#ChallengeAZ │ E… Essomont, consentements multiples pour un mariage sous haute surveillance

Situation de la chapelle disparue d’Anxaumont sur le cadastre napoléonien © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

ESSOMONT à ANXAUMONT, une paroisse disparue

Son nom vient du latin ECCLESIA DE EXCELSO MONTE qui signifie l’église du mont élevé (130 m). Mais elle connut beaucoup d’orthographes différentes : Essomont en 1252 – Enxomont en 1264 – Ecclesia de exomundo, de Essomonte – De Exceso monte en 1322 – Exomont en 1344 – St André d’Anxaumont en 1447 – Anxaumont en 1487 – Ansaumont en 1508 – Anxomond en 1547 – Anxaulmond en  1647 – En Saumon en 1748 – pour devenir définitivement ANXAUMONT. (Dictionnaire topographique du département de la Vienne, Gallica)

La Révolution érigea cette petite paroisse en commune, mais la déposséda de son église. Heureusement, si l’église est devenue une maison d’habitation, si le cimetière a disparu, les registres paroissiaux  de 1693 à 1792 ont été sauvés. En 1820, elle a fusionné avec Sèvres, en oubliant son nom. Mais il fut rappelé en 1939 pour devenir SÈVRES-ANXAUMONT.

Un mariage et de multiples consentements

Le 4 août 1767 a été célébré dans cette petite paroisse le mariage de François FOUCHER DAUBIGNY, fils de François et de Louise FLAMMANT, et Françoise DUNOYER, fille de Philippe Nicolas DUNOYER de Laubenelière et de Marie Thérèse DANFER. Les publications ont été faites dans les paroisses de Saint-Didier et Saint- Michel de Poitiers mais le mariage a été célébré dans la chapelle de Beaulieu dépendante de la paroisse d’Anxaumont. Cette chapelle Notre-Dame a été fondée en 1657 par Martial de LA MONNERIE et son épouse Anne CHESSÉ. (Il serait intéressant de chercher le lien avec l’un ou l’autre des mariés)

A la lecture de l’acte de mariage, on constate que de nombreuses personnalités sont intervenues pour que la cérémonie puisse avoir lieu.

Tout d’abord, il a fallu une autorisation de l’évêque pour que le mariage soit célébré dans cette chapelle et pour que ce soient les curés de Saint-Didier et d’Anxaumont qui officient.

L’évêque autorise « M. le curé de St didier ou autre » de procéder au mariage « dans la chapelle de la maison de beaulieu paroisse d’anxomont », août 1767 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le curé de Saint-Didier « consent que monsieur le curé Dansaumont ou quel autre prestre il voudra commettre, donne la bénédiction nuptiale aux dites parties contractantes quand il le jugera à propos », Poitiers 3 août 1767 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Puis, le futur marié ne devant pas être majeur, son père devait donner son consentement. On peut même penser que le futur marié et son père étaient fâchés puisque c’est sa sœur, Marie Louise Thérèse, qui a intercédé auprès du père pour obtenir son consentement en lui détaillant toutes les qualités de Françoise DUNOYER. Le père qui habite à Tours a répondu ce qui suit :

Acte de consentement du père du futur marié déposé à Tours le 24 juillet 1767

▲ clic sur l’image pour l’agrandir

« Ma chere fille jay été étonné que votre lettre ne me sois parvenue que hier sur les six heures du soir étant dattée du huit du présent mois ; je ne pouroist que vous souhaiter ardemment que j’accorde a votre frère mon consentement pour quil epouse la demoiselle quil a en vue, pour vous satisfaire l’un et l’autre, persuadé dailleurs quelle a toutes les qualités dont vous me faittes le détail par votre lettre. Je vous envoye … mon consentement l’heure de la poste me presse ce qui fait que je ne métend pas davantage, votre père signé Foucher Daubigny. […].Je soussigné Foucher Daubigny père de François Foucher son fils consent qu’il contracte son mariage et quil epouse mademoiselle Desnoyer. En foy de quoy jay signé, signé Foucher Daubigny »

 

 

Cette lettre a été contrôlée, certifiée et enregistrée à Tours chez Maîtres DREUX et HUBERT…

Consentement de Mr Foucher Daubigny père du futur marié, certifié et contrôlé par le cabinet de notaire de Tours ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

… Et c’est Louis Nicollas RESTRU, conseiller du roy, qui a certifié que ces notaires étaient bien de Tours !

