En allant au cimetière de Thuré, sur les tombes de nos ancêtres, je suis intriguée par un monument funéraire qui se trouve à l’entrée près de la grande porte à double battant. Ce monument indique le nom du lieutenant O. AMIET, son lieu et sa date de décès et donc j’ai décidé de faire des recherches sur cette personne.
Sa naissance
Léon Olivier AMIET est né le 11 avril 1882 à Thuré. Il est le fils de Jules, âgé de 26 ans et de Marie JOLLY, âgée de 28 ans, tous deux mariés à Thuré le 6 mai 1878. Ses grands-parents du côté paternel sont François AMIET et Jeanne BRUNEAU et du côté maternel Jean JOLLY et Marie BARBOTTIN. Il a eu quatre frères : Firmin Jules François, Norbert (décédé quelques jours après sa naissance), Emile Romain et Jules.
Son parcours d’étudiant
Léon Olivier fréquente l’école primaire de Thuré puis fait ses études à Châtellerault. En 1901, il entre à l’école vétérinaire d’Alfort et en sort diplômé en juillet 1905 (il est 48e sur 63 et le seul de la Vienne cette année-là).
Son parcours militaire
Après une année passée comme aide vétérinaire stagiaire à l’école d’application de cavalerie de Saumur, il est affecté au 25e dragon le 29 juillet 1906 avec le grade d’aide vétérinaire. En octobre 1906, il passe au 5e chasseur à Neufchâteau.
Il est un des premiers adhérents de l’association amicale des vétérinaires militaires. Il devient vétérinaire militaire par décision du 26 février 1908 au 5e régiment de chasseur. Placé hors cadre, il doit attendre les instructions du ministre des colonies et est mis à la disposition du gouverneur de l’Afrique Occidentale qui lui confie par la suite « la mission de contribuer à l’organisation des compagnies de méharistes qui devaient opérer sur les confins de l’Adrar (Mauritanie) et d’étudier les diverses maladies qui sévissaient sur les chameaux de cette région ». (La semaine vétérinaire du 27 mai 1911)
Le 10 juin 1908, son chef part à la recherche d’un puits. Pendant ce temps, AMIET resté à Talmest conserve le détachement avec 60 hommes, 1 mitrailleuse, 80 chameaux et les objets de campement.
Le 14 juin 1908, il se heurte à une forte bande de guerriers fanatiques armés de fusils à tir rapide qui vient d’exterminer la colonne du capitaine MANGIN. Il organise la défense, sa mitraillette refuse de fonctionner, les chameaux sèment le désordre dans le camp. Il résiste jusqu’à une heure du matin et une charge de baïonnette déroute complètement l’ennemi. Le détachement perd 12 personnes et on dénombre 11 blessés pendant cette attaque. Le 20 juin, Léon Olivier adresse un rapport relatant les péripéties du combat. Pendant les combats, deux balles ont traversé son casque.
Après ce brillant fait d’armes, apprécié par ses camarades comme un des plus beaux sous le drapeau français en Afrique Occidentale, il est proposé à vingt six ans à la légion d’honneur. Le 1er septembre 1908, il est nommé vétérinaire en second.
Son décès
Le 15 décembre 1908, il meurt à Moudjera (ville au centre de la Mauritanie située dans la région du Tagant) des fièvres paludéennes non loin du champ de bataille de Talmest, sans avoir eu le temps d’être décoré.
M. Ansbert LAQUERRIERE (1837-1915), ancien vétérinaire militaire, rend un hommage ému à Olivier AMIET, « jeune vétérinaire en 2e, pour sa belle conduite en Mauritanie au combat de Talmest qu’il a dirigé quand les chefs ont été tués. Il ramena les débris de la colonne. Il a succombé aux suites d’anémie et de paludisme quelques temps après ce glorieux fait d’armes. C’est un nom de plus à inscrire dans le livre d’or des vétérinaires militaires que j’ai créé à Saumur. » (Le bulletin de la Société des sciences vétérinaires de Lyon du 27 mars 1909)
En août 1909, M. le vétérinaire principal Eugène AUREGGIO (1844-1924) adresse aux députés de la Vienne une supplique en vue d’obtenir la restitution à la famille de la dépouille mortelle. Le gouvernement de l’Afrique Occidentale écrit à la famille dans les termes suivants : « J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’en raison de la belle conduite de votre regretté fils au combat de Talmest et des fatigues qu’il s’est imposé en Mauritanie, j’ai décidé que l’administration de l’Afrique occidentale prendra à sa charge les frais d’exhumation et de transfert des restes mortels à Thuré (Vienne) ». (La revue vétérinaire 1910)
Le 15 décembre 1909, l’acte de décès est retranscrit dans les registres de l’état-civil de Thuré.
En décembre 1910, une circulaire autorise les militaires à participer à la souscription ouverte en vue de l’érection d’un monument au vétérinaire AMIET.
Le 25 avril 1911, les cendres arrivent à Châtellerault et le 26 avril il est inhumé dans le cimetière de Thuré. Sur le char funèbre décoré de faisceaux de drapeaux étaient fixées de splendides couronnes en fleurs naturelles et artificielles. Les cordons du poële (drap funéraire) étaient tenus par M. ESCLAUZE, vétérinaire en 1er du 25e dragons, par M. MOREAU de Sossais, par un lieutenant des services administratifs du génie et par un condisciple du défunt.
Au cimetière, cinq discours furent prononcés par :
- Le Maire de Thuré,
- M. ESCLAUZE, vétérinaire de l’armée et représentant de l’association amicale des vétérinaires militaires,
- M. BOLTZ, vétérinaire au nom de la Société des vétérinaires de la Vienne,
- M. le Président de l’association des anciens élèves du collège de Châtellerault,
- M. le Principal du collège de Châtellerault.
Les journaux nationaux comme « Gil Blas », « L’Univers », « La Croix » informent leurs lecteurs du décès d’Olivier AMIET.
Thuré rend hommage à Olivier AMIET
Un monument est inauguré le 7 juillet 1912 à Thuré.
Le ministre de la Guerre est représenté par le lieutenant colonel JANIN du 32e régiment d’infanterie. Celui-ci est accompagné d’une délégation d’officiers de la garnison de Châtellerault. Des discours sont prononcés par M. CHAMPIGNY, maire de Thuré, le lieutenant-colonel JANIN, le vétérinaire départemental BOTZ, le président de l’Amicale des anciens élèves du collège de Châtellerault. La fanfare de Thuré joue « La Marseillaise » et de nombreuses couronnes sont déposées au pied du monument. M. le commandant CHAMPIOT, président du souvenir français dépose au nom du siège social de Paris, une couronne au pied du monument. Une palme est déposée au nom de ses camarades sur sa tombe par M. DUVAU.
Je rends hommage à ce combattant vétérinaire en Mauritanie.
Ci-dessous cartographie des lieux cités au cours de ce Challenge AZ.
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