Herage 140

Herage 140

Le premier numéro de l’année 2018 est bouclé ! Vous êtes abonnés ? Vous devriez le voir arriver dans vos boîtes aux lettres début mars. Vous pouvez d’ores et déjà le consulter en version numérique (sur le site herage.org, rubrique « Adhérents », puis « Compte », puis « consultation du dernier Herage »).

Au sommaire :

  • Sauvegarde du patrimoine ou comment cinq membres du CGP ont procédé à une opération de restauration d’un cimetière protestant à Rouillé.
  • Gilbert LANDRY, le premier aviateur de la Vienne.
  • Du champ d’honneur…au champ de « patates » : si vous voulez savoir ce qu’a pu devenir votre ancêtre au cours d’une bataille napoléonienne.
  • Un bien curieux bouton ou comment un simple bouton devient le prétexte à une enquête qui vous mènera jusqu’au château de Touffou à Bonnes.
  • Jazeneuil, d’un mariage à un procès : une autre enquête à travers les actes notariés.
  • Les poitevins guinchent au bord de l’eau avec l’évocation des anciennes guinguettes de Poitiers.
  • Et toujours des quartiers d’adhérents et des cousinages entre adhérents ou avec des célébrités…

Pour s’abonner, voir sur le site herage.org, rubrique « Accueil », puis « L’adhésion au cercle » ou contact cgp@herage.org

Enfants trouvés à Poitiers

Dans la revue Herage n° 17 page 19, Simone DUPRÉ évoque ses recherches sur les enfants trouvés dans la Vienne.

C’est lors de recherches généalogiques à Persac que fut découvert dans un registre d’état-civil un dossier d’enfant « trouvé dans un panier » en 1811. On lui donne le nom de Julie Elisabeth DUPAGNIER. La lecture des registres matricules des enfants trouvés n’a pas permis de connaître son destin, mais en feuilletant ces registres on ne peut qu’être ému par le nombre de décès de ces pauvres enfants dans les premiers jours de leur vie. Un tragique bilan qui motive les recherches qui vont suivre.

Dans les registres matricules on peut se documenter sur le nombre de naissances et décès, des « remis aux parents », des rares adoptions, sur les lieux d’abandon, les prénoms et surnoms et leurs vêtements lors de cet abandon.

Dans le dictionnaire, depuis 1694 jusqu’aux plus récents, la définition ne varie guère :
1694 dictionnaire Furetière : « enfants trouvez sont des enfants exposés dont les père et mère sont inconnus« . (lien vers Gallica)
1975 dictionnaire Quillet : « enfant trouvé : enfant abandonné par ses parents et recueilli par d’autres ou par l’assistance publique« .

Dans une étude historique les concernant (liasse J.11 71 AD86), on s’aperçoit qu’au fil des siècles les abandons furent très nombreux. On a toujours cherché à améliorer leur sort, en vain d’ailleurs par manque de ressources.

Dans un livret remis aux malades à leur entrée à l’Hôtel-Dieu, il y a quelques années, l’historique des hôpitaux de Poitiers y figurait. Ces hôpitaux furent nombreux au moyen-âge mais disparurent peu à peu. Cependant l’un d’entre eux est à l’origine de l’Hôtel-Dieu actuel (ex. Grand Séminaire). C’était l’aumônerie Notre-Dame ou Hôtel-Dieu, située face à la collégiale Notre-Dame-La-Grande qui recevait malades et enfants trouvés. Il faudra attendre 1793 et la vente des biens nationaux pour voir le transfert de l’Hôtel-Dieu au Grand Séminaire. Le deuxième établissement à recevoir ces enfants était l’Hôpital Général (Jean-Macé) où les enfants travaillaient dans les ateliers dés 7 ans.