Certificat de Louis Nicolas RESTRU, conseiller du roi ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Les publications faites « sans qu’il se soit trouvé aucun empêchement canonique ni civil » et après présentation « du consentement spécial et pouvoir » portés par « Maître Felix François GOUPY greffier des eaux et forêts de Poitiers, ami du marié », le mariage a enfin été célébré le 4 août 1767 en la chapelle d’Anxaumont.

Les mariés et témoins ont signé !

Clôture de l’acte de mariage. Les mariés et les témoins ont signés. © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir


Sources : 

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#ChallengeAZ │ D… Dissay : un cèdre de Jussieu ?

Le cèdre de Dissay, Vienne 86, Jules ROBUCHON

Le cèdre de Dissay, photo Jules ROBUCHON ▲ clic sur la photo pour l’agrandir

Il y avait à Dissay, au début du XXè siècle, un magnifique cèdre du Liban.

Il a été immortalisé par la carte postale de Jules ROBUCHON. La légende de cette carte postale peut nous laisser penser que ce cèdre est celui que Bernard de JUSSIEU a rapporté en France en 1734.

Bernard de Jussieu, cède du Liban, généalogie, botanique

Extrait de « Vies des savants illustres depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle », par Louis Guillaume FIGUIER, Hachette, 1872 © banque d’images BIU Santé ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

En réalité JUSSIEU rapporta bien deux petits cèdres en France en 1734, non pas depuis le Liban mais tout simplement d’Angleterre où il y en avait depuis longtemps contrairement à la France ! JUSSIEU était directeur du Jardin du Roi à Paris (maintenant le Jardin des Plantes), il y planta donc un de ses cèdres. L’autre alla dans la Pépinière du Roi.

Par la suite beaucoup de communes ont affirmé que le cèdre planté chez elles était celui apporté par Jussieu. En fait il s’agit sûrement de rejetons de ces 2 premiers cèdres, car jusqu’à la fin de sa vie le célèbre botaniste se fit un devoir de les multiplier, et il dissémina une foule de plants dans la France entière. 

  • A Montigny-Lencoup, Trudaine, intendant général des Finances et directeur des pépinières royales en récupéra un qu’il planta dans le parc du château qu’il avait fait construire.
  • Un autre aurait été donné au Baron de Livenne, Seigneur de Ballans (17).
  • Un autre au botaniste Henri-Louis DUHAMEL DU MONCEAU, dans le Loiret.
  • Un à Tours, dans le jardin de l’Archevêché (maintenant le jardin du Musée des Beaux-Arts), planté en 1804.

Notre ancien cèdre de La Morinière serait donc de ceux-là ? Mais alors : pourquoi à Dissay ? D’autant plus qu’il n’était même pas dans le parc du Château ! Et pourquoi à La Morinière ? 

La Morinière est certes une très ancienne propriété. En 1469, c’est Pierre LAIGNEAU, valet de chambre de Louis XI, qui est « escuier… et seigneur de l’ostel de la Morinière » (Source Gallica).

La Morinière change plusieurs fois de mains au cours des siècles :

  • En 1776, c’est Bernard MORIN DES MEZERETS, ancien Conseiller au parlement de Paris, qui achète la propriété à la veuve de Jacques Claude GALLETIER, avocat au présidial de Poitiers. Il la garde jusqu’en 1823. On peut donc penser que c’est lui qui a fait planter le cèdre . Les dates concordent.
  • En 1829 Paul Eutrope GERVAIS achète La Morinière.
  • Son petit-fils, le docteur Amédée-Firmin MAURAT, déclare plus tard qu’ « il y avait dans cette propriété un cèdre du Liban centenaire » et « le cèdre du Jardin des Plantes était loin d’atteindre les proportions gigantesques du cèdre de Dissay ». Ce que l’on peut vérifier en voyant la carte postale !
    Et, toujours d’après lui, La Morinière était un ancien rendez-vous de chasse des princes de Condé.   (mais : à quelle époque?)

