#ChallengeAZ │ Y… L’école Camille DEMARÇAY

L’école Camille Demarçay se situe au bourg de Nanteuil dans la rue principale reliant celui de Migné à Grand-Pont. Elle a été construite sur la commune de Migné-Auxances vers 1880 par Camille Demarçay sur un terrain du domaine de Malaguet obtenu par héritage de son père, le général d’artillerie et baron d’Empire, Marc Jean Demarçay. Ce dernier s’était porté acquéreur de ce domaine par acte du 25 mai 1817 passé par devant Me Tulasne notaire à Poitiers.

Bien que demeurant principalement à Paris – ses trois enfants y sont nés – Camille Demarçay participe à la vie communale. Il est élu conseiller municipal puis maire les 23 janvier 1881 et 25 juin 1885. Toujours conseiller municipal, Il ne sera pas réélu les mandatures suivantes de 1888 et 1892 et décédera à Paris le 7 juin 1893.

Camille Demarçay offre la jouissance gratuite pendant une période de 10 années des bâtiments qu’il a précédemment construits pour y créer une école laïque de filles et une école enfantine. La municipalité accepte cette offre qui doit prendre effet, après accord du préfet, le 1er janvier 1884. Le bail de location des bâtiments ne sera finalement établi que le 12 juillet 1885.

Camille Demarçay étant décédé, et la fin du bail de location des bâtiments arrivant à brève échéance, Cécile Lainé son épouse, est sollicitée par la municipalité pour continuer l’œuvre de bienfaisance de son mari. Cette dernière accepte la proposition de renouvellement du bail établi par son mari, mais en contrepartie, elle demande le changement, pour des raisons obscures, de l’institutrice Mme Perdreau pourtant appréciée par les parents d’élèves et la population de Nanteuil.

Elle propose un logement nécessaire pour l’installation d’une école de filles à Nanteuil, offre également un logement complet pour y installer un instituteur.

Des démarches sont entreprises auprès de Mme Demarçay pour la convaincre de revenir sur sa décision. Finalement, le bail est reconduit le 1er septembre 1895 pour une durée de 6 années et une somme d’un franc annuel. Mme Perdreau est maintenue dans ses fonctions d’institutrice.

En décembre 1896, Mme Demarçay s’étonne qu’en raison des sacrifices qu’elle fait, et qu’elle a l’intention de faire pour la commune, le poste d’instituteur ne soit pas encore créé.

… si satisfaction ne lui est pas donnée, elle retirera ses maisons aussitôt qu’elle le pourra. Au contraire, si le poste est créé, elle prendra à sa charge le chauffage des classes et fournira les prix nécessaires à la fin de chaque année.

En 1900, le poste d’instituteur exigé par Mme Demarçay n’est toujours pas créé à l’école de Nanteuil. Ce n’est pas le fait de la municipalité, mais celle de l’administration préfectorale. Elle ne se décourage pas, et dans le renouvellement du bail, elle est disposée à céder ses locaux à la commune à condition qu’il soit enfin crée le poste d’instituteur.

La ténacité de Mme Demarçay conduit à la nomination de Louis-Fernand Camille Plaud, né à Paizay-le-sec le 19 septembre 1881, comme instituteur titulaire à l’école de Nanteuil le 1er aout 1910, poste qu’il occupera jusqu’au 7 mai 1916. Lors de sa visite de 1912, l’inspecteur primaire le qualifie de maitre intelligent et actif obtenant des résultats satisfaisants et très bien vu à Nanteuil. Il est rejoint par son épouse Zaël Clélie Juliette Pallu comme institutrice.

Classe de Louis PLAUD, école Demarçay, 1912 ou 1913 ▲ clic pour agrandir l’image

Classe de Zaël PLAUD, école Demarçay, hiver 1913 ▲ clic pour agrandir l’image

Au moment du conflit 14-18, Louis Plaud est incorporé au 125ème régiment d’Infanterie basé à Poitiers. Il entre en campagne en septembre 1914, et participe comme sous-lieutenant aux combats de Verdun. Il est  » tué à l’ennemi  » à la cote 304, commune d’Esnes et département de la Meuse.

