#ChallengeAZ │ O… sous l’Occupation, fichage à Lavoux

Lavoux, Vienne,

Carte postale de la place de la mairie à Lavoux

Le document :

 

Dans la série 1-W-5579 aux Archives départementales de la Vienne (AD86) on trouve parmi d’autres documents une fiche de police datée du 05 novembre 1942, avec comme en-tête « MINISTERE DE L’INTERIEUR : Direction Générale de la Sécurité Nationale ». On est deux jours avant le franchissement de la ligne de démarcation par les troupes allemandes. Le document parle de la situation politique et sociale à Lavoux (86), commune située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Poitiers. Il y est noté l’inquiétude sur le départ les travailleurs français en Allemagne, l’inactivité de l’ancienne cellule du parti communiste dissout. Il est précisé qu’il n’y a ni mouvement social, ni propagande « antinationale », ni activité terroriste. En plus il est signalé qu’une perquisition de la police allemande a été faite le 02 novembre 1942 quelques jours avant, sans résultats, chez Marie-Rachel PIRONNET, Germaine RAGEAU secrétaire de mairie et ANDREAU un gendarme en non-activité demeurant à Lavoux.

La lecture des recensements entre les deux guerres et juste après la deuxième permet d’identifier plus précisément les personnes sous la surveillance active de la police allemande et des autorités françaises.

Les fiches des personnes impliquées :

Marie Rachel PIRONNET

  • né[e] le 20-01-1906 à Lavoux (86)
  • décédé[e] le 26-09-1988 à Poitiers (86),
  • répertorié[e] aux recensements de Lavoux en 1946-1954-1962 comme instituteur[rice]
  • célibatair[e]e
  • fils[le] de Léon PIRONNET et Ernestine ROUET

Alphonse RAGEAU

  • époux[se] Marie Germaine Jeanne REPAIN
  • né[e] le 19-11-1887 à Celle-l’Evescault (86)
  • répertorié[e] aux recensements de Lavoux en 1926-1931-1936-1646 comme instituteur[rice]
  • marié[e] avec Marie Germaine Jeanne REPAIN (le 19-01-1910 à Marigny-Chémereau (86))
  • fils[le] de Henry RAGEAU et Modeste RODIER
  • héberge son[a] beau[lle]-p[m]ère Antonia Emma LARIBE aux recensements de Lavoux en 1931-1636

Marie Germaine Jeanne REPAIN

  • secrétair[e]e de mairi[e]e
  • époux[se] Alphonse RAGEAU
  • né[e] le 30-12-1891 à Cahors (Lot)
  • répertorié[e] aux recensements à Lavoux en 1926-1931-1936-1646 comme instituteur[rice]
  • marié[e] à Alphonse RAGEAU (le 19-01-1910 à Marigny-Chémereau (86))
  • fils[le] de Auguste REPAIN employé[e] de chemin de fer et Antonia Emma LARIBE né[e] à Carennac (Lot) décédée à Lavoux le 12-01-1945 répertorié[e] aux recensements de Lavoux en 1931-1936

document communiqué par Chantal Popilus, membre de l’APL (Les Amis du Patrimoine Lavousien), le travail d’identification a été réalisé par Robert Granseigne ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Henri ANDRAULT

  • gendarme[e] en non activité en 1942 à Lavoux
  • époux[se] Alice Gabrielle Marie GAUDIN
  • né[e] le 01-02-1893 à Montamisé (86)
  • répertorié[e] au recensement à Lavoux en 1946, absent en 1936-1954, il est retraité
  • marié[e] le 10-01-1921 à Chauvigny(86) à Alice Gabrielle Marie GAUDIN fils[le] de Alphonse Alfred GAUDIN et Marie Gabrielle JACOB
  • fils[le] d’Henri Louis ANDRAULT et Marie Léontine ROY
  • enfant[e]s Jacqueline et Alice-Colette né[e] 1930 bonnetier[ère] qui vit avec ses parents en 1946
  • décédé[e] le 03-07-1988 à Chauvigny

Antonia Emma LARIBE

  • époux[se] Auguste REPAIN, demeurant chez sa fille
  • né[e] le 20-09-1865 à Carennac (Lot)
  • répertorié[e] au recensement à Lavoux en 1931-1936
  • fils[le] de Baptiste LARIBE et de Marie Victorine BAUFFET
  • décédé[e] le 12-01-1945 à Lavoux