Cependant, lors des ventes successives, sur les actes notariés, ce cèdre n’est jamais mentionné ! Même lors de la vente de 1873 suite au décès de Paul Eutrope GERVAIS. Il est juste indiqué « un bois ».

Où était-il ?

Voici un essai de localisation en comparant la carte postale et la vue actuelle par Google Earth.

Dissay, cèdre, Vienne 86, arbre remarquable

Emplacement estimé du cèdre de Dissay ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Dans son inventaire des arbres remarquables, « Vienne-Nature » le situe juste un peu plus loin que moi :

Dissay, cèdre, arbre remarquable, Vienne 86

Emplacement du cèdre de Dissay d’après « Vienne Nature » ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Vers 1870, si l’on en croit Amédée MAURAT, le cèdre était très grand. Il était encore là, majestueux, quand Jules ROBUCHON l’a pris en photo, vers 1900.

Quand est-il tombé ?

En 1929 il n’était plus là : cette année-là mon grand-oncle, qui habitait La Morinière depuis 1923,  avait essayé de récupérer le jeune cèdre qui était à Fortpuits. Ce « jeune » cèdre existe toujours. D’après la mémoire familiale il serait né vers 1916, sous le grand cèdre [d’ailleurs, n’est-ce pas lui qu’on aperçoit à gauche de la carte postale?].

Serait-il tombé en décembre 1925 ?
Les archives de Météo France nous apprennent que, du 20 au 24 décembre 1925 « quatre tempêtes successives balayent la France ». Et à Châtellerault la tribune du Stade de rugby s’est retournée.

Tempête, 1925, Meteo France, Châtellerault

Tempête du 20 au 25 décembre 1925 de passage à Châtellerault © Meteo-Paris.com, les chroniques météo en 1925 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

A-t-il été détruit par la foudre ? Comme le prétend la mémoire familiale…
A-t-il été tout simplement vendu à un marchand ? Comme le regrettait Amédée MAURAT cité précédemment (mais sûrement pas pour faire des allumettes !… des allumettes en bois de cèdre !…).
Mais il gênait certainement dans ce champs cultivé… tel qu’on le voit sur la carte postale.

Je n’ai pas encore la réponse…


Les PLUS à consulter : quelques liens utiles :

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#ChallengeAZ │ C… De Chaunay au Paraguay

De Chaunay (Vienne 86) au Paraguay ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Petite chronique d’une recherche

L’année dernière, je relevais les mariages de Chaunay du fin 19e siècle. Plusieurs mariages PARADOT ont eu lieu et le père d’un des époux, Alexis PARADOT était mentionné « décédé à la Colonie Nationale Presidente Gonzalez » au Paraguay en décembre 1892.

Mariage d'Emile PARADOT et Florina PETIT à Chaunay, Vienne 86, généalogie

Acte de mariage à Chaunay le 15 février 1898 d’ Emile PARADOT avec Florina Françoise PETIT © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Mon arrière grand-mère étant une PARADOT et originaire du sud Vienne, cette information m’a interpellée. Y avait-il un lien entre ces deux familles ? J’ai « lancé » un message sur le forum du CGP. Sans résultat. J’ai cherché la « Colonie Nationale » sur des sites relatifs à l’émigration en Amérique du sud. Sans succès…. Quelques mois plus tard, je découvre par hasard qu’un adhérent du CGP s’appelle M. BOLCATTO-PARADOT, qu’il est franco-argentin et qu’il « descend » d’Alexis PARADOT (mort au Paraguay). Nous nous découvrons cousins … à la 10e génération. 

Reconstituer le parcours des PARADOT partis au Paraguay n’est pas une mince affaire. Grâce notamment aux souvenirs familiaux de M. BOLCATTO, aux registres d’état-civil, aux recensements et aux registres des insoumis (hommes ne s’étant pas présentés à la conscription militaire), on peut retracer l’histoire de 2 familles migrantes en Amérique du Sud.