Louis Plaud est cité à l’ordre du corps d’armée comme Excellent officier, très brave et très énergique. Tué glorieusement alors qu’il soutenait le moral de ses hommes au cours du combat du 7 mai 1916

Il obtient la croix de guerre avec une étoile ainsi que la Croix de Chevalier dans l’ordre National de la Légion d’Honneur.

Sa dépouille repose à la nécropole nationale de Brocourt-en-Argonne commune de Récicourt.

La commune de Migné lui rend hommage en donnant son nom à une rue du bourg de Nanteuil

 

Si Mme Demarçay a réussi à obtenir la création d’un poste d’instituteur, elle n’a pas fait don de ses bâtiments scolaires comme elle l’avait proposé. Elle s’éteint le 4 mai 1916 au château de Malaguet. Son inhumation a lieu au cimetière des Sous-Remuets où sa tombe est fleurie par la municipalité.

La commune devient propriétaire des bâtiments scolaires grâce à la donation de Philippe Demarçay son petit-fils et héritier. En effet en 1977, … sur son lit de mort, alors qu’il se trouvait dans l’impossibilité d’écrire, en raison de sa grand faiblesse, et que le temps manquait pour appeler un notaire, a déclaré en présence de ses amis, qu’il laissait à la Commune de Migné-Auxances les immeubles servant de bâtiments scolaires, dit  » Ecole de Nanteuil « …

La municipalité, dans sa séance du 24 février 1980 accepte ce leg.

Aujourd’hui, pour honorer la mémoire de Camille Demarçay, l’école qu’il a fondée et la rue principale de Nanteuil qu’elle dessert, portent son nom.

 

Généalogie de la famille Demarçay :

DEMARCAY, Migné Auxances, Vienne 86, généalogie

Arbre généalogique ▲ clic pour agrandir l’image

 

Sources :
Archives municipales : délibérations conseil municipal
Archives départementales : registres Etat-civil – série 1 T 2-
SHAT de Vincennes 5YE

 

#ChallengeAZ │ X… Identifiez les X sur les photos

Expositions de photos de classes et de cartes postales des écoles de la Vienne, Bignoux 2018 © Th. Chestier

Pour les journées d’échanges du Cercle généalogique Poitevin qui se sont déroulées à Bignoux en 2018, nous avons fait appel à nos adhérents pour préparer une exposition de photos de classe de la Vienne. Nous avons ainsi pu réunir une belle galerie de photos. Les plus anciennes datent de 1884 et 1895. Nous vous proposons donc de retrouver quelques unes de ces photos et peut-être pourrez vous nous aider à identifier les enfants et instituteurs qui y figuent. Alors n’hésitez pas à cliquer sur les photos pour les agrandir.

Photo n°1, MIgné-Auxances, école de limbre, 1884

Photo n°2, Rouillé vers 1895, © Claude Allard

Photo n°3, Buxerolles 1926, prêt M. Sapin

Photo n°4, La Grimaudière, école libre avant 1905

Photo n°5, Latillé, fête de fin d’année à l’école de garçons, 1935-1936

Photo n°6, Lussac-les-Châteaux, vers 1906-1907

 

 

#ChallengeAZ │ W… Le Wood-block au conservatoire de musique ?

Qu’est-ce qu’un wood-block ?

Le wood-block est un instrument de musique de percussion composé d’un morceau de bois creux sur lequel on tape avec un morceau de bois plein. Il en existe de toutes tailles.

 Le wood-block est à l’origine un instrument chinois appelé aussi ban. Il a été adopté par les premières formations de jazz et il est devenu par la suite très prisé des batteurs.

Où apprendre à jouer du wood-block ?

La meilleure façon de jouer du wood-block, c’est d’intégrer une école de musique ou un conservatoire de musique.

A Châtellerault, vous pouvez aller au conservatoire de musique Clément JANEQUIN.  Un petit historique des lieux s’impose ?

Le 17 août 1912, le conseil municipal propose d’organiser une école de musique municipale à l’usage de filles et de garçons[1]. L’année suivante, la décision est prise de faire une étude pour la création d’une école de musique municipale[2]. Mais la guerre survient et tout est arrêté.