Acte de décès d’Antonia LARIBE ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Le pourquoi de cette fiche de renseignement :

Tracé de la ligne de démarcation (décembre 1941) © Gallica BnF ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

On est à deux jours de passage par les troupes allemandes de la ligne de démarcations, ligne qui se trouve entre Jardres et Tercé, deux communes voisines de Lavoux (cliquez sur la carte ci-joint pour visualiser le tracé de la ligne de démarcation). Les services de renseignement allemands et du régime de Vichy font un  état des lieux pour anticiper une éventuelle réaction négative au franchissement de la ligne de la part des Français, en particulier ceux habitant non loin de celle-ci. Lavoux siège d’une ancienne cellule communiste importante est un des possibles points chauds, en marge de la fiche au crayon il y a une annotation « quelle est la proportion exacte de ces membres », qui précise le niveau d’inquiétude des autorités vichyssoise et d’occupation. Les communistes clandestins constituant des groupes actifs de résistance au régime de Vichy et à l’occupation allemande, les autorités ciblent plus particulièrement leurs anciens membres connus.

Germaine RAGEAU née REPAIN la secrétaire de mairie est aussi institutrice, comme son mari, comme Rachel PIRONNET, et a durant la seconde guerre mondiale fait des faux papiers pour les réfractaires au STO. Le maire de Lavoux était très inquiet des agissements de sa secrétaire de mairie et il lui disait régulièrement « vous allez me faire fusillé ». Il y avait localement un réseau de passage de la ligne de démarcation et nombreux étaient les Lavousiens à être impliqués dans des maquis et des réseaux de résistance de la Vienne.

Tableaux d’ascendance :

Marie Rachel PIRONNET est une Lavousienne d’origine, en dehors de madame RAGEAU les autres sont originaires des alentours de Lavoux-Chauvigny. En rouge orangé les personnes citées dans la fiche de police.

Famille RAGEAU

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ANDRAULT le gendarme

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Marie-Rachel PIRONNET
(Les écritures PERONNET PIRONNET sont indifféremment utilisées)

▲ clic pour agrandir l’image

Source documentaire : fiche de police datée du 09-11-1942, franchissement de la ligne de démarcation par les allemands le 11-09-1942. Perquisition par la police allemande le 02-11-1942 de mademoiselle PIRONNET madame RAGEAU et monsieur ANDREAU

Sources iconographiques : Chantal Popilus, membre de l’APL (Les Amis du Patrimoine Lavousien) , AD86

 

#ChallengeAZ │ N… Naintré, la méthode de l’instituteur Rocher

Freinet, Montessori, autant de méthodes pédagogiques sépia redécouvertes aujourd’hui, mais la méthode Rocher, qui s’en souvient ?

Célestin ROCHER parmi ses élèves à Naintré

Célestin François ROCHER est né le 12 septembre 1867 à Beaumont dans la Vienne, fils de Louis fermier et de Marie-Louise MERIOT. Il fréquente l’école communale de Naintré et obtient son brevet élémentaire. A vingt ans, son premier poste d’instituteur est à Montmorillon, où il est déjà très bien noté par son inspection. Il est nommé instituteur à Naintré en 1888 et devient titulaire de son poste en 1892. Il est alors chargé du cours préparatoire. En 1905, l’inspecteur d’Académie qui visite sa classe loue sa compétence : «  C’est un maître intelligent et très dévoué, qui a beaucoup étudié les méthodes qui conviennent au jeune âge et qui s’efforce de bien les appliquer. ». En effet, Mr Rocher applique la méthode GROSSELIN et va jusqu’à fabriquer une planche équipée de 1110 rondelles de liège afin de faciliter l’apprentissage des mathématiques. L’inspecteur ne tarit pas d’éloge : «  Pour tout dire, M. Rocher et un chercheur et nous devons lui en savoir gré. »

