Le document :
Dans la série 1-W-5579 aux Archives départementales de la Vienne (AD86) on trouve parmi d’autres documents une fiche de police datée du 05 novembre 1942, avec comme en-tête « MINISTERE DE L’INTERIEUR : Direction Générale de la Sécurité Nationale ». On est deux jours avant le franchissement de la ligne de démarcation par les troupes allemandes. Le document parle de la situation politique et sociale à Lavoux (86), commune située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Poitiers. Il y est noté l’inquiétude sur le départ les travailleurs français en Allemagne, l’inactivité de l’ancienne cellule du parti communiste dissout. Il est précisé qu’il n’y a ni mouvement social, ni propagande « antinationale », ni activité terroriste. En plus il est signalé qu’une perquisition de la police allemande a été faite le 02 novembre 1942 quelques jours avant, sans résultats, chez Marie-Rachel PIRONNET, Germaine RAGEAU secrétaire de mairie et ANDREAU un gendarme en non-activité demeurant à Lavoux.
La lecture des recensements entre les deux guerres et juste après la deuxième permet d’identifier plus précisément les personnes sous la surveillance active de la police allemande et des autorités françaises.
Les fiches des personnes impliquées :
Marie Rachel PIRONNET
- né[e] le 20-01-1906 à Lavoux (86)
- décédé[e] le 26-09-1988 à Poitiers (86),
- répertorié[e] aux recensements de Lavoux en 1946-1954-1962 comme instituteur[rice]
- célibatair[e]e
- fils[le] de Léon PIRONNET et Ernestine ROUET
Alphonse RAGEAU
- époux[se] Marie Germaine Jeanne REPAIN
- né[e] le 19-11-1887 à Celle-l’Evescault (86)
- répertorié[e] aux recensements de Lavoux en 1926-1931-1936-1646 comme instituteur[rice]
- marié[e] avec Marie Germaine Jeanne REPAIN (le 19-01-1910 à Marigny-Chémereau (86))
- fils[le] de Henry RAGEAU et Modeste RODIER
- héberge son[a] beau[lle]-p[m]ère Antonia Emma LARIBE aux recensements de Lavoux en 1931-1636
Marie Germaine Jeanne REPAIN
- secrétair[e]e de mairi[e]e
- époux[se] Alphonse RAGEAU
- né[e] le 30-12-1891 à Cahors (Lot)
- répertorié[e] aux recensements à Lavoux en 1926-1931-1936-1646 comme instituteur[rice]
- marié[e] à Alphonse RAGEAU (le 19-01-1910 à Marigny-Chémereau (86))
- fils[le] de Auguste REPAIN employé[e] de chemin de fer et Antonia Emma LARIBE né[e] à Carennac (Lot) décédée à Lavoux le 12-01-1945 répertorié[e] aux recensements de Lavoux en 1931-1936
Henri ANDRAULT
- gendarme[e] en non activité en 1942 à Lavoux
- époux[se] Alice Gabrielle Marie GAUDIN
- né[e] le 01-02-1893 à Montamisé (86)
- répertorié[e] au recensement à Lavoux en 1946, absent en 1936-1954, il est retraité
- marié[e] le 10-01-1921 à Chauvigny(86) à Alice Gabrielle Marie GAUDIN fils[le] de Alphonse Alfred GAUDIN et Marie Gabrielle JACOB
- fils[le] d’Henri Louis ANDRAULT et Marie Léontine ROY
- enfant[e]s Jacqueline et Alice-Colette né[e] 1930 bonnetier[ère] qui vit avec ses parents en 1946
- décédé[e] le 03-07-1988 à Chauvigny
Antonia Emma LARIBE
- époux[se] Auguste REPAIN, demeurant chez sa fille
- né[e] le 20-09-1865 à Carennac (Lot)
- répertorié[e] au recensement à Lavoux en 1931-1936
- fils[le] de Baptiste LARIBE et de Marie Victorine BAUFFET
- décédé[e] le 12-01-1945 à Lavoux
Le pourquoi de cette fiche de renseignement :
On est à deux jours de passage par les troupes allemandes de la ligne de démarcations, ligne qui se trouve entre Jardres et Tercé, deux communes voisines de Lavoux (cliquez sur la carte ci-joint pour visualiser le tracé de la ligne de démarcation). Les services de renseignement allemands et du régime de Vichy font un état des lieux pour anticiper une éventuelle réaction négative au franchissement de la ligne de la part des Français, en particulier ceux habitant non loin de celle-ci. Lavoux siège d’une ancienne cellule communiste importante est un des possibles points chauds, en marge de la fiche au crayon il y a une annotation « quelle est la proportion exacte de ces membres », qui précise le niveau d’inquiétude des autorités vichyssoise et d’occupation. Les communistes clandestins constituant des groupes actifs de résistance au régime de Vichy et à l’occupation allemande, les autorités ciblent plus particulièrement leurs anciens membres connus.
Germaine RAGEAU née REPAIN la secrétaire de mairie est aussi institutrice, comme son mari, comme Rachel PIRONNET, et a durant la seconde guerre mondiale fait des faux papiers pour les réfractaires au STO. Le maire de Lavoux était très inquiet des agissements de sa secrétaire de mairie et il lui disait régulièrement « vous allez me faire fusillé ». Il y avait localement un réseau de passage de la ligne de démarcation et nombreux étaient les Lavousiens à être impliqués dans des maquis et des réseaux de résistance de la Vienne.
Tableaux d’ascendance :
Marie Rachel PIRONNET est une Lavousienne d’origine, en dehors de madame RAGEAU les autres sont originaires des alentours de Lavoux-Chauvigny. En rouge orangé les personnes citées dans la fiche de police.
Famille RAGEAU
ANDRAULT le gendarme
Marie-Rachel PIRONNET
(Les écritures PERONNET PIRONNET sont indifféremment utilisées)
Source documentaire : fiche de police datée du 09-11-1942, franchissement de la ligne de démarcation par les allemands le 11-09-1942. Perquisition par la police allemande le 02-11-1942 de mademoiselle PIRONNET madame RAGEAU et monsieur ANDREAU
Sources iconographiques : Chantal Popilus, membre de l’APL (Les Amis du Patrimoine Lavousien) , AD86