Finalement, la création de cette école est décidée le 24 octobre 1919, avec le regroupement des deux ensembles existants  alors à Châtellerault « l’Harmonie » et « la Fanfare »[3]. Deux professeurs de solfège et de musique instrumentale sont nommés pour cette occasion.

Dans les années 1929/1930, les cours sont donnés à la mairie dans deux grandes salles de l’ancienne école désaffectée et les cours du soir ont lieu dans la salle d’audience de la justice de paix.

En 1936, Joseph-Raphaël MASSON réorganise l’école de musique sous le nom d’ « école gratuite de musique de l’Harmonie municipale ». Il en devient le premier directeur. L’école compte alors une trentaine d’élèves.

En 1962, l’école de l’harmonie devient « l’école municipale de musique » et s’installe progressivement dans l’ancien collège désaffecté, en plein centre ville, 8 rue de la Taupanne. A partir d’octobre  1964, les lieux sont aménagés et neuf salles sont occupées.

En 1968, l’école prend le nom de « Conservatoire municipal de musique » et est agréé par le ministre sous l’impulsion de Pierre-Yves Level en 1979. Son directeur est Emile LELOUCH, il y a 28 disciplines enseignées, 30 professeurs et 724 élèves.

En 1982, la danse vient rejoindre la musique, l’école devient « conservatoire municipal de musique et de danse ». Charles Kaiser vulgarisateur et pionner de la danse dans le châtelleraudais, devient le premier enseignant.

En 1984, Françoise MATRINGE devient directrice du conservatoire. L’école devient « école nationale de musique et de danse ».

En 1985, c’est l’année européenne de la musique[4].  La  directrice de l’école, aussi présidente du centre musical Clément JANEQUIN organise du 1 au 7 septembre, le 500éme anniversaire de la naissance de Clément JANEQUIN. Des expositions et des récitals sont organisés. Les chansons  « Pavane la bataille » et « Martin Menoit » de cet auteur sont interprétées.

Programme du concert du jeudi 5 septembre 1985, ACGC : 4PR17

Les lieux sont exigus et de plus en trop vétustes. Aussi de nombreux travaux sont effectués entre 1986 et 1988. Après les travaux, 19 salles sont utilisées ainsi qu’un auditorium, un studio de danse, une bibliothèque, un foyer ainsi que des locaux administratifs.

En 2002, l’école Nationale de musique et de danse devient un équipement culturel à vocation communautaire, géré par la communauté d’agglomération du Pays Châtelleraudais.

En 2007, l’école Nationale de musique et de danse (ENMD) devient conservatoire à rayonnement départemental (CRD).

En 2010, le CRD arbore un nouveau nom et devient « le conservatoire de musique et de danse à rayonnement départemental Clément JANEQUIN ».

Conservatoire de musique et de danse, Clément Janequin © C. Bourreau, novembre 2019

Pourquoi le nom de Clément JANEQUIN ?

Clément JANEQUIN est né vers 1485, à Châtellerault, fils d’Etienne et de Louise LIACHÈRE. C’est un compositeur de la Renaissance française. Il laisse une oeuvre très importante : plus de deux cent cinquante chansons françaises dont le chant des oiseaux, la guerre ou la bataille de Marignan, de cent cinquante psaumes et chansons spirituelles, des motets, deux messes et un madrigal italien.

En 2011, Le CRD déménage 1 rue Jean Monnet, dans le bâtiment de l’horloge, sur le site de la manu. Il est inauguré le 14 avril 2011.

Inauguration du conservatoire de musique et de danse, Clément Janequin © C. Bourreau, novembre 2019

Maintenant fort de ces renseignements vous pouvez vous rendre au conservatoire « Clément Janequin » pour apprendre à jouer de cet instrument particulier le « wood-block pour ensuite incorporer une formation de jazz.

[1] ACGC : 1D47. Délibération du conseil municipal, page 50.

[2] ACGC : 1D48. Délibération du conseil municipal, page 62.

[3] ACGC : 1D50. Délibération du conseil municipal, page 176.

[4] ACGC : 4PR17.