En effet, Monsieur Rocher cherche. Il cherche à aider les plus faibles et les plus fragiles de ses élèves, ces enfants que l’on nomme en cette fin de siècle « arriérés » et que les statistiques de l’époque comptent au nombre de 5 à 6% des enfants d’une classe (nombre confirmé au sein de sa classe). Rocher déplore l’absence de moyens, de méthode spécifique d’apprentissage. Rocher est pragmatique. Il apprend vite, demande à participer aux colloques sur le sujet, cherche à améliorer ce qu’il a appris et en fait bénéficier les élèves de sa classe. Les enfants en difficulté deviennent sa passion. En 1908, il demande à son inspection le droit de suivre des conférences à Paris. Remarqué par sa hiérarchie, salué pour sa compétence Célestin Rocher est nommé instituteur titulaire de la classe de perfectionnement créée autour de son initiative à Poitiers, boulevard Coligny. Après 23 ans de loyaux services, il quitte la petite école de Naintré et se consacre à un groupe de 18 enfants mêlant sourds-muets ou « arriérés ». Rocher rédige de nombreux rapports de son activité, détaillant l’importance des conditions de vie, d’hygiène et d’alimentation à apporter aux enfants handicapés. Son engagement et son efficacité lui valent une médaille d’argent en 1909. En 1910, le rapport d’inspection est toujours aussi élogieux. Rocher mobilise les acteurs de l’enfance : il rédige un article dans le Poitou médical et coopère avec les médecins en particulier le Dr ROLAND. Il bénéficie du soutien de la magistrature. L’école de perfectionnement dispose de peu de moyens, les conditions sont difficiles, à leur sortie, les enfants sont moqués par les passants, accusés de tous les méfaits de voisinage. La discrimination dont ils sont les victimes est dénoncée par Rocher. En 1915, la guerre aggrave la situation de l’établissement. Rocher s’alarme du manque de nourriture, des dangers de l’alcool donné aux enfants, salue l’implication de son épouse qui assure la préparation des repas des élèves. Ils sont à cette date 40 élèves. Rocher regrette de ne plus pouvoir les mener aux bains de l’Hôtel Dieu, désormais réservés aux blessés. La guerre, les blessés et parmi eux les blessés de la face interpellent Célestin Rocher. Dans une note à sa hiérarchie, il propose son savoir-faire et sa méthode pour la rééducation de la parole des mutilés de guerre.  

Travaux de Célestin Rocher à consulter :
l’article sur « Les enfants arriérés » publié dans Le Poitou médical, mars 1912
le rapport de Célestin Rocher à l’inspecteur d’académie, Poitiers 04 août 1915
(rapport sur le fonctionnement de l’école de perfectionnement)  © AD86

Le combat de Rocher pour les enfants reprend avec la paix. Les conditions rue Coligny sont désastreuses, il faut convaincre les politiques d’offrir des locaux à la hauteur des enjeux. Encore inspecté en 1927, sa hiérarchie salue ses compétences, sa pédagogie, sa détermination à aider l’enfance en difficulté. Il prend sa retraite l’année suivante.

Le 17 juillet 1937, Célestin ROCHER, instituteur de Naintré, Directeur Honoraire de l’Ecole de Perfectionnement de Poitiers, Chevalier de la Légion d’Honneur, meurt à l’âge de 70 ans.

Voir le dossier de Légion d’Honneur de Célestin ROCHER (base léonore)

#ChallengeAZ │ M… Les Mannevy de Poitiers

Le couple Guillaume MANNEVY et Anne MANNEVY est installé à Poitiers et ils ont passé un contrat de mariage devant M° PÉRONNET un notaire de Poitiers le 26 août 1663. Lui est avocat, dans certains actes il est dit « sieur de Colombiers », il est fils de Guillaume MANNEVY et de Radegonde GARNIER, elle est fille de François MANNEVY et de Anne PICOT. Ils ont eu au moins huit enfants, deux d’entre eux se sont mariés, une fille qui aura sept enfants, dont le mariage d’un seul est connu sans postérité, et un garçon qui quittera Poitiers pour s’établir à Villiers une paroisse du Haut-Poitou (1). Les MANNEVY de Poitiers, tant du côté de Guillaume que du côté d’Anne, avaient des liens avec des échevins de Niort.

Tour Maubergeon

Radegonde GARNIER, la mère de Guillaume, compte parmi ses aïeux un couple d’anciens pictaves, François BOICEAU x Anthoinette COEURDELYON, mariés vers 1465. Ils habitaient une des maisons aujourd’hui disparues et qui cachaient la tour Maubergeon jusqu’aux travaux de désengagement du monument faits entre 1850 et 1905. Ce couple a eu trois filles :

  • Jehanne BOICEAU mariée à Jehan DEMARNEF dit de Liège puis à Nicolas PELLETIER des imprimeurs-libraires,
  • une autre Jehanne BOICEAU mariée à Jacques BOUCHET un imprimeur-libraire,
  • Perrine BOICEAU mariée à Pierre CHERPENTIER un procureur.