Le contexte à Chaunay

Plan de situation à Chaunay ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Alexis PARADOT est né le 02/06/1841 à Brux (86), marié à Madeleine (ou Marie Madeleine) PETIT en 1865 ; il est charpentier. De 1866 à 1886, ils habitent « le Fouilloux », un petit hameau au nord de Chaunay. En 1886, ils ont 7 enfants : Alexis, 17 ans, Aristide, 16 ans, Jules, 14 ans, Emile, 13 ans, Jeanne, 12 ans, Suzanne 9 ans, François, 7 ans, tous nés à Chaunay.

Louis POUILLOUX est né le 05/12/1848 à Chaunay (86), marié à Christine PINGAULT en 1870. En 1881, il est tisserand, elle est lingère. Jusqu’en 1886, ils demeurent à « Vant », petit hameau au sud de Chaunay. En janvier 1888, ils ont 6 enfants : Mathilde, 19 ans, Angèle, 17 ans, Achille, 14 ans, Geneviève Adrienne, 13 ans, Louis Oscar, 6 ans, Eveline, 2 mois, tous nés à Chaunay.

Le contexte au Paraguay

Entre 1864 et 1870 une guerre oppose le Paraguay à la Triple Alliance du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay. Après 5 ans de guerre, le Paraguay est anéanti ; il a perdu 40 % de son territoire initial et les deux tiers de sa population totale, dont 80 % des hommes. 

En 1890, la « Revue du Paraguay » indique que le pays compte alors 300 000 habitants ; la capitale, Asunciòn, environ 22 000 habitants. « Le français se parle beaucoup à Asunciòn et à la Villa Hayes où l’on trouve 228 Français, 112 Suisses et 14 Belges. En 1888, on note une augmentation sensible de population liée à un courant d’émigration vers ce pays. 4 à 5 vapeurs partent régulièrement toutes les semaines de Buenos-Aires pour Asunciòn. La fertilité du sol est admirable, les bois et essences y sont à profusion. L’exportation de bois durs et de construction acquiert tous les jours une plus grande importance ».

Qui est parti ?

Les PARADOT/PETIT et POUILLOUX/PINGAULT sont partis avec un certain nombre de leurs enfants. Les deux familles se connaissent-elles avant de partir ? Peut-être.

Alexis PARADOT (fils d’Alexis et de Marie PETIT) s’est marié avec Angèle POUILLOUX (fille de Louis et Christine PINGAULT). En 1888, il a 19 ans, elle en a 17. Où et quand se sont-ils mariés ? Mystère.

Le roman familial dit que leur premier enfant, Ermeline (grand tante de M. BOLCATTO), serait née sur le bateau.

Quand sont-ils partis ?

Sachant que les PARADOT et les POUILLOUX figurent sur les recensements de Chaunay jusqu’en 1886 ; que la dernière née des POUILLOUX est née à Chaunay en octobre 1887, à l’évidence, ils ne sont partis qu’à compter de 1888.

Pourquoi ?

Pourquoi un charpentier et un tisserand de Chaunay et leurs familles ont-ils émigré au Paraguay ? La réponse a traversé les époques et reste toujours d’actualité. On quitte son pays en quête d’un avenir meilleur, d’un eldorado.

Ces familles comme tant d’autres, étaient « appâtées » par un recruteur d’une des nombreuses agences de migration qui avaient passé contrat avec les gouvernements des Amériques (USA, Canada, Mexique, Brésil, Argentine, Paraguay, Chili….).

Dans le cas du Paraguay, la main d’œuvre étrangère était nécessaire pour développer le pays dévasté par 5 années de guerre. A cette époque, la coupe d’arbres pour les vendre en Europe était une des activités principales des colons dans toute cette région d’Amérique.

Comment ?

