles, comme conseiller municipal puis premier adjoint au maire.

Ainsi, la descendance de Léandre MAINAGE perpétue encore une longue tradition familiale d’élus au service de la collectivité…

La famille MAINAGE du Haut-Messemé en 1944
1er rang en haut (de gauche à droite) : Anne MAINAGE née GUÉRIN (1905-1995), Léandre MAINAGE (1901-1972), Clémentine MAINAGE née BLONDEAU (1869-1962), Pierre MAINAGE (1926-1993), Christiane JALLAIS née MAINAGE (1924-2017), Alexandre MAINAGE (1864-1952).
2e rang en bas (de gauche à droite) : Jeannette HÉRAULT née MAINAGE (1940-), Rose BLONDEAU née MAUBERGER (1845-1944).

À la douce mémoire de notre chère grand-tante Christiane JALLAIS MAINAGE qui nous a quitté l’an passé dans sa 93e année. Née à Messemé, elle fut une chrétienne convaincue, engagée et pratiquante, comme tous les Messeméens et Messeméenes. Le plus grand drame de sa vie fut qu’elle ne put mettre au monde, pour des raisons médicales, que « seulement » 11 enfants nés au Haut-Messemé entre 1946 et 1959, et ce alors que son rêve était d’être la mère 12 enfants, autant que le Christ avait d’Apôtres…


Pour aller plus loin sur la question des Inventaires dans le diocèse de Poitiers, vous pouvez consulter :

 

Ci-dessous cartographie des lieux cités au cours de ce Challenge AZ.
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