Le couple DEMARNEF x BOICEAU représente les quadrisaïeuls de Radegonde GARNIER.

Ascendance de Guillaume MANEVY ▲ clic pour agrandir l’image

Jehan MANEVY de Villiers-en-Plaine :

château-mairie de Villiers (79)

Le fils du couple Guillaume MANNEVY x Anne MANNEVY établi à Villiers-en-Plaine (79)  s’appelle Jehan, il est baptisé dans la paroisse de Saint-Cybard de Poitiers le 04 septembre 1671. Il se mariera deux fois, la première avec Marguerite PILLOT en 1697 à St-Christophe-sur-Roc (79), la seconde en 1720 avec Louise BIRAULT à Villiers. Il a eu une fille illégitime avec Catherine AYMER, conçue entre son premier mariage et son remariage, fille qui se mariera mais ne laissera pas de postérité. Jehan est cité dans les actes comme « sieur de Villiers ». Du premier mariage sont issus 12 enfants dont seulement un aura une descendance notable qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit de Joseph né en 1714 et marié avec Jeanne-Madeleine VANDIER fille de Jean VANDIER et de Jeanne-Marie-Madeleine MAYNIER, le mariage a eu lieu à Champdeniers (79) le 28 novembre 1750, une sœur de Joseph s’est mariée avec un frère de Jeanne-Madeleine, Françoise MANNEVY avec François VANDIER. Dans l’acte de mariage les parents de Joseph ne sont pas cités, il est majeur et âgé de 35 ans, mais vu son âge et la rareté des MANNEVY dans et autour de Champdeniers on peut sans risque dire qu’il est celui né le 23 avril 1714 à Ste-Néomaye (79) .

Acte de baptême de Joseph MANNEVY

Si à Poitiers les MANNEVY sont des notables ayant une aisance financière certaine, Joseph le fils de Jehan montre qu’il y a eu une certaine paupérisation de la famille, il est marchand tanneur. Il est quand même un notable aisé au niveau de sa paroisse. Si le travail dans les tanneries est très pénibles pour les ouvriers plus ou moins bien payés, celui qui possède une tannerie et qui fait profession de marchand-tanneur est à l’aise financièrement. Le travail de la peau pour produire des cuirs sous toutes ses formes est lucratif pour le patron d’une tannerie, le cuir est un produit de valeur.

Descendance de Jehan MANEVY ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

 Des familles de tanneurs et autres de Champdeniers :

Tanneries de Champdeniers ▲ clic pour agrandir l’image

Joseph MANEVY aura huit enfants dont cinq se sont mariés, quatre filles et un garçon, ce dernier aura seulement deux filles. Si le patronyme MANNEVY disparaît avec ses deux petites-filles, une partie de la descendance de Joseph se retrouve dans la tannerie de Champdeniers, des PROUST des MAYNIER. Il y a aussi des cordonniers liés au travail du cuir. Les filles épousèrent des boulangers, des poêliers. Ensuite l’ascenseur social se met en route et des orfèvres, des horlogers, des médecins apparurent. Certains parmi les descendants furent maires, élus départementaux, député(s).

Descendance de Joseph MANEVY ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

 De nos jours :

Tous les descendants de ces MANNEVY des Deux-Sèvres sont des personnes aussi remarquables et dignes d’intérêt les unes que les autres à leur niveau. S’il faut en sortir un du lot, citons Yannis SUIRE, époux d’une LEMASSON descendante de Joseph MANNVY à la huitième génération. Il est conservateur du patrimoine de la Vendée, c’est-à-dire du Bas-Poitou. Cela reste une histoire de Poitevins. Il a publié de nombreux articles et livres sur l’histoire les lieux et les monuments de la Vendée.

Lien d’ascendance avec les MANEVY ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

(1) Le Poitou se divise en deux sous régions, le Haut-Poitou constitué en gros des départements actuels de la Vienne et des Deux-Sèvres, le Bas-Poitou correspondant en gros à la Vendée. Villers (Villiers-en-Plaine) est à la limite entre les Deux-Sèvres et la Vendée. 