De quel port sont-ils partis et sur quel bateau ? Ils sont très certainement partis de Bordeaux (nos recherches sont en cours). La traversée durait alors entre 3 et 4 semaines. Pour traverser l’Atlantique Sud, les navires descendaient jusqu’à Dakar avant de rejoindre le Brésil. De là, ils redescendaient vers l’Uruguay pour terminer le voyage à Buenos Aires (Argentine). Ensuite, un bateau-vapeur remontait le rio Parana jusqu’au Paraguay.

Que s’est-il passé là-bas ?

Selon l’histoire familiale, Alexis PARADOT père, est décédé dans la forêt, écrasé par un arbre qu’il venait de couper. La famille (ou une partie de celle-ci) est restée au Paraguay au moins pendant 3 ans de plus car l’un des frères du grand père de M. BOLCATTO-PARADOT y est né en 1895 et a été inscrit au consulat de France à Asunciòn.

La veuve d’Alexis PARADOT, Marie PETIT, est revenue à Chaunay puisqu’elle réapparaît sur le recensement de Chaunay en 1896. Elle vit au « Fouilloux » (Chaunay) avec sa mère Jeanne MASSON qui meurt en 1901. Marie PETIT meurt en 1915 à Chaunay.

Des membres de la famille PARADOT se sont ensuite dispersés entre le Chili et l’Argentine.

généalogie, familles PARADOT et POUILLOUX de Chaunay, Vienne 86, au Paraguay

Familles PARADOT et POUILLOUX exilées au Paraguay ▲ clic sur l’image pour l’agrandir


Le PLUS à consultervous trouverez de nombreux documents sur la colonie agricole constituée par 400 français du sud-ouest partis de Bordeaux en 1855, qui s’installera près de la capitale paraguayenne Asunción. Cette émigration, qui a eu lieu dans un contexte historique particulier, est antérieure à celle de nos Chaunaisiens mais peut expliquer leurs motivations.

1 Centre de Recherches Historiques sur les Sociétés et Cultures de l’Ouest Européen

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#ChallengeAZ │ B…Bonnes, La Ronde, des meuniers

cpa Bonnes (Vienne 86), Moulin de la Ronde

Moulin de la Ronde à Bonnes ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Moulin de la Ronde à Bonnes (Vienne, 86) situation actuelle

Moulin de la Ronde à Bonnes, situation actuelle ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Situation et bref historique

Le moulin de la Ronde assis en la rivière Vienne et situé sur la commune de Bonnes est cité, pour la première fois, en 1417 dans un jugement du sénéchal de l’évêque de Poitiers. Le moulin de la Ronde était alors le moulin banal de la seigneurie de la Tour de Jardres. Cette seigneurie, avec son moulin, est ensuite vendue par les héritiers de Jean de CRAMAUD aux Doyens et Chapitre de l’église cathédrale de Poitiers.

En 1535, on a un arrentement du moulin banal de la Ronde par les députés de messieurs de l’église de Poitiers qui indique que le moulin tourne et vire à deux roues, l’une à blanc et l’autre à méture, bâti à neuf. Le moulin devrait donc produire deux sortes de farine, une formée d’un mélange de froment et de baillarge (orge de printemps à 2 rangs de grains) et l’autre formée d’un mélange de froment et d’autres céréales diverses, comme l’escourgeon (orge d’hiver à 6 rangs de grains, connue depuis la préhistoire) ou l’avoine.

Le 15 mars 1679, il existe une sentence du conservateur des privilèges royaux condamnant messire CHASTEIGNER, chevalier, comte de St Georges et seigneur de Touffou à payer les arrérages et à la continuation de la rente de 100 livres.

Cette famille CHASTEIGNER gardera le moulin de la Ronde jusqu’à la fin du premier quart du XIXe siècle, il fut ensuite vendu au meunier qui l’occupait.