Les lieux d’abandon

On les lève près des boutiques dans les rues commerçantes du centre ville, près des églises, beaucoup rue de Cordeliers. Ces enfants sont exposés à « mille accidents » au moment des abandons. Les autorités s’en préoccupent et on parle dés le XVIIIe siècle de l’ouverture d’un tour. Celui-ci fonctionnera de 1792 à 1796 puis de 1811 à 1860 à l’Hôtel-Dieu. « On ferait mettre un berceau tournant dans le mur de clôture de la cour de l’hôpital qui communiquerait au dehors où chacun pourrait y apporter les enfants nuitamment qu’on lèverait dés l’instant en avertissant par une sonnette qui serait posée à cette fin. » (AD86 H Dépôt 115 Hôtel-Dieu, liasse 3 E 6)

Un enfant est trouvé ou « levé », que devient-il ?

Les autorités requièrent le lieutenant de police, un greffier, une « servante » de l’Hôtel-Dieu. Un procès verbal de levée est fait. Puis l’enfant est mené à l’église où on le baptise. Puis il est admis à l’Hôtel-Dieu. Il y restera un jour ou plus, selon son état de santé, puis partira chez une nourrice.

Les causes principales de ces abandons sont la misère, la honte, les guerres, la débauche. Il y a une mortalité constante chez ces nourrissons. Le pourcentage des décès de moins de 2 ans est effrayant. On meurt en nourrice ou à l’hôpital mais les décès en nourrice sont très nombreux. Celles-ci sont de pauvres femmes des petits villages autour de Poitiers, d’une « extrême indigence », incompétentes, vivant dans des maisons sans hygiène. Elles ne sont pas contrôlées. Elles ne le seront qu’en 1856.

Quelques enfants seront adoptés par les nourrices, ce sera une « main-d’œuvre facile ». D’autres seront remis à leurs parents, leur mère le plus souvent (10%). Les professions des mères étaient celles de domestiques, servantes, couturières, lingères.

Certaines mères pensaient reprendre leur enfant lorsque leur situation se serait améliorée d’où des petits objets attachés à leurs vêtements afin de les reconnaître. Ces vêtements étaient modestes. Mais on accumule les vêtements en mauvais état le plus souvent. On a peur du froid, on fait tout ce qui est possible avec de modestes moyens. Sur les vêtements (dont la description est minutieuse sur les registres), souvent un billet porte leur prénom. On y ajoutera un surnom rappelant le lieu de l’abandon ou des particularités variées : La Fleur, L’Eveillé, Pelage, Boulanger, Acadie. Au XIXe siècle afin que les mères ne puisent reprendre leurs enfants en tant que nourrices payées, l’administration donne un nom et un prénom sans tenir compte des prénoms donnés par la mère.

Au fil des siècles, nombreuses furent les tentatives pour diminuer les abandons et améliorer le triste sort de ces enfants. Mais c’est seulement à partir de 1806 puis 1811 et 1856 que des lois en leur faveur commencèrent à améliorer leur sort et celui des mères. Mais il faudra attendre le XXe siècle pour voir apparaître un changement de mentalité qui ne les rejette plus mais les difficultés subsistent encore.


Sources : AD86 Registres matricules des enfants trouvés et abandonnés 3 X 101 à 109, mémoire de maîtrise n°73 de Christian PINET, mémoire de maîtrise n° 82 de Monique ROBIN, bulletin des antiquaires de l’ouest 1913 « assistance publique à Poitiers » par A. RAMBAUD.

Pour en savoir plus :
Regards sur l’enfance : les enfants abandonnés et exposés à Poitiers au XVIIIe siècle (université de Poitiers)
La vêture des enfants trouvés

Les pionniers partis des Deux-Sèvres vers le Canada

couverture du livre Poitevins au Canada

Aux 17e et 18e siècles, 250 hommes et femmes originaires de 94 paroisses du département des Deux-Sèvres, ont un jour quitté leur région natale vers le Nouveau Monde, où ils bâtiront un pays : La Nouvelle-France, devenue le Canada.