#ChallengeAZ │ L… Latillé, mais où est passé La Paploterie ?

Le 2 avril 1872, mon arrière arrière grand-mère, Louise Angèle REAU, met au monde dans la petite maison de son beau-frère et de sa sœur, François QUINTARD et Marie Magdelaine REAU, un petit garçon de père inconnu, Louis REAULT. Cette maison, nous dit l’acte de naissance, est située à la Paploterie, à Latillé.

Acte de naissance de Louis REAULT le 02 avril 1872 au lieu-dit La Paploterie de Latillé © AD86 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

C’est là que le couple habite depuis au moins octobre 1870, puisque que leur fille Marie Madeleine y meurt, le 11 octobre 1870.

Dans le recensement de 1872, la Paploterie est juste une ferme, avec une seule maison et un seul ménage, la famille de Pierre Texereau.

Recensement Latillé 1872 – vue 19/26 © AD86 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Dans le recensement de 1872, daté du 5 mai, les QUINTARD sont mentionnés comme habitants aux Clous, alors même qu’ils vivent à la Paploterie le 2 avril 1872, un mois plus tôt, et que l’année suivante c’est à la Paploterie que décède Marie Madeleine REAU, la mère de famille, tout juste âgée de 30 ans.

Même si le 5 décembre 1874 mon arrière grand-mère Marie Angèle QUINTARD, fille illégitime de François Quintard et de sa belle sœur Louise REAU, est déclarée comme née dans la maison de son père, dans le bourg de Latillé et non plus à la Paploterie,  j’ai voulu en savoir plus sur l’endroit où se situait la ferme ou le hameau, peut-être retrouver une maison, quelques pans de murs abandonnés et couverts de végétation.

Sur le site Geoportail.fr, j’ai trouvé le lieu dit La Papeloterie, à l’extrême sud est de la commune.

Plan de situation de La Paploterie, Latillé ©Géoportail.fr ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

Cependant, en agrandissant la vue, il n’y a aucune maison, aucun bâtiment mentionné sur la carte, pourtant très précise.

Zoom sur le lieu-dit La Paploterie, Latillé © Geoportail.fr

Alors j’ai plongé dans les archives, sur la piste de ce lieu qui ne semble plus exister qu’à travers un nom sur une carte.

Sur la carte N°67 de Cassini éditée vers 1770, le lieu est attesté, sous le nom de la Pateloterie, à proximité de la Roberderie et des hameaux de Haute et Basse Vende, en limite des paroisses de Latillé et Chiré-en-Montreuil.

Carte de Cassini N°067 – Poitiers ©Gallica BnF

Lors de l’établissement du cadastre dit napoléonien quelques dizaines d’années plus tard, on voit clairement la présence de deux bâtiments et d’un petit étang.

Cadastre 1830 – Plan d’assemblage © AD86

Le plan détaillé permet même de voir les lots assez nombreux et le nom des champs tout autour : le Champ du Devant, le Champ de la Porte, la plaine de la Pateloterie. Comme avant la Révolution, ce lieu dit est nommé PaTeloterie. Quelle est la signification de ce nom, d’où vient il ? Pour l’instant, je n’en sais rien.

Latillé Cadastre napoléonien Section D Feuille 1 © AD86

Sur Geoportail, on peut consulter la carte de l’état-major, dressée entre 1820 et 1866. Le lieu dit y est indiqué, sous le nom de la Patelotière. Quelque soit le nom, l’endroit est clairement habité et exploité au 19è siècle.

Carte de l’état major 1830-1866 © Geoportail.fr

Dans les relevés que je fais sur la commune de Latillé, la plus ancienne mention de ce lieu remonte à 1824, lors du mariage de Vincent GUILLOT et Louise GUILLON, le 28 septembre 1824. La jeune épouse est domiciliée à la métairie de la Paploterie avec sa mère.

Mariages Latillé 1823-1822 – vue 17/112 © AD86

Il est à noter que l’acte rédigé par le maire de Latillé indique le lieu comme PaPloterie, avec un P, alors que la carte de Cassini, établie à peu près à la même date, indique PaTEloterie, avec TE. P ou T, la différence à l’oreille n’est pas énorme, et c’est doucement le nom de Paploterie qui va s’imposer, rendant la recherche de son origine etymologique encore plus complexe.