Un moulin, des métiers

Fonctionnement d'un moulin à eau

Schéma de principe du mécanisme d’un moulin à roue verticale avec transmission par engrenage – Source : http://blogpeda.ac-poitiers.fr – www2.ac-toulouse.fr ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le travail au moulin concernait différents métiers. Il y a, bien sûr, le meunier et ses aides chargés du travail effectif au moulin. Mais il existe également le métier de farinier qui, comme son nom ne l’indique pas, était chargé de la vente de la farine surtout aux paysans. Le farinier était souvent de la même famille que le meunier et habitait souvent au même lieu. Les recensements du XIXe siècle parlent du métier de gardien de moulin. Le gardien du moulin devait certainement être chargé de la permanence au moulin pour éviter un vol éventuel de farine.

En amont du travail au moulin, le meunier était très souvent propriétaire de terres qu’il faisait entretenir par des membres de la famille. Il cherchait évidemment à élargir ses terres grâce à des alliances avec d’autres propriétaires de terres.

En aval du moulin, il s’agissait de fabriquer le pain. Dans les campagnes les femmes étaient souvent chargées de faire le pain. L’assouplissement des règles sur la création des boulangeries permit au métier de boulanger de se développer dans les campagnes.

Les banalités furent supprimées après la révolution, ce qui permit aux meuniers de devenir propriétaires de leur moulin.

Les occupants du moulin de la Ronde

Recensements de la commune de Bonnes en 1848, archives départementales de la Vienne 86, famille Laurendeau au moulin de la Ronde

Bonnes – extrait du recensement de 1848 © Archives départementales de la Vienne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Louis LAURENDEAU, né vers 1620 et décédé en 1676 au village de Bourgueil, devait être meunier au moulin de la Ronde. Dans tous les cas, ses descendants seront meuniers de père en fils jusqu’au XXe siècle. Le dernier connu se prénommait également Louis et il décédera en 1947 à Bonneuil, Valdivienne, où il était meunier.

La génération la plus remarquable de ces meuniers est celle de François LAURENDEAU (°1814 †1883) marié à Marie Marguerite ROY.

Le recensement de 1846 ci-dessus permet de voir qu’il était le meunier du moulin de la Ronde. C’est sans doute ce meunier qui a acheté le moulin à son ancien propriétaire.

  • Le recensement cite sa femme et ses enfants, mais aussi 3 domestiques dont 2 LAURENDEAU.
  • Un autre meunier est également présent : Louis DUQUERROUX marié à une Louise ROY qui n’est autre que la sœur de Marie Marguerite ROY et donc un beau-frère de François LAURENDEAU.
  • Le recensement mentionne ensuite un Hilaire LAURENDEAU comme gardien du moulin. Cet Hilaire est sans doute propriétaire de terres au village de Bourgueil, car sa femme et son fils y sont notés comme tels dans le recensement de 1846. Hilaire est né en 1785 et il s’agit d’un oncle de François LAURENDEAU.
  • Toujours en 1846, on retrouve un Jean LAURENDEAU (°1795 †1857), cousin germain de François LAURENDEAU, installé comme meunier au moulin des Vieilles Ecluses, toujours à Bonnes. Ce moulin est situé en aval de celui de la Ronde.
  • A la même période, on recense, un Pierre LAURENDEAU, oncle de François, comme propriétaire de terres au village de Bourgueil.
  • Enfin, on note un autre François LAURENDEAU, frère de Jean, meunier aux Vieilles Ecluses, et donc cousin germain du François meunier au moulin de la Ronde. Ce cousin a commencé comme meunier au côté de son frère Jean avant d’épouser la veuve du boulanger de Bonnes, Françoise BONNEAU. Il deviendra donc le boulanger de Bonnes après son mariage en 1832.

Lors du recensement de 1866, on notera également un Pierre LAURENDEAU, qualifié du métier de farinier, donc de vendeur de la farine produite au moulin. Ce Pierre s’avère être un frère de François.

On voit bien comment une seule famille occupe tous les métiers associés au moulin. En amont, celui de propriétaire de terres, puis celui de meunier et de farinier et en aval celui de boulanger.

