Par Maria (adhérente CGP n° 2866) et Franck FAUGÈRE (adhérent CGP n° 1801)
Pour le mois de décembre, Sophie BOUDAREL nous propose un nouveau généathème. Au choix, elle nous invite à parler du bénévolat ou de notre plus grand bonheur généalogique de l’année.
Pour ma part, je vais avoir du mal à dissocier les deux. La vie moderne que nous menons et les exigences toujours plus poussées du monde professionnel font que j’ai trouvé dans l’activité bénévole au sein du Cercle Généalogique Poitevin mon bol d’oxygène. Une des plus belles définitions du bénévolat que j’ai lue est la suivante : c’est l’art de la gratuité du coeur, du geste et du temps. Je me reconnais dans cette citation.
Après avoir passé plusieurs années en tant que simples adhérents et avoir bénéficié des relevés et autres recherches du cercle, il nous a paru évident avec mon mari de nous impliquer davantage dans l’association. Vous l’aurez compris la généalogie se pratique à deux chez nous et par conséquent ce billet sera écrit à quatre mains.
Exposition « les poilus de Montamisé » © CGP
Pour ma part, le bénévolat prend tout son sens dans un projet démarré l’année dernière et qui a pris une nouvelle direction cette année. Pour les journées d’échanges à Montamisé, avec une petite équipe de « nanas » hyper motivées, nous avions préparé une exposition sur les poilus de cette ville. Sur 26 panneaux, nous avions présenté leur généalogie accompagnée notamment par des photos qui évoquaient les lieux où ils avaient succombé et par ailleurs illustraient les conditions de vie qu’ils avaient certainement vécues. Ce travail a représenté de nombreuses heures de recherches sur les sites d’archives ou sur l’extraordinaire site de « l’argonnaute » dans lequel nous avons puisé l’essentiel des photos. Mais ceci n’est rien par rapport à l’émotion qu’a suscitée l’évocation de ce sujet. A la fin de nos journées d’échanges, nous avions décidé de faire don de cette exposition à la commune. Ainsi cette année, ce travail a de nouveau été exposé durant tout le mois de novembre à la médiathèque de Montamisé. Quel bonheur de savoir que les habitants ont pu voir ou revoir et même évoquer des familles qu’ils connaissent ! Quel bonheur également de savoir que ces panneaux ont servi à transmettre aux plus jeunes un petit bout de l’histoire de leur commune à travers l’évocation du sacrifice de ces poilus dont certains font peut être partie de leur famille !
voir le reportage de France 3 : http://urlz.fr/6hHS
Mon mari souhaite évoquer des événements plus personnels, je lui laisse la parole :
Au premier rang Narcisse FAUGÈRE, mon père, âgé de 6 ans, au centre de la photo sa grand-mère maternelle Marie TABUTAUD et à droite son arrière-grand-mère Marie TABUTAUD dite « P’te Marie » en 1928 (collection privée)
Comment peut-on déterminer la date à partir de laquelle on a commencé à se frotter à la généalogie ? Première recherche en mairie, premier achat de revue spécialisée, première utilisation d’un logiciel de généalogie ou bien ne s’agit-il pas, tout simplement, de la première enquête familiale ? Mon père m’avait toujours dit que sa grand-mère, qui l’avait élevé, était originaire de Haute-Vienne. Son nom d’épouse était LEBEAU mais quel était son véritable patronyme avant son mariage ? J’aimais interroger sa fille, ma grand-mère paternelle, qui était donc une LEBEAU de naissance et qui aimait bien se prêter à ce jeu. « Ma mère était une TABUTAUD mon petit. » « Mais dis-moi mémé, comment s’appelait la maman de pépé ta belle-mère ? » « Elle s’appelait TABUTEAU également mais rien à voir avec ma mère. Elles n’étaient pas cousines d’ailleurs ça ne s’écrivait pas pareil ». L’ultime affirmation était sans recours : mes deux arrière-grands-mères ne pouvaient pas être cousines puisque le patronyme que chacune portait ne s’orthographiait de la même façon !
Plusieurs années plus tard, après avoir quelque peu étoffé mes recherches avec des méthodes plus rationnelles et effacé de mon raisonnement plusieurs clichés sur l’orthographe patronymique et l’utilisation des prénoms (état-civil ou prénom d’usage), je me concentrais sur ces patronymes TABUTAUD et TABUTEAU. C’est avec le premier que je rencontrais le plus de difficulté. Grâce aux AGL (Amitiés Généalogiques du Limousin), j’ai pu remonter jusqu’à l’arrière-grand-père de ma propre arrière-grand-mère Marie TABUTAUD mais trouver plus haut me semblait alors de la science fiction. Je restais ainsi longtemps bloqué sur mon ancêtre Gervais TABUTAUD qui s’était marié trois fois à Azat-le-Ris (87). Enfin, je découvrais un jour, grâce au CGP, que cet aïeul était né à Saint-Rémy-de-Montmorillon dans la Vienne en 1762 ! La suite demanda certes encore du travail mais au final le résultat longtemps pressenti et espéré était obtenu et incontestable : mes deux arrière-grands-mères étaient cousines à la huitième génération !
Il m’aura fallu plus de dix ans avant d’arriver à ce résultat. Dix années pendant lesquelles j’ai vécu avec cet ancêtre Gervais TABUTAUD qui avait connu deux veuvages et qui, comble de malchance pour le généalogiste, avait été victime d’une coquille de transcription d’état-civil pour son deuxième mariage. Le jour de ma découverte j’avais incontestablement connu la plus grande joie de ma passion de généalogiste.
Et puis, il n’y a pas encore trois semaines, le 1er décembre dernier pour être précis, je participais avec mon épouse à un forum de généalogie en région parisienne. À l’heure du déjeuner je me suis retrouvé voisin de table d’un Parisien particulièrement sympathique avec qui nous avons parlé, quelle originalité, de généalogie ! Au moment de nous séparer, Pierre, mon nouvel ami, me révéla qu’il avait un ancêtre ayant brièvement vécu dans la Vienne et que des TABUTEAU faisaient également partie de sa généalogie. Après échange de nos « gedcom », je découvris qu’il était également un descendant de mon ancêtre Gervais TABUTAUD. C’était la première fois que le pur hasard m’avait fait côtoyer un cousin relativement proche, par cette branche, avec qui j’avais partagé un moment très agréable. Cette boucle qui me fait remémorer les origines de ma quête familiale fut sans aucun doute mon plus grand bonheur généalogique de 2017.
Dernier rang Marguerite TABUTEAU (grand-mère paternelle de mon père) avec son époux Louis FOUGÈRE et leurs douze enfants en 1908 (collection privée)