Les recensements à Latillé sont identifiables par lieu à partir de 1841.

En 1841, il y a 2 maisons et 2 ménages à la Paploterie.

Recensement Latillé 1841 vue 56/56 © AD86

C’est la famille de Jacques SAINSOUX qui habite a priori la métairie, pendant que la famille de Joseph DAIGNE occupe une borderie sur le même lieu.

Recensement Latillé 1841 vue 53/56 © AD86 ▲ clic sur l’image pour l’agrandir

A chaque recensement jusqu’en 1861, ce sont des familles différentes qui habitent et vivent à cet endroit. Une à deux familles, entre 6 et 11 personnes, jamais les mêmes. Certaines familles ne sont que de passage apparemment sur la commune, je ne les retrouve pas dans ma base de données, quasiment complète entre 1872 et 1912. Cette grande mobilité est un signe de précarité tant au niveau professionnel : aucun métayer ou fermier ne reste assez longtemps sur les terres exploitées par la ferme de la Paploterie – qu’au niveau du domicile. La seconde maison du lieu, celle occupée par moments par des familles de journalier, semble être une maison de secours, louée de façon non continue, trop éloignée des lieux de vie – et de travail – de la population du village.

Lors du recensement de 1866, la Paploterie n’est pas mentionnée, comme ne l’est pas non plus le lieu dit de la Roberderie tout proche. S’agit -il d’une omission d’une partie plutôt éloignée du territoire, ou les deux fermes sont elles pour un temps vides d’habitants, leurs terres étant exploitées par d’autres cultivateurs ? Il faudrait des recherches plus détaillées pour le savoir.

A partir du recensement de 1872, l’occupation de la Papeloterie est plus régulière. La famille de Jules François TESSERAULT – souvent connu sous le prénom de Pierre – et de son épouse Marie Louise CHARPENTIER s’y installe avant mars 1870 et va y rester jusqu’après 1886. Ils gèrent la métairie du lieu. Leur succède la famille de Jacques BRUNET et Madeleine GARNIER, jusqu’au recensement de 1896. A partir de 1901 on trouve le couple Louis TEXERAULT et Louise LAROCHE, qui va continuer à vivre à la Paploterie après le décès de son mari, au moins jusqu’en 1926.

Après 1931 en revanche, les recensements ne mentionnent plus la Paploterie. N’est elle plus habitée ?

Geoportail met en ligne des photos aériennes du territoire français entre 1950 et 1965. En les consultant avec juxtaposition de la carte Ign classique, j’y vois bien des bâtiments sans pouvoir savoir s’ils sont ou non encore habités à l’époque. Mais le paysage correspond bien au paysage de semi bocage de mon enfance : des parcelles de champs entourées de haies.

La photographie aérienne équivalente que l’on peut consulter aujourd’hui sur Google Maps est parlante : les haies ont disparues, les champs sont devenus de grandes parcelles  cultivées d’un tenant par des engins agricoles plus massifs ….. et les petites maisons de la Paploterie, devenues inutiles, ont disparu.

Rien, il ne reste rien de la petite maison où mes arrières arrières grands parents ont passé quelques années, pas même un muret de pierres sèches. Tout a été labouré et s’il ne restait pas la mention du lieu dit sur la carte de Geoportail, on ne saurait même plus situer cette ancienne ferme.

Vue aérienne © Google Maps

Entre les deux photos, le remembrement agricole a été accéléré par un décret de juin 1963 dans lequel l’Etat a pris en charge tous les frais de remembrement, dont auparavant 20% des dépenses restaient à la charge des propriétaires.

Sur le cadastre actuel, consultable en ligne, il reste encore 5 parcelles distinctes, là où le cadastre napoléonien en comptait plus d’une dizaine. Mais ces 5 parcelles ne forment plus qu’un grand champ, qui n’a rien gardé de son passé ou de son histoire.

#ChallengeAZ │ K… Le King et les religieuses

Monastère de La Puye (86)

La congrégation des Filles de la Croix de Saint-André est fondée en France au début du XIXe siècle à la suite de la Révolution Française. Saint-André-Hubert FOURNET (1752-1834), curé de Saint-Pierre-de-Maillé, et Sainte-Jeanne-Élisabeth BICHIER des ÂGES (1773-1838), jeune fille du Poitou, fondèrent la congrégation en 1807 pour œuvrer auprès des pauvres.