Les familles de meuniers LAURENDEAU au moulin de la Ronde, Bonnes, Vienne 86

Les meuniers et autres occupants au moulin de la Ronde de Bonnes évoqués dans cet article (données non exhaustives) ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Sources :


Le PLUS à consulter à lire dans la revue Herage, l’histoire des origines à nos jours par Pascal MILON de deux moulins de Saint-Martin-La-Rivière (actuellement regroupée avec Valdivienne) :

  • numéro 52 (mars 1996) : le moulin Milon, exploité par les ancêtres de Pascal MILON, une saga familiale de plus de 500 ans, une même lignée de meuniers qui a assuré l’existence de ce moulin.
  • numéro 59 (décembre 1997) : le moulin de La Vergne, ses fastes et ses aléas, qui a évolué entre la fin du XVe siècle et milieu du XXe, marqué par des rapports complexes entre meuniers, classes privilégiées et bourgeoisie.

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#ChallengeAZ │ A… d’Angliers en Nouvelle-France

A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, au moins une cinquantaine de Loudunais, ont traversé l’Atlantique pour s’établir en Nouvelle-France et ainsi contribuer à son peuplement.

Parmi eux, cinq personnes sont originaires d’Angliers.

Angliers, Vienne86

Plaque souvenir, Mairie d’Angliers © photo A. BOURREAU

 

La Nouvelle-France au XVIIe siècle

En 1663, Louis XIV reprend en main la Nouvelle-France que son père, Louis XIII, avait laissée en 1627 à la Compagnie des Cent-Associés. Il institue le « Conseil souverain » de la Nouvelle-France composé d’un gouverneur, d’un intendant, d’un évêque et de quelques conseillers.

La première personne à occuper le poste d’intendant, est Jean TALON, homme particulièrement efficace pour le développement de la colonie. Dès son arrivée, il fait un recensement général de la colonie. Son constat : c’est une population est très jeune et majoritairement masculine. Il va mettre sur pied une politique démographique en favorisant l’immigration, mais il manque surtout des épouses.

Les autorités françaises collaborent et envoient dans les années suivantes environ 1 000 jeunes filles, principalement des orphelines, que l’on nommera les « filles du Roy ». Il favorise également l’émigration d’agriculteurs vers la Nouvelle-France en finançant la traversée des familles. Il encourage aussi les ouvriers et artisans à s’engager, ce qui permet de recruter bon nombre de gens qualifiés. Enfin, le roi assure la sécurité de la colonie en envoyant un régiment complet pour pacifier les indiens Iroquois : il s’agit du régiment de Carignan-Salières, composé de 1 200 hommes. Jean TALON obtient que les soldats qui le désirent, puissent s’établir comme colon à la fin de leur service. Environ 400 d’entre eux choisirent cette option.

Arrivée des filles du roy françaises à Québec

Arrivée des filles du roy françaises à Québec par Charles William Jefferys, © Bibliothèque et Archives Canada ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

 La liste des Filles du Roy dans la Vienne :
voir sur le site « Migrations »
Officier du Régiment de Carignan Salières

Officier du Régiment de Carignan Salières © Bibliothèque et Archives Canada ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

La liste des soldats du régiment : voir sur le site « Migrations »

Arrivé en Nouvelle France, le paysan qui désire trouver du travail se loue dans un contrat notarié, pour une période généralement de trois années, à un « maître » qui s’engage à le nourrir, à le loger et à l’assister. Pendant le terme du contrat, l’engagé n’est pas libre de travailler à son compte ; il n’est qu’une force de travail susceptible en tout temps d’être cédée à un tiers. Louis de BUADE de FRONTENAC, gouverneur général de la Nouvelle-France, définit l’engagé comme « un homme tenu d’aller partout et faire ce que son maître lui demande, comme un esclave, durant le temps de son engagement« .

Le gouvernement de Nouvelle-France a la responsabilité du peuplement, mais ce sont plutôt des individus ou des communautés religieuses, en quête de main-d’œuvre, qui embauchent pour défricher leurs domaines. Les recruteurs et surtout les marchands et armateurs de La Rochelle ont convaincu plusieurs personnes de tenter la grande aventure. Les promesses sont alléchantes : un pays où le travail ne manque jamais, où les impôts sont minimes et où chacun peut s’accaparer facilement de terres plus belles et beaucoup plus vastes que celles que l’on peut espérer trouver en France.