#ChallengeAZ │ V… Valdivienne, une dynastie d’instituteurs

A l’occasion de mes recherches généalogiques j’ai été attiré par la présence sur l’acte de décès d’une arrière-grand-mère, Louise ROBUCHON, le 21 janvier 1916 à Salles-en-Toulon, d’un certain Georges ARNAULT, instituteur, ami de la défunte.

Acte de décès de Louise ROBUCHON © AD86

Par curiosité, j’ai voulu en savoir plus sur cet instituteur. Il est né en 1863 d’un père instituteur communal.  Il se marie à Marceline PINARD, institutrice, le 26 novembre 1890 à Verrières. Ils auront trois enfants, Denise, qui sera également institutrice, Renée et un fils Charles.

L’école communale de Salles-en-Toulon concernait à la fin du 19e siècle les filles et les garçons. Cette école accueillera en 1915 20 lits de convalescence gérés par l’association OAC, Œuvre de l’Assistance aux Convalescents. Georges sera dispensé de service militaire contre un engagement de servir 10 ans dans l’enseignement. Il prendra sa retraite en 1923. Les deux recevront les palmes académiques.

Cette dynastie d’instituteurs commence avec René ARNAULT, fils d’un menuisier, né en 1827 à Chenevelles. Il est déjà instituteur à Morthemer lors de son premier mariage en 1851 avec Françoise BOURGNON, lingère. Il aura deux enfants de cette première union, un fils, décédé rapidement et une fille mariée à Morthemer avec un menuisier. De son deuxième mariage avec Fanie BAROIS, aussi lingère, il aura deux enfants, François Charles René, né en 1858 et Joseph Marie Georges, né en 1863. Ces deux derniers enfants seront tous les deux instituteurs comme leur père.

Charles se marie en 1883 avec Ernestine PIJAUD, à Liglet. Tous les deux seront instituteurs à Saint Martin la Rivière dès 1883, comme l’indique le recensement de cette année-là. Ils resteront à ces postes jusqu’à leur retraite à partir de 1913. Ils seront donc les instituteurs en poste au moment de la création de la nouvelle école du bourg. Les deux recevront les palmes académiques.

En 1895 l’école communale de Saint-Martin-la-Rivière ne concernait que les garçons qui sont seuls présents sur la photo. Les filles devaient aller à l’école libre gérée par la congrégation de la Salle de Vihiers. Charles sera dispensé de service militaire contre un engagement de servir 10 ans dans l’enseignement.

La 3e génération d’instituteurs concerne la fille de Georges ARNAULT, Denise ARNAULT qui, déjà institutrice, se marie en 1912 à Salles-en-Toulon avec Benjamin BAULT, aussi instituteur. Ce couple va succéder au couple Charles ARNAULT et Marceline PIJAUD à l’école communale de Saint-Martin-la-Rivière. Cette école va s’ouvrir aux filles grâce à la construction de nouveaux locaux. Contrairement à George et Charles, Benjamin BAULT ne pourra être dispensé de service militaire. Il sera nommé sergent lors de la guerre 1914-1918, et il sera blessé à Zillebecke lors de la première bataille d’Ypres, ou des Flandres, dès 1914. Il va contracter la tuberculose au cours de cette guerre, ce dont il décède en 1921. Il a été reconnu Mort pour la France (on trouve sa fiche sur le site de mémoire des hommes).  Denise ARNAULT restera institutrice à Saint-Martin-la-Rivière jusqu’à sa retraite et elle obtiendra également les palmes académiques. Après 1921, elle sera d’abord aidée par une autre institutrice, puis par un couple d’instituteurs.

 

La 4e génération est représentée par Benjamin BAULT, né en 1917 à Saint-Martin-la-Rivière.  Il aura une vie très riche, il étudiera au conservatoire et aux beaux-arts avant de s’engager dans l’armée. Il obtiendra une licence de mathématique. Il restera au Maroc après son engagement où il passera son diplôme d’instituteur après son mariage avec une institutrice. Il exercera au Maroc puis à Chaunay, comme directeur d’école. Il décidera de passer sa retraite à Saint-Martin-la-Rivière ou il décède en 2010.