Près de 100 ans plus tard, suite aux lois françaises sur les congrégations scolaires, c’est par l’intermédiaire de l’abbé A. BEAUREGARD, un prêtre d’Angoulême (Charente) qui s’occupait des Sœurs de Sainte-Marthe du diocèse d’Angoulême, que les supérieures des Filles de la Croix sont mises en relation avec S.Exc. Mgr Adélard LANGEVIN (1855-1915), archevêque de Saint-Boniface au Manitoba. C’est ainsi que les sœurs traversent l’Océan pour se rendre au Manitoba.

Les sœurs Agnès-Émilie, Flavia, Agnès-Saint Raphaël, Marie-Édithe, Émilie et Jeanne-Thérèse partent de la France le 26 septembre 1904 et arrivent à Winnipeg (MB) le 16 octobre 1904.

Du groupe des six pionnières arrivées au Canada en 1904, Sœur Flavia SLATTERY, irlandaise, était la seule à parler anglais. Avec son accent irlandais il lui fut confié la bonne marche du voyage. La bourse commune ne devait pas peser lourd… Aussi, en gare de Londres, les religieuses cherchaient un wagon de 2e classe « ou si possible de 3e classe » (aux dires de l’une d’entre elles), afin de se rendre à Liverpool, d’où elles s’embarqueraient pour le Canada.

Un Monsieur distingué, tout en se promenant et en feignant de lire son journal les entendit discuter et comprit vite que les voyageuses quittaient la France à cause des lois néfastes aux écoles de congrégations religieuses… Elles lui parurent plutôt pauvres avec leurs balluchons bleus, semblables à ceux des soldats et qui, à elles aussi, tenaient lieu de valises. S’approchant d’elles, il les conduisit vers un wagon de 1ère classe. La Sœur Économe prit peur et lui montra, en l’agitant, son porte-monnaie… Leur conducteur la rassura de son bienveillant sourire… Un autre voyageur leur souffla que leur protecteur n’était autre que le Roi d’Angleterre lui-même… Elles n’étaient pas au bout de leurs surprises car à Liverpool un goûter les attendait… Elles y furent accueillies gracieusement car Edward VII avait royalement payé leur dû, ce dont elles lui furent reconnaissantes en priant pour Sa Majesté pendant de très longues années…

Edouard VII (1941-1910) en 1902 © Wikimedia commons

Bref historique de la congrégation

Entre 1904 et 1905, 26 autres sœurs viennent les rejoindre. Au cours des trois prochaines années, les paroisses de Saint-Malo (Manitoba), Saint-Maurice de Bellegarde (Saskatchewan) et Saint-Adolphe (Manitoba) leur confièrent leurs écoles et couvent. Elles œuvrent aussi quelques années à l’Archevêché de Saint-Boniface et aux écoles industrielles de Fort-Alexandre (Manitoba), Sandy-Bay (Manitoba), Fort-Pelly (Saskatchewan) et Makinak (Manitoba). L’école de Saint-Adolphe est fondée en 1906 et comporte bientôt un pensionnat. Le couvent de Saint-Adolphe, devenu la maison centrale des Filles de la Croix au Canada, est agrandi en 1909 et en 1928.

En 1951, puisqu’une maison provinciale est construite à Saint-Boniface, le noviciat des sœurs est transféré à Saint-Adolphe. La congrégation est incorporée le 16 mars 1910 et s’étend à d’autres communautés des prairies : Willow-Bunch (Saskatchewan) en 1914, Lafleche (Saskatchewan) en 1915, La Salle (Manitoba) en 1927, Aubigny (Manitoba) en 1932, Saint-Claude (Manitoba) en 1934 et Montmartre (Saskatchewan) en 1952. En 1972, le premier numéro du périodique Ut sint unum (Qu’elles soient Un) est publié. Un comité avait été formé à Sainte-Croix dont le but était de diffuser des informations et nouvelles dans la communauté religieuse au Manitoba et en Saskatchewan. Le comité était formé des Sœurs Lucille MORIN, Madeleine BRUNET et Gabrielle-Marie. En 1993, la revue est renommée Reflets canadiens.

Pour en savoir plus :
En cliquant sur le lien ci-dessous vous accéderez au détail des contingents franco-canadiens de religieuses de la congrégation et leurs biographies :
Biographie des religieuses