#ChallengeAZ │ I… Je me souviens de la Belle Indienne

C’est un hameau de la commune de Sérigny situé à 5 km du bourg sur la D757 entre Orches et Richelieu : La Belle-Indienne. 

Ce lieu est la source de souvenirs familiaux et je me suis toujours demandée qu’elle était l’origine de ce nom atypique. Je ne pense pas que les indiens soient venus dans notre Poitou ! D’après la mémoire locale, l’origine de ce nom peu banal pour notre région viendrait d’une petite épicerie possédant un rayon mercerie, avec des cotonnades à fond sombre appelées « Belle-Indienne ». C’est en l’honneur de ces étoffes que l’épicerie aurait porté comme enseigne : « A LA BELLE-INDIENNE ». Et tout naturellement le hameau qui s’est formé autour aurait pris son nom !

Cette rumeur pourrait être confirmée par les recensements. Il semble en effet que l’épicerie apparaisse dans le hameau entre 1891 et 1896. En effet, on ne trouve aucune trace de l’épicerie en 1891. En revanche, en 1896, on recense 10 foyers dont :

  • un boucher : Grégoire CHEDEVERGNE et son épouse,
  • un instituteur : Charles GUITON avec son épouse et son fils,
  • une institutrice : Marguerite BOUTIN avec son époux, sa fille et un domestique,
  • un cordonnier : Octave DELAGARDE avec son épouse Marie LAURIN aubergiste,
  • un cantonnier : Louis GARNIER avec son épouse et ses enfants,
  • un sabotier : Vincent BEAUVILLAIN,
  • et une épicière : Zoé BERTIER. 

En 1901 on trouve beaucoup de métiers au bourg, mais, à La Belle Indienne, il n’y a plus qu’un couple d’instituteurs (Charles GUITON et sa femme) et le cantonnier. On retrouve l’épicière à Gençay, un hameau tout proche. Il s’agit certainement d’une erreur de recensement car en 1906 et en 1911 notre Zoé est toujours à La Belle Indienne. En 1911 elle a 76 ans et on la dit rentière. Combien de temps a-t-elle tenu son épicerie, mystère ? On sait, d’après le BODACC (Bulletin officiel des annonce civiles et commerciales), que l’épicerie a porté le nom de « LA BELLE INDIENNE » jusqu’à sa cessation d’activité en 1970.

En reprenant les recensements antérieurs, on s’aperçoit que ce hameau apparaît de façon épisodique. Ainsi en 1851, on recense un foyer dans ce hameau et par la suite il n’est plus cité. Cette recherche met donc à mal la croyance locale telle qu’elle m’a été racontée. 

Le mystère s’épaissit quand, au cours de recherches, on apprend que « La Belle Indienne » était le surnom donné à la veuve SCARRON avant qu’elle devienne la Marquise de MAINTENON. Ce surnom faisait référence à son enfance qu’elle avait passée en Martinique. 

Alors, qui de l’épicerie ou du lieu a donné le nom à l’autre ? Le lieu est-il un hommage à la Marquise ? Cela reste un mystère.

L’évocation de cette épicerie est liée à ma grand-mère paternelle, Joséphine LEBLANC  qui l’a probablement fréquenté et certainement assisté à sa création.

C’est au lieu-dit La Croix, à 1 km de La Belle Indienne, que ma grand-mère voit le jour l’été 1864, quatrième enfant d’une fratrie de six (2 filles et 4 garçons). 

Quatre enfants sont nés à la Croix, Flavie et Camille à la Ménonière, mais Flavie décède à 1 mois. Le père décède à 43 ans à Fourneuf  laissant 5 enfants mineurs (âgés de 12, 11, 8, 6 et 2 ans). La mère décède à 56 ans à la Galiserie. Elle ne s’était pas remariée : exceptionnel, pour une veuve avec de jeunes enfants. Au décès du père, la famille habite Fourneuf avec un domestique et une servante. Mais en 1876 il n’y a plus qu’une servante, les enfants ayants grandis. En 1881 la famille habite Gençay sauf Joseph qui est parti pour le 32ème régiment d’infanterie.

Mes grands-parents : Vincent Marcellin POISSON et Joséphine LEBLANC © photo collection privée

Ma grand-mère Joséphine se marie en 1885 avec Vincent Marcellin POISSON. Ils auront 14 enfants :

  • Joséphine (° 1885 à Fourneuf   † à 10 jours),
  • Marcellin (° 1886 à Gençay  † en 1914 en Moselle),
  • Camille (° 1888 à Saint-Bonnet   † en 1918 dans l’Aisne),
  • Aristide (°1891 à Gençay),
  • Emile (° 1892 à Bellebâte  † en 1893 à 3 mois ½),
  • Marie-Baptistine (° 1893 à Bellebâte),
  • Alida (° 1895 à Bellebâte),
  • Emilia (° 1896 à Bellebâte),
  • Maximin (° 1898 à Bellebâte),
  • Octave (° 1900 à Bellebâte),
  • Isabelle (°1901 à Bellebâte),
  • Lucienne (°1904 à Bellebâte),
  • Félicien (° 1907 à Bellebâte),
  • Renée (° 1910 à Berthegon).

© Mémoire des Hommes ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

© Mémoire des Hommes ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Situation géographique des hameaux de Sérigny cités dans l’article

Pendant 18 ans ils ont habité Bellebâte une ferme du XVème siècle, située au milieu des champs, en haut d’un coteau, la ferme à cour carrée fermée, typique de la région, domine le paysage environnant. L’accès se fait par une une large porte cochère, flanquée d’une autre piétonnière  également en plein cintre. Selon les dires locaux, il subsisterait des traces d’une chapelle, d’où partaient des couloirs souterrains en direction de la tour Legat et de la tour Gonzay, ces deux forteresses ayant été construites au XVème siècle pour protéger Châtellerault. Plusieurs cercueils de pierre ont été mis au jour à quelques dizaines de mètres du logis, qui abrite une exploitation agricole.

Ferme de Bellebâte (Sérigny)

 

Ci-dessous cartographie des lieux cités au cours de ce Challenge AZ.
Cliquez sur les épingles pour accéder aux articles déjà publiés.

Voir en plein écran