4 générations d’instituteurs

En janvier 1906 est décidé, par une délibération du conseil municipal du 21 janvier 1906, la création d’un nouveau groupe scolaire qui comprendra une classe pour les garçons, une classe pour les filles et une classe enfantine. Auparavant il n’existait qu’une seule classe pour les garçons, les filles allant à l’école privée.

Le plan de la nouvelle école permet de voir que les deux classes sont identiques, ainsi que les logements de l’instituteur et de l’institutrice, même s’ils sont strictement séparés, chacun comporte un escalier pour monter à l’étage. Chaque classe donne sur une cour indépendante de l’autre. Seule, une toute petite porte permet de passer de l’une à l’autre.

Délibération du conseil municipal de Saint-Martin-La-Rivière 21 janvier 1906

Un siècle après la construction de ce groupe, il sera construit un nouveau groupe scolaire regroupant les écoles des anciennes communes constituant la commune de Valdivienne.

 

Sources : Photos de Christophe COUILLAUD de Valdivienne ; Archives de la Vienne ;  Centre presse des 28-08-2008 et 27-10-2010.

LE PLUS DU CGP :
Pour poursuivre la découverte de Valdivienne à travers les photographies, nous vous conseillons de consulter « Valdivienne, un siècle de photographies » par Max AUBRUN et Christophe COUILLAUD (2010). 

#ChallengeAZ │ U… Université de Poitiers, portraits de docteurs en médecine

Dans les cartons des Archives Départementale de la Vienne (AD86) on trouve une série de portraits inachevés sur velin, il y en a huit en tout (sources AD86 carton 27).

Un chercheur historien, ayant écrit un article sur ces peintures paru dans une des brochures de la Société des Antiquaires de l’Ouest (la SAO), date et identifie les personnages. Premièrement il y a une délibération de 1621 de l’université de médecine de Poitiers fixant la période et dans laquelle il y est dit que les docteurs régents en médecine avaient le droit d’avoir leur portrait dans un livre sur les règlements de cette université de médecine, livre qui était en cours de rédaction. Selon le rédacteur de l’article, on peut attribuer un nom aux quatre personnages dont le portrait est complet ou presque.

  • Pour la deuxième photo, celle d’un personnage fini à gauche et un personnage incomplet à droite, il s’agit de Jacob DE MAYRE.
  • Sur la troisième photo, celle avec le personnage complet à droite, il s’agit de Jean DE RAFFOU,
  • Sur la dernière avec les deux personnages complets, il s’agit de gauche à droite de Pascal LE COCQ l’herboriste et de François CYTOIS.

Les personnages peints ont une hauteur d’une douzaine de centimètres, c’est un travail fin, délicat, proche de la miniature et fait avec soin par quelqu’un qui maîtrise son art. L’artiste n’a pas oublié les emblèmes symboles de leur charge, comme la fleur pour l’herboriste.

On a donc là les portraits complets de quatre docteurs en médecine.