René FILLASTREAU

Originaire du lieu-dit de Saint-Antoine à Angliers, René FILLASTREAU est déjà à Québec en 1655. Il s’établit à Montréal en 1658 où il fera un peu d’élevage et d’agriculture en plus de son activité de scieur le long. Il est aussi de la toute première génération des « coureurs de bois », c’est à dire de ces aventuriers qui se rendent en canot d’écorce dans les tribus amérindiennes pour y faire la traite des fourrures.

Coureurs de bois

Coureurs de bois ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Pierre LORIN et son épouse Françoise HULLIN

En 1655, un commissionnaire mandaté par Nicolas LE VIEUX de HAUTEVILLE réussit à convaincre un cousin de FILLASTREAU, Pierre LORIN (1628 – 1685), dit « Lachapelle » (existe-t-il un lien avec la Chapelle Bellouin ?), et sa jeune épouse, Françoise HULLIN, de s’occuper d’une terre que Nicolas LE VIEUX vient d’acquérir en banlieue de Québec. Pierre LORIN accepte les conditions du bail à ferme, contracte un emprunt et s’embarque accompagné de son épouse, pour la Nouvelle-France.

Le couple suivra ensuite FILLASTREAU à Montréal où Pierre LORIN sera scieur de long. Françoise HULLIN décède prématurément en 1658, Pierre se remarie l’année suivante avec Françoise SAULNIER (°1638 †1710), une parisienne recrutée par les prêtres de Saint-Sulpice de Paris. Pierre LORIN fera l’acquisition de plusieurs terres à Montréal qu’il revendra après les avoir défrichées et vendu le bois sous forme de planches et de madriers. Malgré tous leurs efforts, Pierre LORIN et son épouse vivront plusieurs difficultés notamment d’ordre pécuniaire.

Laurent et Mathurin GOUIN

Les frères Laurent (°1636 †1686) et Mathurin (°1635 †1695) GOUIN, cousins de FILLASTREAU et de LORIN, étaient les fils aînés d’une famille de laboureurs installée vers Rossay-Le Bouchet dans les années 1636 – 1648. La famille GOUIN s’est ensuite établie à Angliers d’où les GOUIN se disent originaires à plusieurs reprises. Ceux-ci s’engagèrent à La Rochelle en 1657 pour travailler pendant trois ans en Nouvelle-France. Ils reçurent ensuite chacun une concession à Champlain, en aval de Trois-Rivières où Laurent vivra paisiblement sans enfants jusqu’à sa mort.

Son frère Mathurin ira définitivement s’installer en 1670 plus loin, vers Québec dans la Seigneurie de Sainte-Anne de la Pérade. C’est un défricheur et un travailleur habile, acharné et physiquement très fort qui saura rapidement devenir un propriétaire foncier des plus prospère. Ce fut un homme exceptionnel chez qui par exemple habiteront longtemps un des co-seigneurs du lieu ainsi que le curé de la paroisse. C’est aussi chez Mathurin GOUIN que s’arrêtent, lors de leurs visites diocèses, Monseigneur François de MONTMORENCY-LAVAL et son successeur Monseigneur de SAINT-VALLIER.

Mathurin saura en outre à la fois devenir le créancier et l’exécuteur testamentaire des co-seigneurs de Sainte-Anne de la Pérade tout en recevant à plusieurs reprises des marques de haute estime de la part de ses pairs, les autres censitaires.

Un des descendants de Mathurin GOUIN, Sir Lomer GOUIN, fut 15 ans Premier ministre du Québec et Lieutenant – Gouverneur du Québec. Il fonda en 1919 un village auquel il donna le nom d’Angliers en souvenir du lieu de provenance de son ancêtre.

Carte de situation d’Angliers en Poitou et en Nouvelle-France © Google Maps ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Sources :

  • « Quatre cousins loudunais en Nouvelle-France. Histoire des ancêtres Fillastreau, Lorin et Gouin »; par Robert LARIN, édition le Méridien, Montréal, 1992
  • Wikipédia : articles Nouvelle-France