Cette situation aurait pu durer très longtemps, mais voila qu'un nouveau
personnage va changer la destinée de Charles VII et celui de la France.
Il rencontre en février 1429 Jeanne d'Arc. Elle le convainc de la placer
à la tête d'une armée pour prendre Orléans et ainsi
lui ouvrir la route du sacre à Reims. Jeanne lève le siège
d'Orléans le 8 mai 1429. Elle amène ensuite son roi jusqu'à
Reims, alors en territoire anglais, où il recouvre sa légitimité
après son sacre, le 17 juillet 1429.
Malgré l'arrestation de Jeanne d'Arc en 1430, Charles VII continue
sa lutte contre les anglais aidé dans cette entreprise par son connétable
Arthur de Richemont. En signant le traité d'Arras en 1435, il se réconcilie
avec le Bourguignon Philippe le Bon qu'il éloigne ainsi des Anglais.
En 1436 les parisiens livrent la capitale aux troupes du duc de Richemont.
La prise de Pontoise, en 1441, permet le rétablissement des relations
avec le nord du royaume.
Acculés, les Anglais sont obligés de négocier une trêve
à Tours en 1444. Charles VII va en profiter pour renforcer sa puissance.
Il réorganise son armée et resserre lalliance bretonne,
pour la reconquête de la Normandie. De 1449 à 1453 il reprend
successivement aux anglais la Normandie en 1450 et la Guyenne en 1453.
Pendant tout ce temps Charles VII va aussi jeter les bases des institutions
essentielles au gouvernement monarchique. Avec son grand
argentier Jacques Cur, il habitue ses sujets à limpôt
permanent qui contrairement au droit coutumier va lui permettre la levée
de toute ressource extraordinaire sans avoir à convoquer les états
généraux. Il va en profiter pour restructurer son armée
qui va devenir une armée permanente.
Se méfiant de Paris Charles VII fait passer la prévôté
des marchands aux mains dofficiers de justice ou de finance qui assureront
la tutelle de la capitale. Cette ville restera la capitale administrative
de la France, mais elle cessera d'être la résidence principale
du roi, ce dernier préfére ses résidences du Val de Loire
et ses châteaux de Touraine et de Berry.
Passée la tentative féodale dite de la «Praguerie»,
maître puissant d'un royaume ou la monarchie l'emporte sur tout autre
système de partage de la puissance publique, Charles VII sera encore
très influencé par Richemont, La Trémoille, Brézé
et sa maîtresse Agnès Sorel.
Ce règne de 40 ans a vu successivement un homme faible très
affecté par la maladie de son père, par le reniement de sa mère
et un homme fort qui à redonné une dimension à la France.
La fin de ce règne sera entachée par la révolte ouverte
du dauphin le futur Louis XI, qui ayant soutenu la «Praguerie»
se verra obligé de se réfugier à la cour de Bourgogne.
Charles VII meurt à Mehun-sur-Yèvre, le 22 juillet 1461.
Praguerie
Révolte des seigneurs emmenés par les ducs d'Alençon
et de Bourbon, qui critiquaient les conseillers du roi et la passivité
de celui-ci. Le dauphin avait déjà dépassé la
majorité royale (treize ans), et les rebelles le jugeaient plus apte
que son père à assumer le destin du royaume
Les ligueurs prévoyaient de s'emparer de Charles VII, mais ils furent
rapidement défaits par les troupes royales. Le 15 juillet 1440, Louis
dut faire sa soumission à Cusset, et obtint le gouvernement du Dauphiné,
mais le roi refusa de pardonner les seigneurs rebelles, ainsi que le dauphin
le lui demandait. Cette révolte fut nommée «Praguerie»,
par analogie avec le soulèvement hussite de Bohême.