  • Jacob DE MAYRE est fils de Mathurin DE MAYRE sieur de la Randonnière et de Marie PINAULT. Il est docteur en médecine de la faculté de Montpellier et a été reçu régent de la faculté de Poitiers le 10-06-1607. Il est marié avec Marguerite GARSONNET, fille de Henry GARSONNET maître apothicaire et de Jeanne ESNAULT. Il a une fille Jeanne épouse de Louis DELESTANG seigneur du Ry (mariage en 1630).
  • Pascal LE COCQ lui est fils d’Aymar LE COCQ et de Jeanne DUBOIS. Il s’est spécialisé dans la botanique. Il a parcouru l’Europe à l’étude de la flore. Il est nommé régent de la faculté de Poitiers en 1597. Il est l’époux de Françoise DE SAINT-VERTUNIEN, fille de François DE SAINT-VERTUNIEN et de Françoise BESNARD. Il a eu au moins sept enfants. Il meurt en 1632 avec le titre de Doyen de la Faculté de Médecine de Poitiers.
  • Jean DE RAFFOU a fait ses études de médecine à Paris puis à Poitiers. Il devient docteur de la faculté de Poitiers en 1608. Il est fils de Pierre DE RAFFOU et de Julienne BLONDEAU. Il décède à Poitiers en 1635 à 51 ans. Il avait épousé Marie CONTANT fille de Paul CONTANT et de Marie Esther PELLETIER, il a eu deux enfants.
  • François CYTOIS, docteur en médecine, a eu un destin plus grand que les précédents. Il est le fils de Pierre CYTOIS et de Mathurine GIRAULT. Il quitte Poitiers pour devenir le médecin de RICHELIEU et du roi Louis XIII. Il s’est marié deux fois : sa première épouse s’appelle Marie GODARD, la deuxième épouse s’appelle Madeleine JOULAIN,. Il est noté dans une insinuation de 1627 «François Cytois, médecin du Roi et de la Reine, mère du Roi, et Madeleine Joulain, demeurant à Paris rue « Courtoris », paroisse Saint-Eustache : donation à François, à Joseph, à Jean et à Isabeau Cytois, enfantz d’un premier mariage dudit François Cytois de tous leurs biens meubles et des acquêts et conquêts immeubles qu’ils auront faits durant et constant leur mariage» (Notice n° 7034)  (sources Archives Nationales : Châtelet de Paris. Y//163-Y//167. Insinuations (28 juin 1622 – 11 mars 1628)).
    Pharmacie du marché, place Charles de Gaulle, Poitiers, Famille Citoys

    Façade actuelle de l’ancienne boutique d’apothicaire des Citoys, sise place Charles de Gaulle à Poitiers. © Google Maps


    Dans la première partie de sa vie François CYTOIS a du vivre en la maison dite des « Cytois » située en haut de la Grand-Rue à Poitiers le long de l’église Notre-Dame-la-Grande. La façade de cette maison date de 1573-1574, il existe une minute datée de fin 1573 concernant la construction d’une nouvelle façade en pignon à l’édifice, avec des fenêtres à meneaux, le plan de cette façade que l’on trouve avec l’acte permet sans équivoque d’identifier la maison. Le bâtiment lui même est bien plus ancien. Aujourd’hui une pharmacie occupe le rez-de-chaussée, probablement dans la continuité d’une boutique d’apothicaire datant d’avant 1600.

 

Le peintre auteur des portraits ?

Le rédacteur de l’article publié par la SAO n’a pas identifié l’auteur des portraits, ni expliqué pourquoi ceux-ci sont inachevés. A Poitiers au début du 17ème siècle un peintre Pierre LEPILLEUR est connu et apprécié localement, il a été sollicité plusieurs fois pour des rénovations et des productions de tableaux par les congrégations religieuses et les autorités. Dans les registres paroissiaux il se fait remarquer par sa signature très expressive.

© AD86 – registres paroissiaux, Poitiers-St-Cybard-B-1603-1611 collection communale vue 46

L’examen des parties inachevées des portraits, en particulier les esquisse au crayon non peintes on remarque au niveau des mains que les doigts sont allongés et rebiquent vers le haut.

Le tracé des doigts esquissés, même s’ils sont très petits proportionnellement, fait penser à ceux de la signature, long effilés et qui rebiquent vers le haut. Pierre LEPILLEUR est marié avec Françoise DEMARNEF. Radegonde DEMARNEF sa tante est mariée avec Thomas GARNIER un apothicaire, dont un petit fils Jean GARNIER, docteur en médecine de Montpellier, issu du premier mariage de ce Thomas GARNIER apothicaire, est admis à la faculté de médecine de Poitiers après examen en 1621. Pierre LEPILLEUR doit être le réalisateur des portraits, il est décédé en 1620, ce qui explique parfaitement le côté inachevé des images. Un nouveau docteur intronisé devant payer un repas aux régents de la faculté de médecine, le père de Jean GARNIER a pu « offrir » aux régents en plus du repas leurs portraits en s’adressant à un peintre, un de ses proches parents, pour faciliter la carrière de son fils. Le couple LEPILLEUR x DEMARNEF a eu six enfants tous baptisés en l’église de St-Cybard de Poitiers, entre 1608 et 1619.