Les milliers de descendants de ces valeureux Poitevins vivant aujourd’hui en Amérique du Nord pourront ainsi retrouver un peu de l’histoire de leurs origines, tandis que les Poitevins d’aujourd’hui découvriront l’existence d’un lointain cousin…

Marguerite Morisson-Gaboreau, adhérente du Cercle Généalogique des Deux-Sèvres,  publie ses recherches dans un ouvrage ouvert en souscription jusqu’au 30 avril 2018.

Si vous avez, comme beaucoup d’adhérents de l’association, des ancêtres dans le département des Deux-Sèvres ou que vous souhaitez découvrir ces migrations vous pouvez bénéficier d’un tarif privilégié de 25 euros en remplissant le document en téléchargement.

Bien sur, lors de sa parution et pour vous éviter les frais de port, vous pourrez aussi retirer cet ouvrage dans les locaux du Cercle Généalogique Poitevin.

Une centenaire originaire d’Iteuil

Par Jean MOUSSU (adhérent CGP n° 1225)

On relève sur le registre de la paroisse de Sainte Triaise à Poitiers, à la date du 14 février 1746, la sépulture de Jeanne JORIGNY fille âgée de 103 ans « demeurant depuis trois ans chez André JORIGNY petit marchand. Son grand âge l’avait mis hors d’état de recevoir l’Eucharistie, mais elle a reçu les autres sacrements. Originaire d’Iteuil, elle est la fille de Sébastien JORIGNY et de Antoinette AUGRON ».

acte de décès Jeanne JORIGNY

Acte de décès de Jeanne JORIGNY – AD86 BMS 1746-1757 vue 2

Compte tenu d’une date de naissance remontant à 1643, il est illusoire de retrouver l’acte correspondant pour vérifier avec certitude ce « record », faute de registres paroissiaux.

Au demeurant, on peut pister sa trace. À ce titre, il existe un André JORIGNÉ veuf de Louyse LACOUTURE, et fils de feu Sébastien JORIGNY et de Florence MORILLON, remarié le 29 août 1729 paroisse de Ste Triaise, avec Marye PETIT veuve de Jean FERNET journalier.

S’agit-il de celui qui hébergeait la centenaire ?

C’est assez vraisemblable car on trouve le couple « Sébastien JARNIER – Fleurance MORILLON » d’une orthographe différente mais phonétiquement proche de la source précitée, sachant qu’assez curieusement JORIGNY ou GERNIER sont utilisés dans cette famille. Ces derniers se sont mariés à Béruges le 3 juin 1692. L’époux est le fils de Sébastien JARNIER et d’Antoinette OGROUX, et l’épouse est la fille de Pierre MORILLON et de Jeanne RINOUX. Autrement dit, il y a un lien de parenté entre la centenaire et cet André JORIGNÉ qui serait donc le neveu de Jeanne JORIGNY.

Les recherches sur la naissance pourraient donc être aussi menées sur la paroisse de Béruges, mais là encore lacune des registres.

Arbre de parenté de Jeanne JORIGNY

Arbre de parenté de Jeanne JORIGNY

 

Centenaire 14-18 dans la Vienne # 2

moussac sur vienne combattants 14 18 affiche

Dans le cadre du centenaire 14-18, nous poursuivons notre navigation sur internet à la recherche des sites ou blogs qui participent à leur manière à cette commémoration sur le département de la Vienne.

En 2014, la commune de Moussac-sur-Vienne avait organisé une exposition intitulée « Moussac-sur-Vienne combattants de 14-18 ». Cette exposition conçue et réalisée par l’historien local Christian LANNEAU était le fruit d’un important travail de recherches mené au sein de l’association « Moussac toujours ».

L’exposition retraçait sur 10 panneaux les parcours des 61 poilus Moussacois mais aussi des malheureux qui sont décédés des suites de leurs blessures après la fin du conflit. Sur le blog des amis Moussacois, vous pourrez voir ou revoir la rétrospective de cette exposition.

Christian LANNEAU a pérennisé les recherches effectuées dans le cadre de cette exposition en éditant une brochure qui est téléchargeable ici.